PHARMACOPEE ET PROTECTION
DE LA NATURE AU
BURKINA FASO
« Sauvez des vies en sauvant des plantes »
Déclaration OMS de
Chang Mai 1988 (Thaïlande)
QUELQUES
ELEMENTS DE REFLEXION
NATURAMA – Fondation des Amis de la
Nature, lors du Premier Congrès de la Nature organisé conjointement avec divers
mouvements écologistes à Ouagadougou les 21, 22 et 23 décembre 1995 avait, pour
la circonstance, publié un journal appelé Chlorophylle.
Dans ce journal, le Président de
NATURAMA (ZEBA Souleymane), en justifiant la pertinence du thème du Congrès
« Convergence pour la Nature et le bien-être social »
s’exprimait en ces termes : « Dans nos pays soumis à la
désertification et à des aléas multiples, on achève de comprendre que la nature
est pour le bien-être social ce que la maman est pour son enfant. Oui la nature
est précieuse pour le bien-être car elle est la clef de la productivité :
la fertilité des sols, l’eau qui peut être prélevée des puits et des rivières,
la végétation qui nourrit les troupeaux, les forêts qui fournissent le bois et
le gibier, la pharmacopée, l’habitat, etc. ».
Dans ce numéro de Chlorophylle, NATURAMA
a développé (dans le cadre de l’information – sensibilisation du public) une
réflexion sur la pharmacopée et la protection de la nature (Cf. Boonounou
1995).
L’importance de la pharmacopée est
considérable en zone rurale et cela pour des raisons culturelles, économiques
et d’accessibilité. Elle constitue bien souvent le premier recours, même si les
populations ne dédaignent pas les médicaments de la médecine en pharmacopée
moderne malheureusement très onéreux et même dans certains cas (………., troubles
psychiques divers) d’efficacité limitée.
Une
étude du FAO…….
ALTERNATIVE DANS LA
PRISE EN CHARGE DE
PATHOLOGIES PRIORITAIRES AU BURKINA FASO :
Exploitation par des Techniques Scientifiques
Modernes des Données de
la Médecine et Pharmacopée Traditionnelle en vue
d’une Amélioration de
la Couverture Sanitaire en Médicaments Anti-Microbiens
Atelier d’ONG
et de chercheurs africains sur les plantes médicinales et la médecine
traditionnelle en Afrique
CONAKRY 15 – 22 novembre 1997
Professeur Innocent Pierre
GUISSOU
MINISTERE DES ENSEIGNEMENTS
SECONDAIRE, SUPERIEUR ET
DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE
CENTRE NATIONAL DE LA
RECHERCHE SCIENTIFIQUE ET TECHNOLOGIQUE
(C.N.R.S.T.)
INSTITUT DE RECHERCHE EN
SCIENCES DE LA SANTE (I.R.S.S)
Ière PARTIE : DESCRIPTION
DU PROJET
1.
INTRODUCTION
Les pays africains subsahariens sont des
pays en voie de développement qui connaissent d’énormes problèmes de santé. Les
maladies sévissent de manière endémo-épidémique, frappant dans la majorité des
cas les populations infantiles. La mortalité infantile y est très élevée. Les
maladies incriminées sont les maladies infectieuses (bactériennes et
parasitaires) et la malnutrition.
La tranche jeune et active de la
population n’est pas épargnée par les maladies parasitaires ; de plus elle
est sujette à des pathologies liées à la race telle la Drépanocytose et à des
maladies redoutables par l’absence de traitements spécifiques modernes comme
les hépatites et bien entendu le SIDA avec tout son cortège de psychose. C’est
pourquoi ces pathologies sont classées parmi les priorités de santé publique
dans ces pays. Les structures modernes de santé s’avèrent incapables, à elles
seules aujourd’hui, à prendre en charge la santé des populations.
Les médicaments disponibles dans les
structures de distribution pour le traitement de la plupart de ces maladies
sont importés, rendant leurs prix de vente aux consommateurs très élevés.
Aujourd’hui l’espoir de médicaments essentiels génériques s’évanouit avec la
récupération des firmes pharmaceutiques internationales. Aussi, ces populations
délaissent les structures sanitaires modernes, car leurs revenus pour la
majorité (environ 90%) ne suffisent même pas à assurer le minimum quotidien tel
un repas par jour. Elles se tournent vers les thérapeutiques traditionnelles
qui disposent de recettes efficaces qui font leurs preuves quotidiennes, mais
qui avaient été bannies au profit de la thérapeutique moderne.
Les autorités politiques du Burkina, à
l’instar des autres pays, devant cette situation, ont adopté la stratégie des
soins de santé primaire (SSP) insufflée par l’Organisation Mondiale de la Santé
(OMS), avec comme objectif, la santé pour tous. D’importants efforts ont été
déployés, tels les constructions d’infrastructures sanitaires, la formation du
personnel, une politique pharmaceutique qui intègre la pharmacopée
traditionnelle, le rapprochement entre les deux types de pratique médicale et
enfin le renforcement des SSP par la politique de l’Initiative de Bamako (IB).
L’O.M.S. aujourd’hui suggère la recherche sur les plantes stimulantes des
défenses de l’organisme en relation avec la question du VIH – SIDA.
L’exploitation rationnelle des données
de la pharmacopée traditionnelle est incontournable dans ce cadre . C’est
pourquoi l’Institut de recherche en Sciences de la Santé (I.R.S.S.) du Centre
National de la Recherche Scientifique et Technologique (C.N.R.S.T.) a été créé
avec des objectifs bien précis. Son Département Médecine et Pharmacopée
Traditionnelles mène depuis 1978 un important programme de recherche sur les
plantes médicinales de la pharmacopée traditionnelle du Burkina Faso ayant
abouti à des essais de formulation médicamenteuse.
Cette structure nationale avec l’aide de
la coopération internationale et en partenariat avec des Universités ou Centres
de Recherche appropriés (ULB en Belgique) a acquis une expertise en matière de
production médicamenteuse à partir de plantes médicinales. Elle est également
un terrain de formation pour étudiants en pharmacie et en médecine.
L’infrastructure de l’IRSS comporte
toute la chaîne d’exploitation de plantes médicinales. Mais ses moyens limités
ne lui permettent pas d’optimiser sa recherche et les fruits de celle-ci. Le
but de la recherche dans le cadre de ce projet est d’optimiser la promotion et
la valorisation de la médecine et pharmacopée traditionnelles au Burkina Faso
dans le cadre de la prise en charge des maladies microbiennes.
2.
OBJECTIFS
DE LA RECHERCHE
2.1
Objectif Général
Contribuer à
l’amélioration de la couverture sanitaire du Burkina en médicaments
antimicrobiens par la valorisation des données de la médecine et pharmacopée
traditionnelles.
2.2
Objectifs
Spécifiques
2.2.1
Choisir des
recettes après enquêtes auprès de tradithérapeutes spécialisés dans le
traitement des maladies microbiennes et/ou à partir des banques de données des
structures nationales.
2.2.2
Identifier la
composition de ces recettes en vue de retenir des plantes médicinales.
2.2.3
Mener des
études sur cinq plantes de ces recettes : phytochimie –
pharmacotoxicologie – galénique et chimie.
2.2.4
Constituer un
herbier-droguier à partir des éléments des recettes choisies.
2.2.5
Réaliser des
essais de culture des plantes médicinales étudiées.
2.2.6
Organiser la
rétro information des tradithérapeutes.
2.2.7
Réunir les
prérequis à la mise en forme de phytomédicaments.
3.
METHODOLOGIE
DE RECHERCHE
3.1
Cadre d’Etude
3.1.1
Le
District Sanitaire de Yako
Situé à 150 km de Ouagadougou, l’IRSS a
déjà des activités de médecine et Pharmacopée Traditionnelles dans ce district
à travers un groupement de femmes dont des tradithérapeutes, les agents de
santé et la cellule pharmacopée.
Dans ce district l’institut a fait produire des matières
premières végétales (Datura et Séné) en 1993 (600 kg) et 1994 (1 tonne).
Ces productions ont pu
être réalisées à partir des protocoles mis au point par l’institut sur ses
parcelles expérimentales de Farako-Bâ (Bobo-Dioulasso) et transférées au
groupement des femmes.
3.1.2
Le
District Sanitaire de Dano
Le district de Dano est un Centre Médical à Antenne
chirurgicale. Il est situé à 270 km de Ouagadougou et à 180 km de
Bobo-Dioulasso.
L’association des tradithérapeutes (plus de 200 membres)
est très active suite aux interventions de l’institut dans la zone.
Plusieurs types d’activités notamment de production de
plantes médicinales sont en cours d’élaboration par les tradithérapeutes et un
groupement féminin.
N.B. : Les districts sanitaires sont des structures
décentralisées de santé gérées par une équipe dite cadre de district et dont
l’organisation fonctionnelle est axée autour des centres de santé et des
communautés villageoises.
3.1.3
L’IRSS
A travers son département Médecine-Pharmacopée
Traditionnelles/Pharmacie, riche d’une expérience en matière de MPT depuis
1978, cet institut dispose d’une équipe et d’infrastructures de recherche
efficientes pluridisciplinaires. Il sera discuté les intérêts de chaque partie
au projet.
4.
POPULATION D’ETUDE
–
Tradithérapeutes des groupements communautaires des deux districts.
–
Membres des cellules pharmacopées.
–
Membres de l’équipe cadre des districts de santé retenus.
5.
MATERIEL D’ETUDE
a)
Rapports d’activités des structures de santé et des cellules pharmacopées
b)
Registres des consultations dans les districts
c)
Fiches d’enquêtes
d)
Recettes utilisées
e)
Matériel d’analyse et d’étude de plantes médicinales
6.
METHODES D’ETUDES
L’étude a une durée de trois ans reconductibles pour
correspondre aux programmes triennaux de l’IRSS.
Les enquêtes seront effectuées par les équipes de l’IRSS
au niveau des deux districts retenus.
6.1
Au Niveau des Districts
Seront identifiés les
thérapeutes spécialisés dans la prise en charge des maladies microbiennes et
qui feront l’objet de l’enquête. Une part privilégiée sera faite aux femmes en
raison des cibles concernées par ces maladies (femmes enceintes–enfants).
Les plantes médicinales
utilisées, la fréquence d’utilisation, la facilité de repérage géographique et
la pathologie concernée seront des critères de choix fondamentaux de cinq
plantes.
L’enquête s’intéressera
également à la perception de la maladie microbienne par les tradithérapeutes,
l’impact de la collaboration entre les deux systèmes de santé, les méthodes de
récolte des planes et de préparation des recettes, les frais de traitement et
les résultats acquis.
Les plantes feront l’objet
d’une identification botanique pour leur reconnaissance, classification et la
revue de la littérature existante. Les études à entreprendre se feront à partir
de protocoles précis de recherche en relation avec le type d’étude pour
validation des recettes et évolution vers le médicament de type moderne.
6.2
Au Niveau Laboratoire de Recherche
A partir des plantes identifiées, seront
entreprises :
–
Des études phytochimiques par screening classique à
partir des extractions selon la forme d’utilisation des tradithérapeutes ;
chimie analytique pour le contrôle des matières premières ; les produits
semi-finis et finis (libération – conservation), de fractionnements.
–
Les études pharmacotoxicologiques seront basées sur l’utilisation de tests
appropriés et faciles de réalisation qui s’exécutent à l’IRSS : tests
bactériologiques, parasitologiques, tests biologiques (immunohématologie) et
biochimie hépatique.
Ces tests permettront de mettre en
évidence l’infirmation ou la confirmation de l’usage tradithérapeutique, les
risques liés à l’administration non rationalisée, les doses d’utilisation et
doses toxiques (animaux de laboratoire : souris, rats et lapins).
Des formulations et présentations thérapeutiques seront
réalisées sous forme de prototypes médicamenteux.
6.3
Essais Cliniques
Ils se feront en relation étroite avec l’équipe médicale des districts
sur un suivi des traitements du tradithérapeute, l’utilisation des prototypes
avec des contre références au niveau du CHN de Ouagadougou (Faculté des
Sciences de la Santé) en respectant les règles d’éthiques et déontologiques.
6.4
Productions de Matières Premières Végétales
Des essais de culture des cinq plantes
dans les stations expérimentales de l’IRSS seront entrepris pour la
connaissance du développement, des conditions de récolte sans traumatisme
préjudiciable et permettant une régénérescence aisée des parties récoltées. Les
conditions de culture mises en évidence seront transmises aux groupements
communautaires en particulier féminins pour la production en vue de la vente,
la protection de l’environnement et des espèces végétales.
Un herbier droguier sera constitué et
servira de support à la formation et reconnaissance des plantes médicinales.
6.5
Formation des Tradithérapeutes
Des rencontres régulières
seront organisées pour rétro information devant permettre aux tradithérapeutes
une meilleure connaissance de leurs produits, et une amélioration dans la
pratique : notion de formulation améliorée, d’hygiène des médicaments et
des limites de la pratique en fonction des pathologies.
7.
RESULTATS ATTENDUS
7.1
Au Plan Sanitaire
Recensement des tradithérapeutes en particulier féminins spécialisés
dans la prise en charge des pathologies microbiennes dans les deux districts.
–
Mise au point de phytomédicaments pour le traitement des maladies
parasitaires, infectieuses et connaissance des recettes utilisées pour les
maladies opportunistes du SIDA/VIH ;
–
Prise en compte de ces médicaments dans la liste des médicaments essentiels
du Burkina ;
–
Amélioration voire renforcement de la collaboration entre les deux systèmes
de santé.
7.2
Au Plan Ecologique
Contribution à la sauvegarde du paysage naturel par :
–
La culture des plantes sélectionnées et des méthodes rationalisées de
cueillette ;
–
La sensibilisation des populations des deux sites d’étude aux notions de
biodiversité et de gestion intégrée (maintien et régénération) des ressources
naturelles.
7.3
Au Plan Socio-Economique
–
Mise à la disposition des populations de phytomédicaments efficients;
–
Amélioration financière dans les structures par la vente des médicaments;
–
Création d’activités rémunératrices pour les femmes;
–
Renforcement de l’expertise locale en matière de promotion de médecine et
pharmacopée traditionnelles.
7.4
Au Plan Scientifique
–
Renforcement de l’expertise et des capacités de l’IRSS;
–
Diffusion des résultats de recherche;
–
Formation de chercheurs, médecins, pharmaciens et biologistes.
8.
PARTENAIRES AU PROJET
–
Université Libre de Bruxelles (ULB)= Partenaire scientifique de l’IRSS pour
les études fines complémentaires ;
–
Institut de l’Environnement et des Recherches Agricoles (INERA) :
Botanique-Agronomie ;
–
Institut des Sciences des Sociétés (INSS) : Socio-économie et
sociologie ;
–
Faculté des Sciences de la Santé (FSS) : Médecine-Pharmacie ;
–
Centre Hospitalier National – Yalgado OUEDRAOGO (CHN – YO) : Essais
cliniques.
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