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“Many people praise and acknowledge the healing power of plants, but few people actually take action to prevent their extension by planting and conserving them for future generations.”

Thursday, 12 December 2013

Recherche sur L’Utilisation d'Espèces Végétales à Usage Multiple dans la Réserve de la Biosphère de la Boucle du Baoulé-Mali


Recherche  sur  L’Utilisation  d'Espèces Végétales  à Usage  Multiple  dans  la  Réserve de la Biosphère de la Boucle  du  Baoulé-Mali
Moriba  Nomoko
BIOLOGISTE–PRESIDENT AMCFE
ASSOCIATION MALIENNE POUR LA CONSERVATION DE LA FAUNE ET DE L’ENVIRONNEMENT « AMCFE »
B.P. 2921, Télefax : 23 51 79 Bamako - Mali

1.                 INTRODUCTION

Situé en Afrique Occidentale, le Mali a une superficie de 1.241.238 km² dont la plus grande partie est couverte par le désert du Sahara. Pays enclavé, le Mali a une population estimée à 9.000.000 d’habitants dont 80% vivent en milieu rural et sont constitués d’agriculteurs, de pêcheurs et d’éleveurs. Ces communautés tirent l’essentiel de leur subsistance de l’exploitation des ressources naturelles (faune, flore, ressources en eau, sol et ressources minières).
L’essentiel de cet exposé portera sur l’utilisation des espèces végétales en général et en particulier sur les plantes médicinales dans la Réserve de la Biosphère de la Boucle du Baoulé.

2.           PRESENTATION DE LA REGION DU BAOULE

La zone est située entre le 14°35’ et 13°45’ de latitude Nord et le 8°23’ et 9°25’ de longitude Est. Les précipitations annuelles sont de l’ordre de 600 à 950 mm de pluie par an conférant ainsi à la région deux zones éco-climatiques distinctes, à savoir :
        au Sud une zone soudanienne méridionale (savane à isoberlina couverte plus largement de graminées pérennes),
        au Nord une zone soudanienne septentrionale (savane à combretacées avec un peu de graminées pérennes).
La Réserve  a été créée en 1952 dans le souci de préserver la faune et la flore. Elle a été inscrite sur la liste des Réserves de la biosphère de l’UNESCO en 1982 avec un objectif complémentaire : concilier l’intérêt de la population à celui de la conservation des ressources naturelles.

3.           RAISONS DU PROJET

Les raisons qui sous-tendent le projet sont d’ordre écologique, économique, culturel et pharmacologique. En effet, la Réserve du Baoulé est soumise depuis plus de deux décennies à une dégradation croissante de ses ressources (faune, flore, eau, sol…), sous les effets conjugués de la sécheresse et des actions anthropiques (feux de brousse, défrichement, récolte de plantes médicinales, braconnage, etc.…)
C’est pour ces raisons essentielles que la recherche sur l’utilisation des espèces végétales à usage multiple a été menée dans la Réserve sur financement du W.W.F. Washington.

4.           APPROCHES ET OBJECTIFS DU PROJET

L’approche a été participative et collaborative. Elle a permis de regrouper autour du même sujet : les populations, des institutions spécialisées (D.M.T) et de recherche (ISFRA) et de l’ONG (AMCFE).

Les objectifs visés étaient :
        d’identifier des espèces végétales à usage multiple et dégager avec les populations les différents domaines d’utilisation (protection de l’environnement, alimentation, pharmacologie et autres…),
        de dresser une liste de ces espèces reconnues utiles aux points de vue économique et pharmacologique,
        d’engager des actions concrètes (plantation, culture, surveillance des peuplements naturels) avec les populations bénéficiaires afin de préserver et de faciliter l’exploitation rationnelle de ces espèces,
        d’inciter les populations à prendre en charge la gestion des ressources de leur terroir.
Pour atteindre ces objectifs, le projet a été exécuté en trois étapes : recherche sur le terrain, formation des ressources paysannes et organisation d’un séminaire atelier.

5.                RESULTATS ATTENDUS

5.1           Recherche sur le Terrain
Les enquêtes ethnobotaniques ont permis :
        d’identifier et de dresser deux listes d’espèces végétales de 115 plantes reconnues à usage multiple et de constituer un herbier de référence,
        de recenser 52 tradithérapeutes résidents et itinérants,
        de recenser auprès des tradithérapeutes l’ensemble des affections que les plantes traitent,
        de faire des regroupements logiques des maladies et des symptômes en les classant par ordre alphabétique à l’intérieur des appareils, systèmes ou groupes spécifiques.
Par exemple l’appareil digestif : plantes traitant la constipation :
w  Borassus aethiopum Mart Arecaceae (Bamanan : Sébé)
w  Nom du thérapeute : ASFO. Le fruit mûr débarrassé de son épicarpe est mis en macération dans l’eau. Le macéré est bu par le malade.
w  Piliostigma Thonningii Milne Redhead – Caesalpniacée (Bamanan : Niama tchè) SAFO (Salé FOFANA). Le macéré des feuilles non encore épanouies est conseillé per-os pour la purgation des nourrissons.
Pour l’Appareil Cardio-vasculaire :
+ Asthme :
w  Clerodendron sp. Verbenaceae (bamb.djimikala) Sa Tr : décocté acqueux des rameaux feuillés en bain de vapeur.
+ Hémorroïdes :
w  .Acacia seyal Del Mimosaceae (bamb. Ntiouwadjè) Sa Tr : la poudre d’écorce de tronc est utilisée per-os dans de l’eau ou avec la bouillie.
        de dresser une carte des ressources montrant la répartition géographique des plantes médicinales.
        de déterminer les principes actifs de certaines plantes, le Vernonia kotchina par exemple, avec l’appui de la Division Médecine Traditionnelle.
Ainsi pour les 115 plantes récoltées, les utilisations médicinales se trouvent approfondies dans le Rapport de Recherche.
5.2          Formation des Ressources Humaines en Milieu Paysan :
Neuf (9) néo-alphabètes ont été formés en techniques d’exploitation et d’utilisation rationnelle des espèces végétales. Ils ont aussi appris les techniques de transformation, de conservation et de plantation des plantes médicinales. Ils ont effectué des visites d’échange auprès d’autres associations de thérapeutes traditionnels, d’herboristes et à l’unité de production des médicaments traditionnels améliorés.
5.3          Séminaire Atelier :
Il a regroupé :
-          les représentants des populations : 15 personnes.
-          des institutions spécialisées et de recherche, des ONGs : 8 personnes
Il a permis de restituer des données des phases aux populations et de formuler des recommandations.

6.               CONSERVATION DES PLANTES MEDICINALES DANS LE BAOULE

Des mesures locales de conservation existent dans la zone. Elles se rencontrent à travers les :
        pratiques culturales : les plantes sont épargnées par le paysan lors du défrichement.
        pratiques socioculturelles : existence dans certains villages des lignages entiers (patronymes) qui pour des raisons mystiques s’abstiennent  de toute forme d’utilisation de certaines espèces végétales sous peine de s’attirer des malédictions.
        interdiction de l’abattage des plantes à plusieurs vertus.
        interdiction des feux de brousse.
        création d’associations de tradithérapeutes pour la surveillance des peuplements naturels.
Du point de vue de la Réglementation, la réserve a été classée en 1952 et régie en « Réserve de la Biosphère » en 1982. Avec ce statut, il s’impose une exploitation rationnelle des ressources tout en tenant compte de l’intérêt des populations. Quant à l’ONG (AMCFE) elle est en train de sensibiliser et d’encadrer les communautés pour la culture, l’exploitation et l’utilisation durable des plantes médicinales des différents terroirs.

7.                CONCLUSION

Il faut retenir qu’à l’issue de ce projet de recherche, quatre espèces de plantes médicinales ont été localisées dans tous les terroirs et souvent en peuplement naturel considérable. Ce sont :
        Vernonia kotschyana (Gastralgies) ;
        Lippia chevalieri (contre le paludisme) ;
        Crossopteryx febrifuga (contre la toux) ;
        Combretum micranthum (contre l’hépatite).
Ces espèces sont exploitées actuellement par les communautés et vendues à la Division Médecine Traditionnelle (DMT).
La culture du Spilanthes Oleracea (contre le paludisme et les infections buccales) a été introduite par l’ONG « AMCFE » suite au besoin exprimé par les populations. Toutes ces opérations ont bénéficié des conseils de la DMT.
D’autres plantes médicinales rares ou menacées d’extinction dans la région font également l’objet de culture, de surveillance par les communautés, par exemple le Vepris Heterophylla. En clair, l’avenir des plantes médicinales dépendra des politiques et des moyens que chaque Etat mettra en œuvre pour les conserver et les exploiter. Cependant, en vue de cette expérience, nous recommandons :
        la concertation et la collaboration dans l’action entre les différents acteurs (Institutions de recherche, Organismes de développement,          ONGs et Populations…) intéressés par la question ;
        faire l’état des lieux par rapport aux plantes médicinales ;
        faciliter les échanges d’informations et de contacts entre les acteurs de tous les pays.

8.               PERSPECTIVE:

L'AMCFE en collaboration avec d'autres partenaires (DMT, ISFRA, IER, Université du Mali), envisage de mener des études de cas dans les réserves forestières et de faune au nombre de dix (10) actuellement. Ceci permettra de réduire d'une part les pressions des populations humaines installées à l'intérieur ou à la périphérie de ces réserves et d'autre part de conserver la biodiversité et de générer des revenus aux populations. Déjà un projet sur la réserve de faune du Bafing a été élaboré et nous sommes à la recherche de financement. Il rentre dans le cadre de faire l'état des lieux par  rapport aux plantes médicinales.

9.         BIBLIOGRAPHIE

R.P. Denis Malgras ; Arbres et arbustes guérisseurs des savanes Maliennes, édition Kartala et ACCT, 1992
Enda ; Environnement africain, Série « Plantes Médicinales » 1987
OMS – UICN – W.W.F ; Principes directeurs pour la conservation des plantes médicinales, 1993
AMCFE ; Rapport d’exécution du projet « Recherche sur l’Utilisation d’espèces végétales à usage multiple dans la Biosphère de la Boucle du Baoulé », 1994.

10.          LEXIQUE

AMCFE :        Association Malienne pour la Conservation de la Faune et de l’Environnement.
D.M.T :           Division Médecine traditionnelle.
ISFRA :          Institut supérieur de Formation et de la Recherche Appliquée.
IER :               Institut d’Economie Rurale.
OMS :             Organisation Mondiale pour la Santé.
UICN :                        Union Mondiale Pour la Nature.
Per-os :            Par voie Orale.
Asthme :          Essoufflement caractérisé par une difficulté à expirer l’air inspiré. Survient souvent par crise à début brutal et à fin rapide.
Constipation :  Ralentissement du transit intestinal.
Hémorroïdes : Tuméfactions d’origine veineuse localisées à l’anus.


PRESENTATION DE L’A.M.C.F.E

1.                 CREATION


L’A.M.C.F.E (Association Malienne pour la Conservation de la Faune et de l’Environnement) a été créée le 7 décembre 1990. Elle a eu son récépissé le 19 avril 1991 sous le n° 0270-MAT-DNAT et a signé son Accord – Cadre le 19 juin sous le n°230 Ministère du Plan et de la Coopération Internationale, lui conférant le statut d’ONG nationale à but non lucratif. L’AMCFE a son siège à Torokorobougou, rue 409, Porte A3, Immeuble Kardigué DIAKITE – Bamako. Sa boîte postale est le n°2921 et le numéro du Compte Bancaire est le n°01511289821 – BANK OF AFRICA – Bamako.

2.           MISSION, APPROCHE ET PHILOSOPHIE DE L’AMCFE


L’AMCFE a pour mission la conservation et la gestion rationnelle des ressources naturelles renouvelables (faune, flore, sol, ressources en eau) à travers des actions de sensibilisation, d’éducation des populations, de protection de la biodiversité (faune, flore), de la restauration de sites dégradés (lutte anti-érosive, reboisement…), d’appui aux initiatives de développement à la base des communautés, de recherche (action et scientifique).

L’approche de l’AMCFE est axée sur la participation responsable  et effective des populations bénéficiaires à travers des actions de :

        mobilisation (contact, causeries – débat, réunion de groupes, séminaires…),

        partenariat avec des organisations (ONG, services techniques) nationales et internationales intervenant dans les mêmes domaines.

        La philosophie de l’AMCFE est de promouvoir un développement durable grâce à la coopération de tous les acteurs. L’AMCFE intervient sur l’ensemble du territoire national et dans les domaines suivants :

        conservation et gestion des ressources naturelles renouvelables (faune, flore, sol, ressources en eau),

        éducation en matière d’environnement,

        appui aux collectivités décentralisées dans le cadre d’un développement écologiquement durable.

3.           ORGANISATION


L’AMCFE présente dans son organisation :

        une Assemblée Générale qui est l’instance suprême de l’Association. Elle veille à la bonne marche de l’ONG, approuve le programme et le rapport annuel des activités. Elle regroupe tous les membres de l’AMCFE.

        un Bureau Exécutif de 12 membres dirigé par un Président. Le Bureau est l’organe d’exécution. La fonction des membres est gratuite. Pour des tâches spécifiques, quatre commissions de travail ont été constituées :

1 – Commission des Relations extérieures

2 – Commission des finances

3 – Commission de Sensibilisation, d’Information et de Formation des Populations,

4 – Commission des Etudes et Recherches.

Chacune des commissions est dirigée par un président. Les fonctions sont gratuites. L’AMCFE compte 38 adhérents. Elle dispose d’une équipe pluridisciplinaire composée de Biologistes universitaires, de Sociologues, de Spécialistes en relations « Population – Environnement », de Spécialistes en Médecine Traditionnelle ainsi que des Forestiers. Avec cette équipe, l’AMCFE peut collaborer avec d’autres personnalités attestant de l’expérience dans les domaines lui conférant. L’AMCFE a une expérience confirmée en matière de développement et de recherche scientifique.

4.           RESSOURCES DE L’AMCFE


        cotisations des membres,

        droits d’adhésion,

        dons, subventions et legs,

La stratégie d’auto - financement est axée sur :

        le prélèvement de 20% sur les prestations des membres,

        les frais administratifs des projets (10%),

        la mise en location du matériel audio – visuel (caméra, magnétoscope, projecteur diapo, groupe électrogène).

5.            PARTENAIRES


Les partenaires de l’AMCFE sont de deux ordres :

5.1           Partenaires Techniques et Collectifs d’ONG :

Ce sont : l’Institut Supérieur de Formation et de la Recherche Appliquée (ISFRA), Division Médecine Traditionnelle (DMT), Département de Biologie de l’ENSup, la Direction Nationale des Ressources Forestières, Fauniques et Halieutiques (DNRFFH), du Ministère du Développement Rural et de l’Environnement, de l’Institut d’Economie Rurale (IER), Protection des Végétaux (PV) et les populations décentralisées.

L’AMCFE est membre du CCA – ONG, du SECO – ONG, des groupes pivots (Education de Base et de Gestion des Ressources Naturelles).

L’AMCFE a signé un protocole de collaboration avec le Projet de Gestion des Ressources Naturelles (PGRN) du MALI dans la Réserve de la Biosphère de la Boucle du Baoulé.

5.2          Partenaires Financiers :

Ce sont :

        le Service Allemand de Développement (DED) pour l’appui institutionnel à l’ONG (1995 – 1996),

        l’Ambassade des Pays-Bas pour l’éducation environnementale en milieu rural dans la Biosphère de la Boucle du Baoulé (1992 – 1993),

        la Coopération Canadienne pour des activités génératrices de revenus aux groupes de femmes dans le District de Bamako (Kalaban-coura et Baco-djicoroni – 1995),

        le Consortium WWF Nature Conservancy et du World Resources Institute pour la conservation et la gestion de la biodiversité dans la Réserve da la Biosphère de la Boucle du Baoulé (1994 – 1995 – 1996) sur financement de l’USAID – Washington,

        l’USAID – MALI ; contribution à la connaissance des ressources biologiques de le Réserve du Fleuve Bafing : Mission d’Etude du milieu et de sensibilisation des populations (1995),

        le PNUD : appui aux initiatives de développement durable dans l’Arrondissement de Sanankoroba (1996 – 1997).

L’AMCFE est à la recherche d’autres partenaires financiers et techniques pour ses programmes de la Boucle du Baoulé, de la Réserve du Bafing et de Sanankoroba.

 

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