Les Contraintes Liées
à la Valorisation des Plantes Médicinales pour le Traitement des Malades dans les Communautés Locales en Afrique Francophone
Bernard NDONAZI
CENTRE
DONAVAL NATURE ET SANTE
B.P.
90 Lakouanga Bangui
République
Centrafricaine
Tél.
(236) 61 68 67
Fax. (236) 61 47 61
1 -
CONTEXTE ET JUSTIFICATION
Depuis plus de vingt années, l’Afrique toute entière
s’est lancée dans des travaux de recherche pour valoriser et développer les
plantes médicinales, la médecine traditionnelle et la pharmacopée africaine.
Ayant constaté que la composante plantes médicinales de
la médecine traditionnelle est une médecine d’avant-garde, laquelle couvre en
Afrique 80% de ses besoins en couverture sanitaire ; l’attention portée
par les gouvernements aux approches populaires des soins de santé a donné une
impulsion nouvelle à la recherche, aux investissements et à la conception de
programmes dans ce domaine dans plusieurs pays en développement.
De nombreuses organisations internationales (OMS, OUA,
ACCT, ONUDI, CRDI, CAMES, CICIBA etc.) se sont greffées dans cette voie de
recherche pour aider les Etats africains à atteindre leurs objectifs. Ainsi, de
multiples activités ont été réalisées à savoir :
-
expéditions ethnobotaniques avec des équipes pluridisciplinaires (OUA,
ACCT) ;
-
formulation de nombreuses monographies et projets dans le domaine des
plantes médicinales, médecine traditionnelle et pharmacopée africaine ;
-
création des facultés de sciences pour les substances naturelles et des
facultés de pharmacie ;
-
reconnaissance légale des pratiques de la médecine traditionnelle et de la
pharmacopée africaine par les Gouvernements ;
-
création des réseaux des ONG sur le plan national et international ;
-
établissement des banques de données (PHARMEL) ;
-
organisation des rencontres de concertation régionales et sous régionales
des chercheurs (CAMES, ACCT) ;
-
production de manuels d’enseignement des plantes médicinales
(CICIBA) ;
-
etc.
A l’issue de ces multiples activités, bon nombre de
recommandations et de résolutions ont été élaborées. Les résultats qui ont
découlé de ces nombreux travaux de recherche, lesquels reposent sur les
renseignements fournis par les communautés locales qui en sont les principaux
consommateurs, démontrent que ces derniers n’en tirent pas de réels profits.
Dans la politique de Soins de Santé Primaires mise en
place par les gouvernements en Afrique subsaharienne, les objectifs de l’Unité
de Cession du Médicament n’ont pas pris en compte les plantes médicinales pour
les traitements des malades dans les hôpitaux et les centres de santé, malgré certains
résultats incontestables qui en découlent dans certaines pathologies et les
recommandations de l’OMS, qui décrivent la médecine traditionnelle comme l’un
des moyens les plus sûrs de pourvoir à la totalité des besoins sanitaires de la
population mondiale.
2 -
ANALYSE DES CONTRAINTES
L’analyse de
la situation des plantes médicinales fait ressortir les constats
suivants :
2.1 CONTRAINTES INSTITUTIONNELLES
-
Manque d’institution régissant le statut de chercheur ;
-
Les textes législatifs et réglementaires couvrent les principaux domaines
du sous-secteur, dans de nombreux pays d’Afrique. Cependant, il sont trop
souvent ma diffusés, mal appliqués et mal respectés ;
-
Paquets technologiques non partagés ;
-
Insuffisance de collaboration inter-institutionnelle.
2.2 CONTRAINTES POLITICO-ADMINISTRATIVES
-
Inadéquation des politiques nationales pouvant favoriser et stimuler les
recherches ;
-
Absence d’une banque de données nationale.
2.3
CONTRAINTES SOCIOCULTURELLES
Même si l’école moderne s’impose dans nos
communautés comme unique canevas de civilisation et de promotion
socioculturelle, elle demeure loin de nos réalités traditionnelles africaines
sur le plan médical. A cet effet, il faut souligner le manque de collaboration
entre la médecine moderne et la médecine traditionnelle.
2.4 CONTRAINTES ECONOMIQUES
-
Absence d’une ligne budgétaire
pour les plantes médicinales et la pharmacopée traditionnelle dans les
priorités sanitaires des gouvernements africains ;
-
Longues périodes conjoncturelles en Afrique francophone ;
-
Avènement de la démocratie ;
-
Dévaluation du franc CFA ;
-
Inflation.
2.5 CONTRAINTES INFORMATIONNELLES
Non disponibilité des données
d’information à l’attention des tradipraticiens, des corps médicaux et de la
population.
2.6 CONTRAINTES ENVIRONNEMENTALES
Pour développer et valoriser des plantes
médicinales, la médecine traditionnelle et la pharmacopée africaine, l’Afrique
doit nécessairement puiser dans ses ressources naturelles. Or, les plantes dont
les parties actives sont les écorces de tiges sont sérieusement menacées de
disparition à cause d’une collecte indisciplinée et créant un déséquilibre de
la flore et de l’environnement.
2.7 CONTRAINTES LIEES A LA
FORMATION
-
A l’endroit des
tradipraticiens ;
-
A l’endroit des médecins et
pharmaciens ;
-
A l’endroit de la population.
3 -
CHOIX DES PRIORITES
L’analyse de la situation du secteur plantes médicinales
et biodiversité fait ressortir les problèmes prioritaires suivants :
-
Manque de crédits alloués aux secteurs de développement des plantes
médicinales pour son industrialisation ;
-
Absence de textes législatifs standardisés pour la production des remèdes à
base de plantes médicinales ;
-
Absence de coopération entre tradithérapeutes et médecins
conventionnels ;
-
Faible diffusion des acquis de la recherche ;
-
Non partage des paquets scientifiques et technologiques ;
-
Non renforcement et mise en place des pôles et programmes de travail sur
les plantes médicinales.
4 -
LES SOLUTIONS
4.1 EXPLOITATION
INDUSTRIELLE DES PLANTES MEDICINALES
Beaucoup de solutions partielles ont été trouvées par les
pays d’Afrique et les ont amené à la production des Médicaments Traditionnels
Améliorés (MTA), ainsi qu’à la mise en place des stratégies de protection et de
conservation des plantes médicinales et de la biodiversité.
Cependant, pour que les productions atteignent effectivement
toutes les communautés locales, il est important de statuer ici sur la
promotion et le développement d’une exploitation industrielle des plantes
médicinales ayant fait l’objet d’études phytochimiques.
La promotion industrielle quant à elle, sponsorisera les
cadres de formation et de l’information en matière de plantes médicinales et
biodiversité.
4.2 DANS LE CADRE DE LA LEGISLATION
-
Afin de combler les lacunes juridiques constatées dans le sous secteur
plantes médicinales, les gouvernement doivent actualiser et adopter les textes
législatifs et réglementaires existants ;
-
La mise en œuvre de la politique nationale et sous régionale ou africaine
par :
w
une claire définition des attributions et compétences de l’autorité de
réglementation ;
w
l’association de tous les acteurs du sous-secteur dans l’élaboration des
textes législatifs et réglementaires ;
w standardiser les normes de production et de
commercialisation des remèdes améliorés à base de plantes médicinales.
4.3 DANS LE CADRE DE COLLABORATION
Suivi des activités des tradipraticiens par les
cliniciens modernes qui pourront réaliser une évaluation d’efficacité
thérapeutique en pratique moderne. Ce qui fait naître une réelle collaboration
entre médecins et tradipraticiens.
5 -
CONCLUSION
La promotion industrielle des plantes médicinales reste à
ce jour un atout majeur pour atteindre les communautés locales, en matière de
traitement par les plantes. Il reste à définir dans ce Atelier les voies et
moyens pour atteindre cet objectif.
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