Contribution
au Document de
Travail de la
Conférence Internationale
sur les
Plantes Médicinales et
la Médecine Traditionnelle en
Afrique
PAR LULA – LANDA
Projet Plantes
anti-malariennes,
Département de Biologie
Faculté des Sciences
Université de Kinshasa
B.P. 114, Kinshasa
XI R.D.C.
PARTIE
I : PLANTES MEDICINALES ET MEDECINE TRADITIONNELLE EN AFRIQUE
1.
INTRODUCTION
La santé est l’une des préoccupations de
tout être humain riche ou pauvre ; quelles que soient nos conditions de
vie, nous voulons avoir une bonne santé afin de vivre le plus longtemps possible.
Deux médecines coexistent pour résoudre ces problèmes de santé, la distinction
qu’on fait entre elles tend plus à les opposer qu’à les faire collaborer. Ceci
est-il à encourager ?
La médecine moderne est géographiquement
et économiquement inaccessible à la grande majorité des populations de nos
pays : géographiquement du fait que les structures de la médecine moderne
se trouvent souvent dans les grands centres urbains. Le développement de ces
structures est d’ailleurs de plus en plus entravé par la crise économique. Même
celles qui existent ont du mal à fonctionner correctement faute de moyens. Pour
des populations de plus en plus démunies, elle apparaît comme une médecine pour
riches.
Contrairement à la médecine moderne, la
médecine traditionnelle est plus proche des pratiques et du savoir de nos
populations, et surtout, elle est plus adaptée à leurs moyens ainsi qu’à leurs
problèmes. Elle est l’un des points d’appui pour la réussite des soins de santé
primaire. Bien qu'espoir de demain et riche au point de vue connaissances, ses
connaissances médico–pharmaceutiques présentent un certain nombre de problèmes
liés à l’utilisation de ses médicaments, de ses pratiques
psycho-parapsychologiques et à son étude scientifique. Elle est souvent
combattue par la médecine moderne. Très peu d’expériences ont permis de
vérifier scientifiquement les traitements des Tradipraticiens, car les plantes
médicinales leurs servent de matière première pour les médicaments qu’ils
utilisent. Ces plantes ont des propriétés thérapeutiques bien connues et
beaucoup de médicaments modernes ont été fabriqués grâce à cette connaissance.
Il y a un réel problème du statut de la médecine traditionnelle par rapport à
la moderne. Il faudrait reconnaître officiellement la valeur de la médecine
traditionnelle.
2.
PLANTES MEDICINALES
ET MEDECINE TRADITIONNELLE EN AFRIQUE
2.1
Médecine
Traditionnelle
Elle serait l’ensemble de toutes les
connaissances et pratiques explicables ou non pour diagnostiquer, prévenir ou
éliminer un déséquilibre physique, mental ou social, en s’appuyant
exclusivement sur l’expérience vécue et l’observation transmise de génération
en génération, oralement ou par écrit.
La médecine traditionnelle serait
également la rencontre solide d’un savoir-faire médical dynamique et d’une expérience
ancestrale. Elle pourrait aussi être considérée comme l’ensemble des pratiques,
mesures, ingrédients, interventions de tout genre matérielles ou autres qui ont
permis à l’Africain depuis toujours de se prémunir contre la maladie, de
soulager ses souffrances et de se guérir (O.M.S., 1978) ;
2.2
Plantes Médicinales
C’est une plante ou un de ses organes
qui contient des substances qui peuvent être employées pour des buts
thérapeutiques ou qui sont des précurseurs pour la synthèse d’autres drogues
utiles et dont les propriétés thérapeutiques sont prouvées scientifiquement ou
de manière empirique par l’emploi en médecine traditionnelle.
Cette définition inclut :
1.
Des plantes ou
parties de plantes utilisées en thérapeutique sous forme de préparation
galénique (ex. décoction, infusion, macération)
2.
Des plantes
utilisées pour l’extraction des substances pures employées directement en
thérapeutique ou pour l’hémi-synthèse d’autres produits utilisés en médecine
(ex. Hémi-synthèse des hormones à partir de la diosgémine).
3.
Des plantes
alimentaires, aromatiques ou à parfum employées en médecine ;
4.
Des plantes
microscopiques, ex. des champignons actinomycètes utilisés pour l’extraction
des drogues spécialement des antibiotiques ;
5.
Des fibres
végétales, ex. coton, lin, jute, utilisées en chirurgie.
La médecine traditionnelle a un
caractère multidisciplinaire, régional et international. C’est pour cela que
son étude est complexe ; on ne sait qui est habilité à l’étudier, par où
commencer son étude (les plantes, les recettes ou médicaments traditionnels,
les produits actifs isolés des plantes, les rites ou les croyances).
Quatre grandes tendances semblent se
cristalliser en définitif :
a)
Elle est comme
un « tout », c’est-à-dire une médecine «globalisante ». On ne
fait pas de distinction entre la composante « tangible » (emploi des
moyens physiques pour diagnostiquer, prévenir et traiter les malades) et celle
« non-tangible » (emploi des moyens ésotériques, des rites, des
incantations, des croyances, etc. pour diagnostiquer, prévenir et guérir les
maladies). Une recette médicamenteuse à base de plantes médicinales devrait
être étudiée avec les incantations et les rites qui accompagnent sa préparation
ou son administration par exemple. L’argument de base est que la médecine
traditionnelle étant globalisante, elle ne peut en aucun cas être réduite à la
simple étude des plantes médicinales.
b)
La 2ème
tendance consiste à faire une distinction très nette entre les deux composantes
qui doivent par conséquent faire l’objet d’études de manière séparée. L’accent
est cependant mis sur l’étude des plantes médicinales. L’argument de base de
cette approche est la suivante : « il existe dans la nature des
plantes renfermant des principes possédant des activités réelles qui ne
dépendent nullement des rites, des gestes
ou des incantations que le tradipraticien peut exécuter au cours de la
récolte des plantes ou de la préparation des recettes. C’est le cas notamment
de la quinine, un antipyrétique et anti-malarien, isolée de quinquina ou de la
reserpine, un hypotenseur, extrait des espèces rauwolfia serpentina et vomitaria.
c)
La 3ème
tendance veut ignorer totalement les rites, les croyances et les incantations
en les considérant comme des comportements primitifs et sauvages ou
incompatibles avec les connaissances actuelles de la science. Ici, on ne
s’intéresse qu’à l’étude des plantes médicinales.
d)
La 4ème
tendance accepte le caractère globalisant de la médecine traditionnelle.
Toutefois, elle met l’accent sur l’étude systématique (chimique,
pharmacologique, clinique, etc.) des médicaments de la médecine
traditionnelle ; l’étude des plantes médicinales n’est considérée qu’en
second lieu pour diverses raisons (standardisation de la matière première,
extraction d’un principe actif au cas où l’étude de la recette médicamenteuse a
révélé l’existence d’un principe chimique actif et que la préparation
traditionnelle ne peut être commercialisée sous sa forme primitive par ex.).
Les raisons suivantes militent en faveur de cette approche :
Le tradipraticien constitue en lui-même
un « dispensaire » et une « bibliothèque » vivante,
fréquentés à longueur de journées par les citoyens de toutes les couches
sociales. Il y a beaucoup plus de chances de trouver parmi ses médicaments ceux
qui ont des activités thérapeutiques réelles et qui devraient par conséquent
être encouragés pour le bien-être de la population tout entière. L’usage de
recettes dépourvues d’activités et celles dotées d’une toxicité accrue devrait
être découragé.
Ce ne sont pas des plantes ou leurs
organes qui constituent des médicaments en médecine traditionnelle. En effet,
le tradipraticien ne les utilise que comme des matières premières qui doivent
subir diverses opérations.
2.2
LA
PLACE ET LE ROLE DE LA MEDECINE TRADITIONNELLE DANS LES SOINS DE SANTE PRIMAIRE
2.2.1
Place
La médecine traditionnelle est mieux
acceptée par les malades qui sont dépourvus de moyens et qui sont restés
proches de la tradition. Les médicaments « modernes » coûtent
cher : ils sont mis au point après de longues années de recherche et
souvent, ils sont la propriété de quelques fabricants qui peuvent seuls les
produire. Ici le tradipraticien prend le temps de s’intéresser au malade et de
soigner son corps et son esprit car, pour la médecine traditionnelle, les deux
sont inséparables ; sa tâche est facilitée par le fait que, souvent, il
parle la langue du malade. Et même lorsque cela n’est pas le cas, les
conditions d’hébergement et le prix des soins sont souvent assez bas pour
permettre au malade de se faire accompagner par un traducteur. Il peut même
trouver sur place d’autres malades qui l’aident à se faire comprendre.
Par contre, lorsqu’il se rend en ville
pour consulter un médecin et que celui-ci ne parle pas sa langue, il a souvent
du mal à expliquer vraiment ce qu’il ressent et donc à se faire soigner
correctement. Le guérisseur ou la guérisseuse est d’un niveau social proche de
celui de ses malades. Il n’apparaît pas comme le médecin qui a des revenus
réguliers et beaucoup plus importants que ceux de ses malades paysans par
exemple.
De plus, le tradipraticien est souvent
plus disponible. Il se consacre plus aux malades surtout lorsqu’ils doivent
être suivis de près, alors que les médecins modernes ne peuvent suivre les cas
jusqu’à la fin, car il y a toujours des changements de médecins.
L’inexistence en médecine moderne de
certaines structures s’occupant de certaines dimensions et aspirations de
l’homme, le désir de connaître la cause profonde du mal et le mobile qui l’a
favorisé, une impuissance réelle de la médecine moderne dans certains cas, la
tendance qu’a l’Africain de vouloir une guérison immédiate qui le conduit
souvent à abandonner un traitement en cours, le fait que la médecine moderne ne
prenne généralement en considération que la dimension strictement
somatique ; poussent l’Africain à recourir à la médecine traditionnelle.
2.2.2
Le Rôle
Quels que soient les écueils, il est
logique de croire qu’il faut partir nécessairement des médicaments de la
médecine traditionnelle si on veut l’évaluer et la mettre à la disposition de
la santé publique en vue d’atteindre en un premier temps l’objectif
« santé pour tous d’ici l’an 2000 ». Il faut chercher à rendre plus
efficace les actions des guérisseurs et non de la détruire comme au temps
colonial. Mais hélas, jusqu'ici il existe peu de collaboration entre les deux
médecines, bien qu’il y ait des différences selon les pays. On utilise dans
certains hôpitaux modernes les services des tradipraticiens pour traiter les
cas de morsure de serpents, le zebola[1]
et le lukunga[2]
; soit des maladies qu’on ne peut guérir en médecine moderne. C’est une
collaboration qu’on pourrait appeler « passive » puisqu’il n’y a pas
vraiment d’échange des techniques ou de connaissance entre les deux médecines.
D’autres médecins acceptent
l’association des deux traitements. Le résultat est parfois bon mais, très peu
de médecins et de tradipraticiens connaissent réellement les conséquences de
l’association des deux traitements. Selon les tradipraticiens avec qui j’ai
discuté, la médecine traditionnelle a pratiquement toujours donné de
l’information à la médecine moderne sans rien recevoir en échange.
La médecine traditionnelle connaît très
bien les plantes qui guérissent, et beaucoup de médicaments modernes ont été
fabriqués grâce à cette connaissance. Pourtant des expériences comme celle de
mamans et d’autres tradipraticiens avec qui je discute donnent à réfléchir et
posent le problème du statut de la médecine traditionnelle par rapport à la
médecine moderne. Il faudrait
reconnaître officiellement la valeur de la médecine traditionnelle. On
peut aussi proposer que la collaboration se fasse aux niveaux :
a)
Des programmes
de recherche : les pharmaciens alliés naturels des médecins modernes
savent fabriquer des médicaments à base de plantes et d’autres matières
naturelles. Que les pharmaciens et tradipraticiens collaborent pour produire
des médicaments qui seraient un simple conditionnement des plantes et autres
matières utiles, ceci sans avoir besoin d’isoler la substance active qui
guérit.
b)
Des lieux où
l’on peut se faire soigner. Former des infirmiers, des sages femmes ainsi que
le personnel des centres de santé. Il serait utile qu’une sorte d’intégration
des deux médecines soit faite pour que le malade puisse bénéficier des
avantages de l’une et de l’autre. Mais les services officiels sont-ils
prêts ?
c)
Du
diagnostic : comme la médecine traditionnelle soigne les deux causes, que
le tradipraticien soit toujours à côté du médecin quand il écoute le malade car
c’est lui (le tradipraticien) qui saura orienter le médecin moderne sur la
cause de la maladie. Ceci pourra faciliter beaucoup de choses ;
d)
De
l’organisation de la médecine traditionnelle pour éliminer les nombreux
blocages dus à la position privilégiée qu’occupent les médecins modernes, mais
aussi au fait que les tradipraticiens offrent très peu de garanties quant à
leurs compétences.
e)
Signalons
aussi que la médecine traditionnelle est pratiquée par tout un chacun sans
discrimination de sexe ou d’âge. Au Congo Démocratique même des enfants ont des
connaissances dans ce domaine.
3.
ASPECTS
DE RECHERCHE DANS LES PLANTES MEDICINALES ET LA MEDECINE TRADITIONNELLE EN
AFRIQUE
3.1
Introduction
Le
projet PLAM (Plantes Anti-Malariennes) où je travaille comme enquêteuse et
vulgarisatrice des plantes anti-malariennes est un projet du département de
Biologie à l’Université de Kinshasa du Congo Démocratique. Il applique les
principes de l’écodéveloppement en milieu urbain. Il s’occupe de toute la
population périphérique de Kinshasa car celle-ci est incapable de s’acheter des
médicaments modernes contre la malaria. Il essaie de vérifier par des essais
cliniques l’efficacité des plantes citées par cette population, la toxicité,
fixe avec la collaboration des tradipraticiens la dose exacte à prendre et à la
fin, vulgarise ces plantes dont l’efficacité anti-paludéen est confirmée auprès
de la même population afin d’encourager l’aménagement de jardins de plantes
médicinales dans les parcelles à côté des plantes alimentaires.
Le
fait que la malaria tue des millions d’individus chaque année, qu’elle soit
l’une des causes de la mortalité infantile et des avortements ; sa
résistance aux produits modernes ainsi que leurs effets secondaires et
indésirables ;nous ont également poussé à faire cette étude, c’est-à-dire
à fixer surtout le dosage exact des plantes que la population kinoise utilise
sans dosage précis.
Il
y a déjà deux enquêtes réalisées par le projet J.E.E.P. (Jardins et Elevages de
Parcelle) dans le quartier périphérique de Kinshasa. Ces enquêtes avaient
montré que dans les parcelles de certains quartiers périphériques de Kinshasa,
il y avait des plantes alimentaires et médicinales. 82% des personnes
interrogées recourent à la pharmacopée traditionnelle à cause des prix élevés
des produits pharmaceutiques.
Le
Prof. Jacques PAULUS, notre directeur de projet avait participé également à un
séminaire à Paris du 4 au 9 novembre 1991 organisé par le CREDES (Centre de
Recherche pour les Etudes et Développement de la Santé) sur les « Echanges
d’expériences et réflexion sur la mise au point des médicaments : étude de
l’utilisation rationnelle des pharmacopées traditionnelles », cas des
anti-paludiques naturels. Dans ce séminaire, on avait élaboré les stratégies
pour les prochaines études d’activités anti-paludiques des plantes.
Dès
son retour à Kinshasa, une enquête éthnobotanique sur les plantes
anti-paludiques auxquelles les gens ordinaires ont accès avait eu lieu. C’est
ainsi que naquit le projet PLAM.
1 - Activités déjà réalisées
Inventaire
des espèces anti-paludéennes utilisées dans les parcelles des zones
périphériques de Kinshasa. A ce sujet, à l’aide d’un questionnaire, nous avons
inventorié 765 parcelles à Kinshasa, dont 466 parcelles ayant recours aux
plantes médicinales soit 61% en cas de crise de malaria. Nous avons dénombré
dans ces 466 parcelles, 58 espèces tant curatives que préventives effectivement
utilisées lors des crises de malaria.
Détermination
de l’efficacité des plantes à l’aide des essais cliniques au Centre de Médecine
Mixte et Anémie SS à Yolo. Ce centre dépend du Ministère de la Recherche
Scientifique. Une fructueuse collaboration s’est établie entre le projet et les
médecins et infirmiers du Centre. L’efficacité des plantes anti-malariennes a
été vérifiée à l’aide de l’examen des gouttes épaisses effectué avant et après
la prise des médicaments traditionnels.
Six
plantes parmi les 58 ont fait jusqu’ici l’objet d’essais cliniques. Il s’agit
de Cassia occidentalis, Carica papaya, Cymbopogo citratus, Lantana camara,
Morinda morindoides, Vernoia amygdalina.
A
part Vernonia amygdalina (curative,
qui n’a guéri que 58% des malades), les autres espèces obtiennent toutes de 90
à 95% de guérison ou prévention. Pour les espèces curatives (Cassia occidentalis, Carica papaya,
Cymbopogo citratus et Lantana camara) ;
45 malades en moyenne ont été traités par espèce et pour la prévention par le Morinda morindoides, l’expérience a
porté sur 400 personnes durant 4 mois.
La
non toxicité de substances naturelles a été établie grâce à un jeu de tests
hépatiques et uraux. Pendant nos recherches, pour confirmer cette efficacité,
une étude d’évaluation de la sensibilité in vitro de l’activité des décoctés
aqueux de plantes a été effectuée. L’efficacité réelle de plantes à différents
volumes –5 plantes ont été retenues pour vulgarisation comme le montre
l’approche méthodologique du projet.
Pour
inciter la population à se prendre en charge et concrétiser sa politique de
vulgarisation, le P.L.A.M. a réalisé et diffusé : différents feuillets
n°1, 2, 3, 4, 5 et 6 en français et en lingala qui présentent les plantes
retenues, leurs modes de préparation, posologie, etc. ; différents
articles dans les journaux et publications comme le Soft, Demain le Congo,
Rafale, Renaître, Agences de presses Catholiques DIA… Des émissions de
sensibilisation pour la promotion des plantes médicinales anti-malariennes :
du 18/07 au 22/07/1994, une émission en français et dans les 4 langues
nationales à la Voix du peuple ; le 9/09/94 en français sur radio
Sango–Malamu et en décembre 1994, une émission intitulée « Pharmacie du
Bon Dieu » a été diffusée à la Radio nationale, le 30 juillet 1995 et à la
Télévision nationale le 23 septembre 1995. Une brochure (plaquette) sur les 5
plantes anti-malariennes écrite en 4 langues nationales du Congo et en
français.
2 -Activités
en cours
Dès
juillet 95 on avait stoppé les essais cliniques pour cause de manque de fonds.
De
juillet 95 à juillet 96 :
Vulgarisation
de 5 plantes testées dans 48 aires de Santé de la ville, dans les églises, les
écoles et les parcelles. Par après, il y a eu un temps-mort par manque de
financement, mais les jardins parcellaires étaient quand même bien entretenus.
Le suivi était fait par les vulgarisateurs du projet J.E.E.P.
En
1997, une étude de vérification de l’activité anti-malarienne de ces 5 plantes,
financée par la FUCID (Fondation Universitaire pour la Coopération
Internationale au Développement), était faite à Namur en Belgique.
Actuellement,
nous continuons avec les essais cliniques de certaines plantes anti-malariennes
en suivant toujours le Protocole du CREDES. Nous avons déjà essayé l’Ocimum Grattissimmum dont la
publication est ci-jointe et actuellement nous procédons aux essais du Phyllanthus Niruri. La première semble
avoir également des effets anti-diabétiques. Tout ceci demande des fonds pour
vérifier et confirmer cette hypothèse.
3.2
Recherches
Ethno-Botaniques
C’est
la méthode utilisée dans nos enquêtes au J.E.E.P., de même que pour nos plantes
anti-malariennes. Ces enquêtes ont été effectuées dans des quartiers
périphériques habitées par des ethnies différentes, mais nous avons trouvé les
mêmes pratiques pour chaque espèce médicinale citée.
Cette
méthode part d’une connaissance empirique acquise sur base d’observations
(méthode des essais et erreurs) et conservée par la mémoire collective du
groupe social. Elle nécessite un « corpus » de connaissances d’un
caractère beaucoup plus vaste et, surtout, la connaissance de la langue. Il est
souhaitable que le chercheur qui veut la mettre en pratique ait une
connaissance approfondie du groupe qu’il étudie et soit capable de s’y intégrer
dans une certaine mesure.
Le
principal inconvénient de cette méthode est sa lenteur. Elle nécessite en
effet, une constante adaptation au milieu en étude et ses résultats sont le
fruit d’une longue expérience. Son avantage est, par contre, son pouvoir
innovateur sans commune mesure avec celui de la méthode chimiotaxonomique. En
ce sens, elle est irremplaçable et peut seule éviter la perte d’un acquis
culturel unique. D’autre part, l’ethno-botanique est une discipline qui n’exige
ni matériel onéreux, ni équipement difficile à acquérir ou à entretenir pour un
pays peu industrialisé. Elle exige des qualités humaines et le respect de la
civilisation sur laquelle on enquête.
Pour
notre part, nous avions recueillis des informations plus facilement des
tradipraticiens non professionnels que professionnels. De plus, les femmes se
sont montrées plus coopératives. Celles-ci en effet connaissent bien le domaine
qu’elles utilisent pour soigner leurs enfants, elles entretiennent toujours des
jardins des plantes médicinales et alimentaires près de la parcelle familiale.
Certains
tradipraticiens citaient seulement le nom vernaculaire de la plante, d’autres
montraient l’échantillon et quelques-uns pouvaient donner et l’échantillon et
le nom de la plante.
3.3
Production des
Phytomédicaments à Partir des Plantes Médicinales
La
production des phytomédicaments est le plus souvent à base des substances
d’origine végétale, en dehors de certaines préparations qui renferment des
matières animales ou minérales ; elles comportent par conséquent des principes
actifs chimiques ou biochimiques : alcaloïdes, hétérosides, sels minéraux,
vitamines…très divers.
L’expérience
montre qu’en matière de médicaments traditionnels, il existe un mélange de
plusieurs principes actifs. L’effet final observé dépend du groupe dominant,
les autres venant en atténuer ou renforcer l’activité. Les médicaments
traditionnels peuvent constituer pour certains, de par leur teneur et leur
richesse en protéines, lipides, glucides et vitamines, de simples aliments à
effet bénéfique. D’autres à certaines doses, peuvent être de violents poisons,
d’autres enfin de véritables médicaments.
Chaque
recette est originale par ses propriétés physico-chimiques voire
pharmacologiques. Par ailleurs, on ne connaît pas suffisamment la quantité des
matières premières, les conditions de préparation : température,
pulvérisation, macération, filtration, carbonisation… qui sont déterminantes
pour définir la qualité, l’efficacité, la toxicité, la répétition de l’effet et
les propriétés physico-chimiques de la recette finale. Ces médicaments sont
tantôt simples tantôt complexes. Ils sont simples lorsqu’ils sont composés d’un
seul élément et complexes lorsqu’ils sont à base d’un mélange de plusieurs
ingrédients.
Les
plantes médicinales constituent la matière première de base. Le mode de
préparation varie suivant la recette finale à obtenir et le but à atteindre
après l’administration de la recette (guérison d’une maladie, exorcisme,
protection). Certains médicaments sont préparés après une cérémonie spéciale (prière,
incantation, battement de tambours, retrait du tradipraticien dans une chambre
secrète…), d’autres par contre, le sont sans rituel.
Voici
les modes de préparation de quelques recettes :
-
Les
poudres : après broyage et pulvérisation
-
Les
pâtes : par broyage des organes frais
-
Le jus
-
Les solutions
ou extraits : décoction/macération toujours suivie d’une filtration
C’est
cette dernière mode de préparation qui était plus utilisée chez nous pour nos
plantes anti-malariennes. D’abord le screening chimique de la plante choisie
qui se fait sur le décocté ou sur la poudre des feuilles, tiges-feuilles,
racine, etc. Puis, on essaie de fixer avec le tradipraticien, la dose, pour la
quantité des feuilles, d’eau et le temps de cuisson. La conservation se fait
dans des bouteilles en verre pour la durée d’une semaine. Nos décoctés ne sont
pas mis sous forme galénique. Nous vulgarisons les plantes afin que la
population puisse avoir des jardins de plantes médicinales pour en faire usage
quand elle en a besoin.
Il
est intéressant de signaler ici d’autres modes de préparation, notamment la
fumigation humide et sèche, la simple carbonisation, l’incinération, le
grillage etc. Une même feuille sera ramollie au feu pour donner la cendre ou
bouillie pour donner une solution en fonction de la recette finale qu’on veut
obtenir. Certaines drogues (morceaux d’écorce, de tige ou de branche…), ne
subissent que l’opération de séchage : elles sont prêtes à être portées
par l’individu après cette opération etc., d’autres par contre sont simplement
mâchées à l’état frais ou à l’état sec surtout pour le traitement de maux de
dents, de bouche. L’eau reste le solvant extractif le plus employé sous
plusieurs aspects. L’emploi de l’alcool sous forme de boisson alcoolisée (vin
de palme…) est également signalé pour l’obtention de certains médicaments.
Certaines huiles (huile de palme…) sont également utilisées en médecine
traditionnelle comme véhicules.
En
ce qui concerne la préparation des médicaments traditionnels composés, on ne
procède pas de la même manière qu’en médecine moderne où l’on effectue des
mélanges de formes galéniques isolées pour faire un médicament composé (mélange
des essences, mélange des extraits de plusieurs plantes, mélange de plusieurs
principes actifs) mais plutôt on mélange ensemble les différentes matières
premières et on utilise l’eau pour en obtenir par exemple un macéré ou un
décocté. C’est donc les plantes servant de matière première qui sont des
mélanges et non pas les formes galéniques.
3.4
Etudes Chimiques et
Pharmacologiques
3.4.1
La méthode chimique
La méthode chimique que nous utilisons
pour nos plantes anti-malariennes consiste à connaître l’identité botanique des
plantes et leurs affinités naturelles, à rechercher de proche en proche
certains principes actifs, dont l’existence est bien connue dans une espèce
prise pour point de départ. A cet effet, à l’aide des réactifs colorés ou
d’autres méthodes de reconnaissance sommaire, on sélectionne les espèces qui
fournissent les réactions recherchées, tandis qu’on élimine celles qui
s’avèrent négatives. Ce choix est désigné par les auteurs anglo-saxons sous le
nom de « screening »
(to screen = passer au crible).
3.4.2 La méthode
pharmacologique
Quelques
auteurs préfèrent recourir directement à des tests pharmacologiques en nombre
réduit, afin de sélectionner directement les espèces actives, plutôt que de
s’intéresser d’abord à leur composition chimique, mais le principe reste
sensiblement le même. On part des connaissances scientifiquement établies et on
cherche à les étendre à des espèces non encore étudiées, en se basant sur la
parenté de ces espèces avec celles qui sont déjà connues. Cette méthode a
l’avantage de la rapidité et d’une sûreté relative. Elle permet des études
approfondies avec un pourcentage relativement faible de déchets. Elle est donc
économiquement rentable et a déjà été mise en pratique avec des succès
incontestables dans certains groupes systématiques (exemple : les
apocynacées).
Cette étude pose certains
problèmes :
1.
Le choix du
protocole de travail : « faut-il travailler sur des organes
isolés ou sur des animaux entiers ? » « Quels organes et quels
animaux faut-il utiliser ? » Une maîtrise des données ethnobotaniques
et ethnopharmacognosiques (usage traditionnel de la recette, données précises
sur les maladies traitées par la recette, mode de préparation et
d’administration de la recette…) peut aider le pharmacologue à faire un choix
judicieux de la technique à utiliser.
2.
Le 2ème
problème est dû à la complexité de la composition chimique de la recette à
étudier. Une même recette peut contenir parfois des groupes chimiques dont les
activités, pris isolement, restent antagonistes. C’est le cas notamment d’une
recette qui contient des tanins d’une part et des hétérosides anthracéniques
d’autre part.
3.
Le 3ème
problème rencontré au cours des essais pharmacologiques est celui relatif à la
reproductibilité des résultats. Il est connu que la composition chimique d’une
plante peut varier en fonction de différents facteurs (âge, habitat,
ensoleillement, sol, température, humidité, moment de la récolte, etc.). Ceci
vient souvent perturber les essais pharmacologiques en médecine traditionnelle
si on n’a pas de données précises sur l’authenticité de la plante, sur la
récolte, la préparation et la conservation de la récolte, c’est-à-dire si on ne
travaille pas sur des préparations standardisées.
4.
C’est ce qui
fait que deux chercheurs peuvent avoir des résultats tout à fait différents sur
des essais pharmacologiques ou chimiques effectués sur certaines recettes
surtout lorsque le tradipraticien consulté n’a pas été suffisamment honnête
pour livrer les informations relatives à ses connaissances
médico-pharmaceutiques. C’est pour cela que dans notre projet, on observe avec
précaution quand le tradipraticien fait la décoction.
5.
Le 4ème
problème est dû aux modes d’administration de la médecine traditionnelle. L’on
sait que l’activité d’un médicament peut être attribuée soit au composé
chimique primitif, soit à un ou plusieurs de ses métabolites.
6.
Le 5ème
problème est dû au fait qu’il est difficile d’établir une correspondance
évidente dans la plupart des cas entre le vocabulaire de la pathologie moderne
et celui de la médecine traditionnelle étant donné que la présentation du corps
humain, la conception et la dénomination des maladies en milieu traditionnel
sont généralement différentes de celles de la médecine moderne.
7.
La 6ème
difficulté est due au fait que certaines maladies ne peuvent pas se reproduire
chez certains animaux d’expérimentation, ce qui entraîne dans ce cas la
déficience du protocole de travail.
3.4.3 Les Plantes
Médicinales les Plus Communément Utilisées
La
liste ci-dessous provient du résultat des enquêtes éthno-botaniques réalisées
par le J.E.E.P., le P.L.A.M. ainsi que le projet WED NET (Réseau femme,
environnement et développement).
|
Nom
scientifique
|
Nom vernaculaire
|
Usage
|
|
1.
Allium
Sativum
2.
Brillant
aizia patula
3.
Capsicum
fructesceus
4.
Carica
papaya
5.
Cassia
occidentalis
6.
Chenopodium
ambrosoides
7.
Citrus
lemon
8.
Costus
afer
9.
Croton
mubango
10. Cybopogon
citratus
11. Elaeis
guineensis
12. Euphorbia
hirta
13. Ficus thoningü
14. Garcina kola
15. Hibiscus Sp.
16. Ipomea Sp.
17. Kalanchae
crenata
18. Mangifera
indica
19. Mani hot
esculenta
20. Morinda
Morindoides
21. Nauclea
latifolia
22. Ocimum
gratissimum
23. Ocimum
americanum
24. Tithonia
diversifolia
25. Vernonia
amygdalina
26. Zea Mays
|
Ayi
(Lingala)
Lemba-lemba
(Lingala-Kikongo)
Pili-pili
(Lingala)
Payi-payi
(Lingala)
Matsamba-tsamba
(Kisuku)
Maniaka-nioka
(Lingala)
Nzete
ya lilala (Lingala)
Ziangua
(Lingala)
Saku
(Kiyaka)
Sinda
(Kisuku)
Nzete
ya mbila (Lingala)
Mogbomiangi
(Ngbaka)
Musanda
(Kisuku)
Ngadiadia
(Lingala)
Ngaï-Ngaï
(Lingala)
Matembele
(Lingala)
Keke
(Lingala)
Manga
(Lingala)
Manioko
(Lingala)
Kongo-bololo
(Lingala)
Kilolo
ki-kwango (Kisuku)
Lumba-Lumba
(Lingala)
Mazulu-zulu
(Lingala)
Mukadi-kadi
(Kisuku)
Mukadi-kadi
(Kisuku)
Masango
(Lingala)
|
Toux,
Lukunga
Zona
Pota
ya libumu
Malaria
Malaria,
Stérilité
Vermifuge
Grippe,
Toux
Epilepsie
Epilepsie
Malaria
Insecticide
Amibiase
Amibiase
Malaria
Abcès
Abcès
Douleurs
auriculaires
Diarrhées
Varicelle
Malaria
Douleurs
lombaires
Diabète,
Malaria
Toux
Douleurs
lombaires
Gales
Rhumatisme
|
3.4.4
Plantes Medicinales Utilisees par la Majorite des
Tradipraticiens et Frequement Utilisees par la Majorite de la Population.
01.
Allium
sativum
02.
Cassia
occidentalis
03.
Cybopogon
citratus
04.
Euphorbia
hirta
05.
Garcina
kola
06.
Mangifera
indica
07.
Mani
hot esculenta
08.
Morinda-morindoides
09.
Nauclea
Latifolia
10.
Ocimum
gratissimum
3.4.5
Liste des Tradipraticiens du Congo
3.4.5.1. Dans la cité
Notons
que dans chaque famille au Congo Démocratique, on trouve 3 personnes sur 5 qui
ont des connaissances sur les plantes médicinales, ceci est justifié surtout
par la présence d’un jardin de plantes médicinales dans la parcelle familiale.
Ce sont ces personnes que nous avons appelées tradipraticiens non
professionnels auxquels nous nous sommes adressés lors de nos enquêtes
ethno-botaniques ; et c’est à elles que nous devons beaucoup
d’informations par rapport aux tradipraticiens professionnels qui gardent
toujours leurs connaissances secrètes. C’est pour cela qu’on n’en fera pas
une liste.
Chez
le tradipraticien professionnel, la transmission est faite à un membre de la
famille qu'il choisi lui-même. C’est ainsi que certains déclarent avoir acquis
leurs connaissances médico-pharmaceutiques traditionnelles grâce aux contacts
qu’ils ont avec leurs ancêtres ou parents défunts d’une manière invisible.
C’est pour cela qu’il est difficile de donner approximativement le nombre de
tradipraticiens de notre pays.
Le
nombre de tradipraticiens dans mon pays dépasse de loin le nombre de médecins.
Signalons que dans certains coins du pays, surtout dans des provinces, nous
avons un seul médecin pour tous les services de l’hôpital. Tandis qu’en
médecine traditionnelle, on trouve un tradipraticien dans chaque famille.
Jusqu’ici,
aucune action ou stratégie pour promouvoir la médecine traditionnelle et les
plantes médicinales n’est envisagée. La médecine traditionnelle est toujours
battue en brèche. Nous qui travaillons sur les plantes anti-malariennes,
faisons toujours face à l’opposition de l’ordre des médecins, et des
pharmaciens. Même les médecins du Centre de Médecine Mixte de l’Institut de
Recherche en Sciences de Santé (IRSS) préfèrent orienter les malades vers le
traitement moderne car ainsi ils touchent des honoraires. Nos détracteurs
n’hésitent même pas à utiliser la télévision.
Cependant,
en juillet 1995, quand nous avons organisé une conférence sur les cinq plantes
anti-malariennes expérimentées, le représentant de l’ordre des pharmaciens
était présent. Quand nous avons présenté nos résultats, il croyait que les
tests de toxicité n’étaient pas faits, mais tout était en ordre. A Kinshasa, il
y a également beaucoup de tradipraticiens professionnels qui travaillent chacun
individuellement. Il n’y a pas d’échanges de connaissances ou d’expériences
entre eux, ils n’ont même pas de plate-forme.
Citons :- Kahungu : généraliste
-
Père
Mabaka : généraliste
-
Ngunza :
généraliste
-
Mgr
Ludiongo : plantes anti-helminthiques et anti-amibiennes
Le
premier est un généraliste. Il soigne plusieurs maladies. Le second ainsi que
les troisièmes travaillent avec nous au Centre de la Recherche Scientifique. Le
second est spécialisé dans le traitement du diabète et des plaies des enfants
anémiques SS et le troisième soigne le volume abdominal des enfants anémiques.
Ce
sont les médecins qui leur envoient des malades après consultation et
diagnostic. Les malades ne vont jamais directement chez eux, ils passent
toujours préalablement par les médecins modernes. Ces tradipraticiens ont des
difficultés à avoir leur propre matériel, laboratoire, dispensaire ainsi que
des appareils pour la fabrication de produits pharmaceutiques.
Mais
on trouve aussi d’autres tradipraticiens qui ont mis leurs produits sous forme
galéniques. On peut donner l’exemple du Manadiar[3]
et Meyamicin[4] [5]qui
sont aussi vendus dans des pharmacies. Ce sont deux produits contre l’amibiase
qui n’ont pas d’effets secondaires comme le flagyl. Malheureusement ces
produits sont rarement prescrits aux malades.
Il
existe des tradipraticiens professionnels et non professionnels, mais il n’y a
ni activité et cadre institutionnels, ni associations de tradipraticiens. En
matière d’agence publique, nous avons ce Centre de médecine mixte qui dépend de
la recherche scientifique ; mais qui ne s’occupe pas tellement de la
médecine traditionnelle. Or s’il pouvait relancer ou bien encadrer le Père
Mabaka par exemple, ceci pourrait beaucoup aider les diabétiques et anémiques.
Mais les responsables de la recherche scientifique préfèrent soigner avec le
traitement moderne considéré comme étant plus rentable.
3.4.5.2.
A
l’Université
A
l’Université de Kinshasa, on trouve aussi des professeurs qui travaillent sur
les plantes médicinales. Ils ne collaborent pas avec l’Etat, surtout que
celui-ci ne met pas l’accent sur ce domaine. Je dirais que les tradipraticiens
sont abandonnés au Congo. Voici leur liste :
Faculté des
Sciences :
1.
TABA K.
M. : - plantes anti-malariennes
w Plantes
anti-trypanosomiases
w Plante
pour la désinfection de l’eau
2.
Jacques
PAULUS : - Plantes anti-malariennes
w Plantes
insecticides
3.
MUSIBONO :
- Plantes insecticides
w Plantes
absorbant les métaux lourds
4.
KAYEMBE
S. : - Plantes anti-malariennes
5.
KASONGO
L. : - Plantes anti-trypanosomiques
6.
KABALE
M. : - Plantes anti-gastrites
w Hypertension
w Carie
dentaire
7.
BABADY :
- Isolation des saponins et alcaloïdes des plantes
8.
NTELA
B. : - Plantes anti-malariennes
9.
MUKANA :
- Plantes anti-malariennes
10. MANSIANGI
P. : Enquêtes ethnobotaniques
Faculté de
Pharmacie
1.
TONA L. :
- Plantes anti-malariennes
w Plantes
anti-amibiennes
2.
BAKANA :
- Cicatrisation des plaies
3.
TAMBA
V. : - Anti-toux
4.
KABALA
D. : - Plantes à effet apéritif
5.
KAMBU : -
Systématique, pharmacopée
6.
MOSWA : -
Plantes anti-diabétiques
7.
MPENGE :
- Plantes anti-diarrhéiques – anti- Sida.
Faculté de
Médecine
1.
NGIMBI :
- Plantes anti-malariennes
2.
ODIO : -
plantes anti-malariennes
3.
BUNGA : -
Plantes anti-malariennes
4.
MAMPUNZA :
- Plantes anti-trypanosomiases
Indépendants
(Ville de Kinshasa)
1.
TONDELO
D. : - Plantes anti-amibiennes et anti-diarrhéiques (médicament
vendu : Meyamicine)
w Stimulant
sexuel : Diazostimul
w Manadiar
3.4.5.3.
Dans
la province
Monsieur
Mukoko Matondo qui a créé l’Institut Technique d’Enseignement Nutritionnel
Alimentaire et Chimique qu’il dirige jusqu’aujourd’hui a écrit un livre sur
« les plantes médicales ». Lui-même est tradipraticien, il soigne des
malades à partir de ses connaissances. Il dit même dans son introduction : « La
section Utilisation est adressée à tout le monde de façon que même ceux qui se
disent profanes puissent user de ces informations ».
3.4.6 Conclusion
Bien
qu’il existe des maladies qui ne peuvent être guéries que par la médecine
traditionnelle, la médecine moderne
ayant totalement échoué, aucun effort n’est fait pour intégrer la première dans
les services publics de santé. Le médecin moderne constitue lui-même un
obstacle pour la médecine traditionnelle. Il accorde difficilement les
autorisations nécessaires aux tradipraticiens pour travailler.
Les
deux médecines pourraient pourtant apprendre l’une de l’autre et s’enrichir
mutuellement. Jusqu’à présent, la médecine traditionnelle a pratiquement
toujours donné de l’information à la médecine moderne sans rien recevoir en
échange. Les tradipraticiens doivent exercer leur art librement et de façon
authentique afin qu’ils puissent offrir des soins de qualité aux malades.
La
médecine traditionnelle doit s’insérer dans le système sanitaire de chaque
pays. La médecine moderne doit proposer des solutions pour son épanouissement
au Ministère de la Santé pour chaque pays. Ce problème ne concerne pas les
autorités politiques, il revient aux médecins de proposer un protocole de
travail aux tradipraticiens.
3.4.7 Recommandations
1°)
Chaque pays
devrait entreprendre beaucoup d’efforts dans ce domaine ;
2°)
Elaborer dans
le contexte de leurs systèmes de santé nationaux des politiques et une
législation appropriée pour faciliter le développement des activités nationales
de médecine traditionnelle ;
3°)
Mobiliser
activement les fonds nécessaires à la promotion de la médecine
traditionnelle ;
4°)
Désigner un
responsable des activités nationales de médecine traditionnelle dans le cadre
du programme national de soins de santé primaire ;
5°)
Prendre les
mesures appropriées pour mettre sur pied des études thématiques concernant la
médecine traditionnelle ;
6°)
Renforcer la
coopération et les échanges d’expérience en vue de l’élaboration et de
l’application de la stratégie d’utilisation des plantes médicinales ;
7°)
Collaboration
entre les deux médecines ;
8°)
Créer un
réseau et une plate-forme en médecine traditionnelle.
PARTIE II : EVENEMENTS
CLES
Rares
sont organisés des conférences, séminaires ou ateliers en Afrique ou ailleurs
sur les plantes médicinales et la médecine traditionnelle. Autant dire qu’on
empêche toujours cette 2ème médecine d’évoluer. Nous pouvons citer
quelques événements qui ont déjà eu lieu.
1°) EN AFRIQUE
w Tenue
à Niamey (Niger) du 13 au 16 février 1989
de la Première réunion des Centres collaborateurs O.M.S. pour la
médecine traditionnelle dans la région africaine.
w Tenue
à Arusha (Tanzanie) du 19 au 23 février 1990 de la Conférence internationale
des experts des pays en développement sur les plantes médicinales (O.M.S.).
w Tenue
à Kinshasa (Congo) de la Conférence sur 5 plantes congolaises efficaces contre
la malaria le 6 juillet 1995, organisée par le projet P.L.A.M. (Plantes
anti-malariennes) du département de Biologie à l’Université de Kinshasa en
collaboration avec le Centre Wallonie Bruxelles.
w Tenue
à Kinshasa d’un Forum des mamans sur les connaissances traditionnelles et la
protection des plantes médicinales le 6 février 1992, organisé par le projet
ZEDNET ZAIRE, un projet du CLEI (Centre de Liaison pour l’Environnement
International), Département de Biologie, Unikin (Congo).
w Atelier
d’Abidjan (Côte d’Ivoire) du 23 au 26 avril 1996 (CLEI – CRDI Ottawa – Canada).
w Atelier
de Conakry (Guinée) du 17 au 22 novembre 1987 (CLEI – Nairobi, Kenya).
w Atelier
du Cap (Afrique du Sud) en avril 1998 (CLEI – Nairobi, Kenya).
2°) EN EUROPE
Séminaire
du 4 au 9 novembre 1991, Université Paris XI (France) sur « les échanges
d’expériences et réflexions sur la mise au point de médicaments : étude de
l’utilisation rationnelle des pharmacopées traditionnelles ».
Application :les anti-paludiques naturels, organisé par le CREDES (Centre
de Recherches et d’Etudes pour le Développement de la Santé), (14, Passage
Dubail, 75010, Paris/France).
Je
signale aussi une formation sur l’ethnopharmacologie appliquée :
pharmacopées traditionnelles et plantes médicinales, qui aura lieu du 20 au 25
septembre 1999 à Metz (France). Pour renseignements : Madame Judith
Jeammaire, Société Française d’Ethnopharmacologie ; 1,+ Rue des Récollets
– 5700 Metz (France).
Tél./Fax :
(33) 387748889
[1] Maladie connue seulement en milieu
traditionnel et soignée traditionnellement. Ce sont surtout les femmes qui en
souffrent. La thérapie se caractérise par des danses.
[2] Maladie qui attaque surtout les
nourrissons. Se caractérise par la diarrhée, l’amaigrissement, des vomissement
intenses et beaucoup de pleurs du bébé. Inconnue en médecine moderne, elle est
uniquement soignée traditionnellement. L’ail est la matière première pour la
fabrication de son médicament qui est une poudre mélangée avec de l’huile de
palme.
[3]
Médicament fabriqué à base des plantes naturelles et non à base du principe
actif. Soigne les coliques, douleurs abdominales, amibiases, diarrhée aiguës.
Rarement prescrit aux malades.
[4]
Médicament fabriqué à base de plantes naturelles et non à base du principe
actif. Il soigne la diarrhée, les amibes. C’est un anti poison. Vendu dans
toutes les pharmacies mais rarement prescrit aux malades. Sans effets
secondaires.
[5][5] Dynama : Epine
qu’on place sur le cheveux du bébé juste au niveau de la fontanelle pour éviter
une maladie qui attaque la fontanelle
ainsi que la gorge du bébé. C’est une
maladie mortelle, dont une des caractéristiques est une forte diarrhée. Les
médecins des hôpitaux envoient les mamans avec leurs bébés aux tradipraticien.
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