COLLOQUE INTERNATIONAL SUR LES
PLANTES MEDICINALES, LA MEDECINE TRADITIONNELLE ET LES COMMUNAUTES LOCALES EN
AFRIQUE : DEFIS ET OPPORTUNITES DU NOUVEAU MILLENAIRE
Nairobi, le 19 mai 2000
RECOMMANDATIONS
Le Colloque s’est deroulé
parallèlement à la 5eme réunion de la
Conférence des Parties (COP-5) pour la
Convention sur la Diversité Biologique (CDB), qui a eu lieu à Nairobi, Kenya, du 15-26 Mai
2000.
Le Colloque sur les plantes
médicinales, la médecine traditionnelle et les communautés locales en Afrique :
défis et opportunités du nouveau millénaire, a été organisé par le Centre de
Liaison pour l'Environnement International (CLEI) à Nairobi au Kenya.
Il
a été convoqué par le CLEI et l'Initiative Globale des Systèmes
Traditionnels (GIFTS) de Santé de l'Université d'Oxford, au Royaume Uni et le
Groupe de travail de Commonwealth sur des systèmes de santé traditionnels et
complémentaires. Le Colloque a attiré plus de 200 délégues internationaux représentant
des principaux secteurs d'intérêts venus de 50 pays de par le monde. Le
colloque s'est tenu à Nairobi, Kenya, au Centre International de Recherches sur
l’ Agroforesterie (ICRAF) du 16 au 19 mai
2000.
Nous avons l'honneur de vous
communiquer ci-dessous les recommandations de la conférence :
RECOMMANDATIONS DE LA CONFERENCE
I. Recommandations destinées à la
5ème réunion de la Conférence des Parties (COP) pour la Convention sur la diversité biologique
(CBD) et au processus de la COP/CBD.
I.1. Etablir un Groupe de travail
international pour la promotion, le monitoring et l'évaluation des efforts de
conservation, de gestion et d'utilisation durables des plantes médicinales et
des médecines traditionnelles utilisées pour les soins des humains et des
animaux en fournissant des mécanismes financiers appropriés destinés à
soutenir:
• un inventaire et l'évaluation
génétique des plantes médicinales en Afrique;
• des systèmes communautaires de
conservation et de gestion in-situ des écosystèmes contenant une grande
diversité d'espèces de plantes médicinales;
• le développement des lignes
directrices de récoltes durables des ressources médicinales naturelles;
• l'identification et le
développement des pratiques de culture et de propagation;
• la dissémination des programmes
d'information, d'établissement des réseaux, d'éducation et de sensibilisation;
• la recherche interdisciplinaire
sur l'efficacité, la sécurité, l'importance culturelle et l'usage des médecines
traditionnelles et la valorisation des plantes médicinales et la phytothérapie;
et
• la coordination, en catalysant
les activités actuelles concernant les plantes médicinales et les systèmes
traditionnelles de santé au niveau international.
I.2 Etablir des mécanismes
appropriés pour impliquer des communautés dans la rédéfinition et le monitoring
des droits de propriétés intellectuelles dans le contexte actuel de la médecine
traditionnelle.
I.3 Etablir un mécanisme pour
formaliser, vérifier et réglementer le commerce des produits de la médecine
traditionnelle et des produits herboristiques afin de garantir aux communautés
locales un accès équitable et juste aux bénéfices émanant du commerce : et assurer également que le commerce est
transparent et fiable.
II ACTIONS DE SUIVI
II.1 Les gouvernements africains et
l'Organisation de l'Unité Africaine (OUA) devraient adopter le plus rapidement
possible l'idée une Décennie consacrée à la promotion et au développement des
plantes médicinales et à la pharmacopée en Afrique.
II.2 La conférence recommande solennellement au gouvernement de la République de Togo et à
Son Excellence Gnassingbé EYADEMA, Président de la République et Chef d'Etat de
bien vouloir soumettre la Déclaration sur la décennie des plantes médicinales
et la médecine traditionnelle en Afrique à l’attention du prochain sommet de l'OUA.
II.3. Les gouvernements, ONG et
agences internationales devraient prendre des mesures urgentes pour soutenir
les activités et stratégies de recherche et de développement dans le domaine
des plantes médicinales et la médecine traditionnelle traitant des maladies
prioritaires en Afrique, telles que le VIH/SIDA et le paludisme.
II.4 Utiliser des possibilités
existantes du réseau électronique (par
ex. "phytomedica" la liste mondiale de courrier électronique de
discussion et de distribution des informations sur le secteur) afin de
promouvoir des rapports constructifs et la collaboration entre divers
intéressés et parties impliqués dans le domaine des plantes médicinales, des
médecines traditionnelles et la pharmacopée.
II.5 Des gouvernements africains en
partenariat avec les ONG et des agences internationales devraient urgemment
trouver des moyens pour soutenir la mise en place des recommandations et le
plan d'action régional élaborés par les ateliers régionaux sur les plantes
médicinales et la médecine traditionnelle en Afrique organisés conjointement
par le Centre de Liaison pour l'Environnement International (CLEI) et le Centre
de Recherches pour le Développement International (CRDI) ténus successivement du
17-21 novembre 1997 à Conakry en la République de Guinée pour les pays
d'Afrique francophone et du 14-18 avril 1998 à Capetown, en Afrique du sud pour
les pays anglophones d'Afrique .
II.6 Etablir et organiser une
conférence régulière tous les deux ans dans le but de réexaminer le progrès
fait pour la réalisation du programme décennal; et de planifier des activités
futures, focalisant sur des questions et objectifs prioritaires et spécifiques.
La
déclaration de Nairobi
RECONNAITRE FORMELLEMENT LA MEDECINE TRADITIONNELLE
Nous, les participants à la
Conférence internationale sur les plantes médicinales, la médecine
traditionnelle et les communautés locales en Afrique : défis et possibilités du
nouveau millénaire, ici présents, confirmons notre engagement à l'objectif
collectif de la Santé pour Tous par l'approche de la santé primaire et les
principes de la conservation et le développement durable élaborés dans
l'optique de la convention sur la diversité biologique :
Alors que:
• en Afrique subsaharienne en 1999,
il y avait 6,027 décès par jour attribuables à l'épidémie du VIH/SIDA, 2,345
décès par jour dus au paludisme et 8,181 décès par jour dus à la diarrhée et
que;
• les médecines traditionnelles
sont souvent les seules formes de soins abordables et disponibles pour la
majorité de la population rurale africaine et que;
• des traditions de santé locale -
dont la plupart sont orales par nature et donc largement non-documentées -
disparaissent et que;
• des systèmes traditionnels de
santé n'ont pas été remplacés par les
systèmes occidentaux parce que la thérapie traditionnelle est ancrée dans les systèmes de croyance plus
larges et reste une partie intégrale de la vie de la plupart des peuples
africains;
Nous attirons l'attention sur le
fait que:
• les gouvernements africains n'ont
pas reconnu ni amélioré la base de ressources traditionnelles, ce qui rend
l'objectif de la santé pour tous plus difficile à réaliser à moins que ces
ressources ne soient mobilisées et utilisées plus efficacement.
• la récolte insoutenable, non
réglementée et sauvage des espèces de plantes médicinales se complique à cause
du bas niveau de compréhension, par la majorité de la population, de la
biologie et l'écologie des espèces en question;
• il est peu probable que les
changements sociaux, techniques et économiques réduisent significativement la
dépendance des peuples ruraux sur des ressources de plantes médicinales;
• même s'il y a peu de données
fiables sur le commerce global des espèces de plantes, la perte des espèces
infligerait un coup catastrophique à la productivité, à l'équilibre des
paiements, à la dette nationale et au PNB.
Nous prions tous les Présidents des
pays Africains de déclarer la décennie 2000-2010 la Décennie de la Médecine
Africaine Traditionnelle et d'engager conséquemment leurs gouvernements, à
travers les ministères concernés, à
• reconnaître formellement la
valeur des systèmes traditionnels de santé aux côtés des systèmes modernes de
santé dans les services de santé primaire comme une intervention alternative
disponible dans la lutte contre le VIH/SIDA et autres maladies transmissibles;
• identifier des méthodes
scientifiques fiables pour évaluer et harmoniser des remèdes traditionnelles
afin de promouvoir leur usage sain, efficace et abordable;
• développer des
stratégies/politiques globalisantes pour la conservation, la gestion et la
durabilité en terme d'utilisation des
espèces de plantes médicinales;
• identifier des stratégies légales
qui protègent les droits de propriété intellectuelle (DPI) des détenteurs de la
connaissance;
•
reconnaître formellement la valeur
et la contribution de la connaissance ethno-vétérinaire en ce qui
concerne la santé des animaux;
• décider de la célébration d'une
semaine de reconnaissance annuelle qui reconnaît le rôle important que jouent
les femmes dans la santé familiale par leur connaissance et l'usage des espèces
de plantes médicinales traditionnelles;
• travailler avec l'Organisation
Mondiale de Commerce (OMC) pour identifier un processus qui règlemente le
commerce international des espèces de plantes médicinales africaines et protège
des ressources et droits des pays individuels;
• établir un partenariat entre les
pays qui protégera et améliorera cet aspect de l'héritage culturel Africain.
Pour plus d'information,
S'adresser à
ENVIRONMENT LIAISON CENTRE
INTERNATIONAL ELCI
Medicinal Plants and Local
Communities Programme
P O Box 72461, Nairobi (KENYA), Fax
(2542) 562175
Tel: 562022, 576114/25
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