TRAMIL OCEAN
INDIEN
par
Pynee A. CHELLAPERMAL
CEDREFI
République de Maurice
1.
INTRODUCTION
TRAMIL Océan Indien qui est un programme
de recherche-action sur les plantes médicinales couvre les îles du Sud-Ouest de
l’Océan Indien (Comores, Madagascar, Maurice, Réunion et Seychelles). TRAMIL
signifie Traditional
Medicine of Islands, lequel programme a connu un
succès retentissant dans les Caraïbes. Il a été mis en route par des chercheurs
de différentes disciplines – anthropologie, botanique, pharmacologie et
médecine – qui ont entrepris de collaborer avec la population en Haïti et en
République Dominicaine.
Ce programme a été introduit dans les
îles du Sud-Ouest de l’Océan Indien en 1993 à travers un atelier de travail
d’initiation à la méthodologie TRAMIL
sur la base de l’expérience d’ENDA-CARIBE. TRAMIL Océan Indien est axé
sur les pratiques de santé familiale courantes à base de plantes, et implique
les communautés de base et les chercheurs dans une appréhension commune des
problèmes de santé communs des populations en milieu défavorisé.
2.
METHODOLOGIE
Les
participants engagés dans TRAMIL réunissent de l’information sur les plantes
habituellement utilisées comme remèdes familiaux en procédant à une série
d’enquêtes en milieu rural et urbain. Plus spécifiquement, la démarche
méthodologique est la suivante :
2.1
Les différentes équipes de
recherche ont eu recours à une méthodologie commune et propre au programme
TRAMIL ;
2.2
Une équipe pluridisciplinaire
constituée de médecins, botanistes, statisticiens, infirmiers/infirmières,
agents de développement, sociologues, mères de famille et de représentants des
ONG etc. a été mise en place dans chaque île.
2.3
Cette équipe a eu comme
responsabilité de déterminer les dix problèmes de santé pour son île et finaliser
le questionnaire ;
2.4
Les enquêteurs commencent
l’entretien en demandant qu’on leur énumère les maladies courantes dans la
région. Ils demandent ensuite si celles-ci sont traitées par les médecins ou
guérisseurs locaux ou par des membres de la famille utilisant des remèdes
populaires. Les maladies complexes traitées par les médecins ou les guérisseurs
sont exclues du reste de l’enquête, qui porte uniquement sur les plantes
médicinales utilisées par l’ensemble de la population pour soigner les infections
bénignes.
2.5
Une enquête a été organisée au
niveau de chaque île partie prenante à ce projet afin de recueillir des
informations sur les usages populaires des plantes ;
2.6
Les usages des plantes ayant
eu 20% des personnes enquêtées qui utilisent des plantes pour ce problème de
santé sont considérés comme significatifs et sont retenus dans le cadre du
programme.
2.7
Les usages des plantes moins
significatifs c.-à-d. ayant eu entre 10% et 19,99% sont aussi retenus pour être
présentés à l’atelier de travail.
2.8
Des recherches
bibliographiques sont entreprises sur les plantes sélectionnées en interrogeant
des bases de données informatisées et en consultant des articles scientifiques
pour s’y procurer des renseignements sur la composition chimique, la toxicité
potentielle et l’intérêt thérapeutique de chacune des espèces sélectionnées.
2.9
Réaliser le dessin de chaque
plante ayant eu 20%.
2.10
Des échantillons de chaque
plante significative sont préparés pour constituer l’herbier TRAMIL.
2.11
Les résultats des enquêtes
sont présentés à un atelier de travail regroupant des scientifiques. En tenant
compte, d’une part, des renseignements apportés par les enquêtes
ethnopharmacologiques relatives à l’usage d’espèces médicinales pour les
besoins de santé particuliers dans l’Océan Indien, d’autre part, de l’état des
connaissances scientifiques concernant ces plantes, connaissances qui ont fait
l’objet de communications, publications ou d’ouvrages parfaitement identifiés,
les usages des (parties) des plantes de l’étude ont été classés comme suit :
Catégorie « TOX »
Plante (ou partie de plante) signalée comme toxique ou appartenant à
des genres ou familles réputées pour leur toxicité, dont il convient de
déconseiller l’usage traditionnel.
Catégorie « INV »
Plante (ou partie de la plante) dont l’usage est un indice
d’efficacité, mais pour laquelle les informations scientifiques sont soit
inexistantes, soit insuffisantes, voire contradictoires. Pour ces espèces, il
sera procédé à une hiérarchisation des priorités concernant les recherches
complémentaires nécessaires, en fonction des usages décrits et des éléments
d’appréciations relevés dans la littérature scientifique.
Catégorie « REC »
(C)
Nous recommandons certains usages de plantes (ou partie de plante) très
fréquemment utilisées dans les cas d’affections précises par les populations
des communautés enquêtées et pour lesquelles les mêmes indications
d’utilisations sont signalées dans d’autres pays de l’Océan Indien ou dans
d’autres régions tropicales, et qui ont fait l’objet de travaux de validation d’ordre
phytochimique, pharmacologique et/ou toxicologique.
La catégorie C englobe
également les plantes bien connues pour leur innocuité, dont l’activité
biologique dans l’indication citée reste à démontrer, mais qui peuvent être
recommandées comme placebo.
Dans cette dernière
catégorie figurent également de nouvelles indications de « plantes
TRAMIL » que les participants aux séminaires TRAMIL ont jugé utile de
proposer pour être recommandées et leur usage encouragé au vu de l’information
scientifique sur ces espèces.
3.
SITUATION
ACTUELLE DE TRAMIL OCEAN INDIEN
–
Des enquêtes
TRAMIL ont eu lieu durant l’année 94-95 dans le Sud-Ouest de l’Océan Indien
(Comores, Madagascar, Réunion et Maurice).
–
Les résultats
des enquêtes ont été présentés à l’atelier TRAMIL II qui avait eu lieu à l’île
Maurice en 1995. TRAMIL II a permis d’arrêter une liste de 34 plantes et de
recommander la diffusion de 6 plantes notamment le Capsicum frutescens (le petit Piment), le Cymbopogon citratus (la citronnelle), le Mentha x piperita (la menthe), le Ricinus communis (Palma christie ou ricin), le Psidium guajava (la Goyave) et la Musa (Gingeli) auprès de la population à Maurice.
–
Le premier
volume vers une pharmacopée de l’Océan Indien sera publié en 1998.
–
Aussi un
atelier TRADIF axé sur les supports à développer pour la diffusion et
l’éducation populaire sur les plantes sélectionnées aura lieu en 1998 et sera
suivi de la publication de certains matériels pédagogiques sur les mêmes
plantes.
4.
REMARQUES
–
La démarche
TRAMIL est valide pour les îles du Sud-Ouest de l’Océan Indien et cette méthode
qui a fait ses preuves dans les Caraïbes n’avait jamais été utilisée dans cette
zone. Le projet TRAMIL s’insère dans la vie communautaire des îles du Sud-Ouest
de l’Océan Indien en prenant comme base la cellule familiale.
–
Aussi, le
délai entre l’enquête et la restitution des résultats aux populations est
parfois très long.
–
La
méthodologie TRAMIL est caractérisée par sa démarche participative, la
restitution des résultats aux groupes cibles ainsi que l’approche
multidisciplinaire du problème. D’où l’implication des médecins, chercheurs,
ethnologues, botanistes, chimistes, sociologues, agents de développement et de
santé dans le programme.
–
Cependant, il
est parfois difficile de trouver des compétences disponibles dans la zone où
certains chercheurs ne voient pas d’un bon œil l’implication des ONG dans les
domaines des plantes médicinales. Nous espérons que ce séminaire va pouvoir
permettre d’identifier des compétences disponibles en matière de plantes
médicinales en Afrique à qui les ONG puissent faire appel en cas de besoin.
–
Aussi, il est
souvent difficile de trouver dans la zone des laboratoires disposés à
entreprendre des tests pour les ONG.
Par conséquent, nous proposons la mise
sur pied d’une banque de données sur les compétences disponibles en Afrique sur
les plantes médicinales et les laboratoires qui peuvent entreprendre des tests
sur les plantes médicinales pour le compte des ONG et des communautés de base.
5.
CONCLUSION
Le programme TRAMIL OCEAN INDIEN s’inscrit dans une
démarche régionale qui permet de renforcer les échanges d’expériences à la base
sur l’usage des plantes médicinales courantes ainsi qu’entre les différentes
organisations/institutions et les scientifiques engagés dans la
recherche-action dans la perspective TRAMIL. D’où l’importance d’associer
l’ensemble des îles de l’Océan Indien à ce processus.
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