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“Many people praise and acknowledge the healing power of plants, but few people actually take action to prevent their extension by planting and conserving them for future generations.”

Thursday, 12 December 2013

APPORT DE L’ALPHABET N’KO A LA TRADITHERAPIE EN REPUBLIQUE DE GUINEE


APPORT DE  L’ALPHABET N’KO A LA TRADITHERAPIE EN  REPUBLIQUE  DE  GUINEE

Communication de l’Association pour l’Impulsion et la Coordination des Recherches sur l’Alphabet N’KO
(ICRA – N’KO)

Présenté par Ibrahima KANTE,

Premier vice-président du C.A. de ICRA – N’KO,

Président du Département Médecine

Traditionnelle de ICRA - N’KO

Conakry, novembre 1997

Madame et Messieurs les Présidents des ONG Guinée Ecologie, Coordination des ONG Féminines (COFEG), Association Traditions et Développement ;

Mesdames et Messieurs les participants à l'Atelier sous-régional de Conakry sur les Plantes Médicinales ;

Mesdames et Messieurs.

Mon propos sera tout d'abord de vous traduire la haute appréciation que l'Association ICRA-N'KO fait de l'invitation que vous lui avez adressée de participer au présent atelier.

Nous mesurons à sa juste valeur tout l'honneur qui vous est ainsi témoigné par les organisateurs qui sont toutes des ONG dont les mérites imposent le respect et leur confèrent une notoriété sur l'échiquier national et international.

Mon Association salue la tenue de cet atelier sur un thème dont l'importance n'est plus à démontrer et voudrait par ma voix soumettre à votre jugement intellectuel sa modeste contribution sur le thème "Apport de l'Alphabet N'KO à la tradithérapie en République de Guinée".

1.                 PROBLEMATIQUE DE LA MEDECINE TRADITIONNELLE


La notion de médecine traditionnelle, comme vous devez le savoir, est très souvent abordée de façon très péjorative. En 1992, lors d’une enquête que nous avons menée auprès d’un échantillon de cadres de la médecine moderne des régions de la Guinée, les opinions ci-dessous ont été exprimées par ceux-ci pour dénoncer selon eux les insuffisances de la médecine traditionnelle conformément au tableau ci-dessous.

 

OPINIONS DES CADRES ENQUETES
% de cadres ayant cette opinion
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
Manque de collaboration avec la médecine moderne
Manque d’hygiène
Manque de diffusion des techniques
Méconnaissance du dosage
Mystification dans le traitement
Complication des maladies
Manque de diagnostic
Risque d’intoxication
Analphabétisme des tradipraticiens
Manque d’assistance
64 %
56 %
56 %
56 %
50 %
23 %
35 %
52 %
34 %
40 %

En dépit de tous les griefs formulés contre la médecine traditionnelle, il y a un constat de base ; elle existe et elle est populaire. Elle est consultée non seulement par le commun des mortels, mais aussi par l’intelligentsia du pays. En matière de médecine traditionnelle, on ne saurait parler d’invention de cette discipline. On pourrait plutôt parler de systématisation.

La médecine traditionnelle est le fruit même de la culture de notre peuple qui s’en sert sans consulter qui que ce soit en cas de besoin. Sans céder à la tentation de la polémique, nous pouvons examiner les griefs contre la médecine traditionnelle :

1.1            Du Manque de Collaboration Avec la Médecine Moderne

Il est évident que la collaboration n’est pas bonne entre les deux médecines pour des raisons multiples :

a)      Certaines pratiques de la médecine traditionnelle ont incontestablement retenu l’attention des praticiens de médecine moderne à telle enseigne qu’ils ont pensé approcher ces tradipraticiens dans les formations sanitaires modernes des centres urbains. Malheureusement, les tradipraticiens sont parfois éleveurs, chasseurs, cultivateurs, etc. Ces activités qui sont principales chez eux ne sont pas praticables en ville.

b)      On a souvent pensé confier des apprentis aux meilleurs tradipraticiens pour permettre d’avoir des agents à transplanter pour la ville. Cette tentative n’a pas abouti et ne peut nullement aboutir pour la bonne raison que le droit de brevet n’était pas reconnu à l’époque dans notre pays.

c)      La troisième raison est culturelle, en ce sens que les praticiens de la médecine moderne ont très souvent une formation cartésienne qui leur donne des prétentions de supériorité sur les tradipraticiens. Ces cartésiens ne se donnent même pas la peine de s’informer tant soit peu sur les fondements et les avantages de la médecine traditionnelle.

1.2           Du Manque d'Hygiène

Le niveau d’hygiène dans les pratiques traditionnelles de la médecine est à la hauteur de la culture populaire et du niveau de vie matérielle de la population. Au fur et à mesure de l’évolution du niveau d’instruction et du pouvoir d’achat, il va sans dire que l’observation des règles d’hygiène sera plus rigoureuse. Aussi, l’assistance aux tradipraticiens est une absolue nécessité pour leur permettre de créer des cliniques plus descentes.

1.3           Du Manque de Diffusion des Techniques

La civilisation africaine en général, guinéenne en particulier, est essentiellement orale. A cet effet, le mécanisme de la diffusion utilise beaucoup plus la voie orale. Cependant, avec l’apparition des systèmes adaptés d’écriture comme l’alphabet N’KO d’une part, les médias d’autre part, les conditions deviennent de plus en plus favorables pour la diffusion et la vulgarisation, pour peu que les tradipraticiens soient assistés et motivés.

1.4           De la Méconnaissance du Dosage

Hormis des principes actifs comme les alcaloïdes qui agissent à très faible dose, la plupart des produits médicamenteux sont à concentration si faible dans les racines, les écorces et les feuilles des plantes médicinales qu’il faudrait en administrer un grand volume de filtrat au malade pour avoir une dose efficace.

Cependant, des rapports empiriques ont pu être établis au cours des siècles de pratiques populaires de la médecine traditionnelle. De nos jours, les jeunes tradipraticiens ont commencé à préparer des solutions concentrées et même des tablettes.

1.5           De la Mystification dans le Traitement

La mystification à notre avis a pour raison profonde le souci de protection des œuvres ; ainsi, elle pourra progressivement cesser avec la reconnaissance des brevets et autres droits d’auteurs aux praticiens de la pharmacopée et de la médecine traditionnelle.

 

1.6           De la Complication des Maladies

Le traitement symptomatique fondé sur le coup d’œil rapide du praticien peut aboutir dans certains cas à un mauvais diagnostic. Dans ce cas, le temps du traitement mal orienté peut occasionner des complications. Cette erreur n’est d’ailleurs pas propre à la médecine traditionnelle.

1.7           Du Manque de Diagnostic

La qualité d’un bon diagnostic dépend du niveau d’équipement du praticien. Ainsi, nous n’insisterons jamais assez sur la nécessité d’équiper les cliniques de médecine traditionnelle d’instruments usuels de diagnostic.

1.8          Du Risque d’Intoxication

A coup sûr, l’utilisation de talismans comme médicament (cas de la moyenne Guinée), présente certains risques d’intoxication. Il en est de même d’ailleurs de la méconnaissance des plantes. Sinon, il est bien établi qu’en médecine, «tout est poison, rien n’est poison, ça ne dépend que de la dose… ».

1.9           De l'Analphabétisme des Tradipraticiens

Nous faisons quant à nous la différence entre analphabète et celui ou celle qui ne possède pas l’alphabet latin et les langues étrangères comme le français, l’anglais ou l’arabe ; les tradipraticiens de ICRA – N’KO ne sont pas des analphabètes.

Nous luttons à vulgariser l’alphabet N’KO au niveau de nos collègues de toutes les régions de la Guinée ; si ce programme est tant sois peu soutenu, le trésor public de la médecine traditionnelle ne tombera pas dans l’oubli.

1.10      Du Manque d’Assistance

Etant donné que toutes les couches sociales de la Guinée consultent soit officiellement, soit discrètement la médecine traditionnelle, il est grand temps que les pouvoirs publics et les bailleurs de fonds se tournent vers ce secteur vital pour enfin le sortir de l’ornière.

2.               LA CONCEPTION ICRA – N’KO DE LA TRADITHERAPIE


Pour l’Association pour l’Impulsion et la Coordination des Recherches sur l’Alphabet N’ko (ICRA – N’KO), l’homme, agent de développement, est le capital le plus précieux. En conséquence, tout doit être mis en œuvre pour que cet agent retrouve sa santé pour lui permettre de s’instruire, de s’éduquer et de s’épanouir dans la société.

ICRA – N’KO a engagé une offensive dans l’alphabétisation et la recherche médicinale. Ces deux secteurs sont devenus aujourd’hui de véritables tremplins tant dans la formation de l’homme que pour sa santé.

Dans le volet Recherche Médicinale pour ne retenir que celui-là ici, le Conseil d’Administration a créé le département de la MEDECINE TRADITIONNELLE qui a pour mission essentielle de :

        Mener des enquêtes sur les plantes médicinales ;

        Initier ou favoriser les recherches sur ces plantes pour leur utilisation judicieuse ;

        Promouvoir les méthodes de traitement et de conservation des produits ;

        Diffuser les résultats des recherches pour un impact heureux sur la population ;

        Créer la complémentarité entre médecine moderne et médecine traditionnelle.

En plus de la création du département de médecine traditionnelle, des centres de vulgarisation des techniques traditionnelles de la thérapeutique ont été implantés, le plus célèbre étant celui de Conakry sis à Yimbaya dans la commune de Matoto.

3.           QUELQUES RESULTATS


Le département de la médecine traditionnelle de ICRA – N’IKO a hérité d’un acquis inestimable de son précurseur feu SOULEYMANE KANTE, inventeur de l’Alphabet N’KO, qui a pu identifier plus de 2.874 plantes médicinales. Toutes ces plantes ont été ciblées dans la savane arborée et en zone forestière.

Ces plantes dont le mode d’utilisation est pour l’essentiel décrit en N’KO, permettent de traiter 317 maladies tropicales parmi lesquelles on peut citer entre autres : l’ulcère, la stérilité sous toutes ses formes, l’hépatite, la gastrite, l’asthme, la callite, l’hémorroïde, etc. Les produits qui sont actuellement utilisés sont systématisés et codifiés dans l’alphabet N’KO ; et tout homme alphabétisé en N’KO peut utiliser les produits suivant bien sur les prescriptions des médecins pharmacologues.

Le travail de tous les jours a permis la transformation des produits sous forme de massage, de sirop, de comprimés et d’ovules. Aussi, le département de la médecine traditionnelle de ICRA – N’KO a pu trouver des produits curatifs contre la nervosité, l’épilepsie, le diabète, le cauchemar gênant, etc. Ces résultats quoique très modestes démontrent à suffisance notre volonté à promouvoir ce patrimoine culturel africain qui est la tradithérapie.

Nous saisissons l’occasion pour inviter solennellement les participants au présent atelier à venir visiter notre centre médical sis dans la commune de Matoto au quartier Yimbaya-tannerie. Nous espérons que les organisateurs examineront avec bienveillance cette requête pour réaménager le calendrier afin de la rendre possible.

Pleins succès à nos travaux !

 

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