Partage des avantages issus de
l’exploitation des ressources génétiques
Les ressources génétiques sont souvent
originaires des régions tropicales où leur diversité est la plus riche. Dans
certains cas, elles sont prélevées sur des terres où vivent des communautés
locales et les connaissances traditionnelles permettent de déterminer quelles
ressources pourraient présenter un intérêt. Or, les avantages de l'utilisation
commerciale de ces ressources génétiques ont surtout profité aux entreprises et
aux instituts de recherche des pays du Nord qui possèdent la technologie
nécessaire pour développer les produits et peuvent obtenir des droits de
propriété intellectuelle et des brevets sur les nouveaux produits afin de
protéger les investissements dans les secteurs de la recherche et du
développement.
Les communautés autochtones et locales
jouent un rôle important dans la gestion et la conservation des ressources
génétiques ainsi que dans le développement des connaissances traditionnelles.
Leurs moyens de subsistance et leurs pratiques culturelles sont souvent
tributaires de ces ressources. Néanmoins, la CDB n'accorde pas aux communautés
locales de droits clairement établis sur leurs connaissances ou sur les
ressources génétiques.
Les communautés locales ont appris depuis
longtemps à se servir de toutes sortes de plantes médicinales sauvages. Les
compagnies pharmaceutiques qui souhaitent utiliser ces plantes doivent conclure
des contrats de partage des avantages, fondés sur les droits des communautés
locales sur les ressources génétiques, les connaissances traditionnelles, les
ressources naturelles et les terres, tels qu'ils sont reconnus dans la
législation nationale.
La législation relative à l'accès aux
ressources génétiques devrait être élaborée avec la participation active des
communautés autochtones et locales et nécessite que les communautés locales
donnent leur consentement préalable en connaissance de cause à l'exploitation
de leurs ressources génétiques et/ou de leurs connaissances traditionnelles.
Aux Philippines, par exemple, le
consentement préalable en connaissance de cause des communautés autochtones est
exigé pour tout prélèvement de ressources génétiques dans leurs domaines
ancestraux. Les demandes ne sont approuvées que si la communauté ou l'autorité
locale concernée signe un "certificat de consentement préalable en
connaissance de cause".
Afin de protéger les connaissances
traditionnelles, les pays devraient aussi élaborer des lois sui generis3
conformes au droit coutumier, bénéficiant de l'appui des populations
autochtones, et inscrites dans le cadre d'une stratégie plus générale de mise
en œuvre de l'article 8j) de la CDB (voir encadré). La plupart des
connaissances traditionnelles ne peuvent faire l'objet de brevets parce
qu'elles relèvent du domaine public. Par ailleurs, l'application du régime des droits
de propriété intellectuelle, basé sur la notion de propriété privée, aux
connaissances qui appartiennent collectivement à une communauté ou à un groupe
ethnique pourrait ébranler les fondations culturelles sur lesquelles repose
l'existence de ces connaissances.
Le partage des avantages dans la pratique
Le partage des avantages avec les
communautés locales est encore rare mais il en existe quelques exemples, en
particulier dans le secteur pharmaceutique et des plantes médicinales (voir
encadré). Les avantages peuvent comprendre des droits par échantillon, un
paiement comptant, un paiement en plusieurs échéances, des redevances sur la
vente des produits, et la création d'emplois de courte et de longue durée ainsi
que le financement de projets de développement communautaire et de
conservation. Parmi les avantages non monétaires, il y a la formation, le
renforcement des capacités et la participation à la recherche et au
développement.
Les communautés locales obtiennent le plus
d'avantages dans les conditions suivantes:
* lorsqu'il y a partage de toute une gamme
d'avantages, y compris non monétaires, qui permettent aux communautés d'ajouter
de la valeur à leurs ressources;
* lorsque les ressources sont fournies par
la communauté après collecte initiale et prélevées de manière durable;
* lorsque les initiatives sont pilotées
par les communautés, comme c'est le cas pour la vente de plantes médicinales et
de produits dérivés de ces plantes.
Exemples d'accords de partage des
avantages
La CDB oblige les pays développés à
fournir un appui financier à la mise en œuvre de la CDB dans les pays en
développement par le biais du Fonds pour l'environnement mondial. Toutefois,
une aide supplémentaire est nécessaire pour promouvoir le partage des avantages
avec les communautés locales, notamment en vue:
*d'encourager le partage des avantages
découlant des ressources génétiques de sources ex situ, telles que les
génothèques et les jardins botaniques (par ex. en élaborant un protocole à la
CDB), et d'améliorer la compatibilité entre la CDB et l'accord ADPIC de l'OMC;
*d'élaborer, avec la participation des
communautés autochtones et locales, une législation claire et efficace a) pour
réglementer l'accès aux ressources qui exige un consentement préalable en
connaissance de cause, b) pour protéger les connaissances traditionnelles et c)
pour renforcer les capacités de mise en œuvre du partage des avantages;
*de
renforcer le consentement préalable en connaissance de cause par le biais de
registres communautaires sur la biodiversité, de protocoles d'accès locaux, de
codes de conduite, de surveillance des exportations et d'une meilleure
reconnaissance (dans la loi et dans la pratique) des droits des communautés sur
la terre et les ressources naturelles;
* de faciliter la mise en place de
partenariats en matière de partage des avantages avec les communautés
autochtones et locales en rédigeant des lignes directrices relatives au
consentement préalable en connaissance de cause, en renforçant la
représentation des communautés autochtones et locales au niveau national et en
sensibilisant les communautés dans les zones de prélèvement potentiel;
* de renforcer les capacités des
communautés locales de donner une valeur ajoutée aux ressources, de renforcer
les liens avec les marchés et d'établir des entreprises pilotées par les
communautés;
* d'encourager le secteur privé à
participer aux débats relatifs à l'accès et de faciliter le dialogue entre les
parties prenantes;
* de soutenir la prise des mesures, dans
les pays utilisateurs, par la promotion de meilleures pratiques auprès de
l'industrie, l'adoption d'une législation complémentaire, la surveillance des
importations et l'échange d'informations.
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