Les
Plantes Médicinales et les Communautés Locales
en Afrique :
Cas de la République Démocratique du Congo.
par
Jean – Louis MUMPONO MISIAKILA
C.R.P.M/O.N.G.D
Centre de Recherche et de
Traitement Phytothérapeutique MUMPONO
Av. LOBO N°9 Bis/MAKALA
C/O CEPROSOC Tél. 71756
B.P. 2031 KINSHASA XXI
REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU
CONGO
Mai 1999
Soucieux de la façon dont l’Afrique noire en général et
la République Démocratique du Congo en particulier peinent sous divers
maux ; politique, économique, sanitaire, avec des épidémies d’Ebola et
autres malnutrition, insuffisance des médicaments sur le marché, etc. ;
nous apportons notre contribution à cette conférence dont le résultat profitera
à la population de la République Démocratique du Congo comme de l’Afrique toute
entière sur le plan sanitaire.
Considérant l’usage des plantes médicinales comme un
signe d’aliénation, le kinois préfère importer des médicaments. Les quelques
chercheurs, phytothérapeutes et tradipraticiens qui s‘évertuent dans ce domaine
se voient incapables d’en couvrir toute la dimension. Pourquoi ne pas exploiter
à bon escient cette richesse de la biodiversité et des essences médicinales des
savanes et forêts africaines pour les besoins sanitaires et/ou alimentaires par
exemple ? Conscients de cette crise, quel panacée pour la combattre ?
C’est là le sujet de notre conférence en nous basant sur notre expérience sur
terrain en phytothérapie.
Dans notre exposé, nous présentons la problématique,
l’état de la question en soulevant les enjeux, les perspectives des plantes
médicinales et de la phytothérapie en République Démocratique du Congo,
particulièrement à Kinshasa. Notre article sur l’asthme, nos deux projets, la
liste des plantes médicinales et celle des acteurs dans notre pays sont annexés.
1 -
PROBLEMATIQUE : APERCU ET CONTEXTE DE LA SITUATION
SANITAIRE EN REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO
La crise multiforme que connaît notre pays en général et
la ville de Kinshasa en particulier l’a conduit à un délabrement profond de la
couverture socio-économico-politico-sanitaire. En effet, nous ne pouvons citer
que le manque d’infrastructures sociales et économiques, l’absence d’une
politique d’urbanisme, le taux élevé d’analphabétisme, le coût exagéré des
soins médicaux, etc.
La population de la République Démocratique du Congo qui
est d’environ 60 millions d’habitants souffre et meurt en grand nombre, malgré
306 zones de santé, dont 22 zones à Kinshasa pour près de 6 millions
d’habitants.
Les couches démunies, compte tenu de la distance les
séparant des centres de santé modernes et du coût élevé des soins médicaux,
préfèrent soit se soigner à base des plantes, soit rester dans leurs cases sans
recevoir aucun soin. C’est ainsi que certaines ONGD et ASBL volent au secours
de ces populations. Elles réduisent la distance entre population et centres de
santé en implantant de petites antennes de santé.
La plupart de ces centres de santé pratiquent le
traitement à base de plantes médicinales pour faciliter à toutes les bourses
l’accès aux soins médicaux. D’où 697 tradipraticiens, guérisseurs et
herboristes en République Démocratique du Congo dont 154 à Kinshasa. Certains
hommes de sciences s’orientent dans la mise au point de phytomédicaments
naturels. C’est aussi l’objectif principal du Centre de Recherche et de
Traitement Phytothérapeutiques MUMPONO, CRPM en sigle, que nous présentons en
détail.
La référence aux connaissances traditionnelles en
combinaison avec les atouts scientifiques aide à la préparation de bons
phytomédicament, à leur administration aux patients et à l’évaluation du
résultat mensuellement.
La réalisation de cet exposé nous a exigé d’entrer en
contact avec certains ministères et institutions, et de recenser les acteurs de
la médecine traditionnelle et de la phytothérapie en République Démocratique du
Congo en général et à Kinshasa en particulier par des enquêtes participatives.
Réflexion sur les éléments, enjeux et perspectives des
plantes médicinales et de la phytothérapie en République Démocratique du Congo,
particulièrement à Kinshasa.
2.1
LES PLANTES MEDICINALES
Il est indubitable que la République Démocratique du
Congo en général et Kinshasa en particulier, surtout en ses périphéries,
renferme une importante biodiversité et une richesse floristique incontestable
en matière d’essences médicinales (voir liste en annexe). Ces richesses ne sont
pas exploitées à bon escient et sont, par contre, détruites abusivement par des
incendies, des feux de brousse, le déboisement, etc.
La pratique de soins à base des plantes n’est pas inconnue
en République Démocratique du Congo, mais elle est confrontée à plusieurs
difficultés. Malgré cela, certaines personnels s’efforcent d’améliorer la santé
de la population par des soins phytothérapeutiques.
2.2
LES ACTEURS DE LA PHYTOTHERAPIE EN REPUBLIQUE
DEMOCRATIQUE DU CONGO ET A KINSHASA
Ces acteurs sont à classer en deux groupes dont la liste
est en annexe.
a -
LES HOMMES DE LA MEDECINE TRADITIONNELLE PROPREMENT DITE :
Il s’agit :
w Des vendeurs des essences médicinales sur les marchés,
aux coins des rues et dans les quartiers ;
w Des guérisseurs : ceux de nos sociétés
traditionnelles qui utilisent soit des plantes médicinales, soit des produits
pharmaceutiques pour traiter certaines pathologies humaines ;
w Des spiritualistes : ils utilisent des prières avec
diverses incantations et des plantes médicinales pour soigner leurs
patients ;
w Des marabouts : ceux-ci utilisent des plantes
médicinales, s’habillent en rouge, portent des plumes d’oiseaux, des peaux
d’animaux, des vêtements en raphia, se masquent le visage lors de l’exercice de
leur métier. Il y a à ce niveau beaucoup de charlatans. Ce son des femmes qui
sont les mieux indiquées en cette matière.
w Des tradipraticiens : ceux qui réalisent la pratique
de soins à base de plantes en ne se référant qu’à leur tradition, à leur
ethnobotanique et à leur culture ;
w
Des herboristes : cette catégorie utilise des connaissances
traditionnelles associées aux connaissances scientifiques pour l’exercice de
leur métier de soins à base de plantes, pour le diagnostic par exemple.
Ces gens travaillent souvent individuellement et n’aiment
pas se fier au monde extérieur et surtout aux hommes de sciences, car
disent-ils, « les hommes de sciences nous dépouillent de nos richesses
pour s’enrichir tandis que nous restons pauvres ». S’ils veulent
s’associer, c’est seulement avec les membres de leur famille ou clan. C’est
leur façon de conserver leur patrimoine culturel, ethnique et ethnobotanique.
b -
LES HOMMES DE SCIENCES :
Ils sont de deux catégories :
b.1 Ceux qui
ne font que des recherches sur les plantes médicinales sans forcément
administrer des soins à base des plantes. Généralement, ils publient le
résultat de leurs recherches dans les annales. Nous pouvons citer des
biologistes, chimistes, agronomes, médecins, anthropologues, pharmaciens, etc.
b.2 Ceux qui
font des recherches sur les plantes médicinales et sur les maladies et exercent
effectivement les soins à base des plantes dont les principes actifs ou les
propriétés thérapeutiques sont connus. Ce sont des biologistes, chimistes, pharmaciens
spécialisés en phytothérapie, donc des phytothérapeutes, c’est à dire des
personnes présentant des connaissances suffisantes dans la compréhension de la
flore, du corps humain, de sa pathologie, dans l’analyse qualitative et
quantitative des essences végétales et qui appliquent ces connaissances dans
les soins à base de plantes.
Les phytothérapeutes définissent la phytothérapie comme
une nouvelle science pluridisciplinaire qui consiste en des pratiques très
anciennes de soins à base de plantes naturelles, combinant des techniques
scientifiques appropriées pour le diagnostic et des connaissances approfondies
en analyse des essences végétales surtout médicinales et des pathologies à
soigner. La phytothérapie est donc charnière entre la médecine traditionnelle
et la médecine moderne.
Un phytothérapeute est en mesure de mettre sur le marché
des phytomédicaments naturels ou synthétiques, à condition de les faire
expertiser par un pharmacien spécialiste en la matière. Les hommes de science
s’associent le plus souvent en département ou en faculté selon les besoins de
leur recherche.
2.3
LES PHYTOMEDICAMENTS ET L’EVALUATION DE LEUR
EFFICACITE :
2.3.1 PREPARATION :
Les essences médicinales soit récoltées en pleine ville
de Kinshasa ; des herbacées ordinaires à l’instar du Sida accuta ; soit achetées auprès des vendeurs des plantes
médicinales aux marchés ou à certains coins de rues ; des essences
arboricoles ou savaricoles comme Newboulia
leavis ; sont préparées par ceux qui les exploitent selon différentes
techniques.
Les unes sont préparées fraîches par décoction,
macération et infusion pour obtenir des médicaments en suspension et en sirop.
Les autres sont séchées, pilées, tamisées et les cendres obtenues constituent
le médicament. Des suppositoires, des comprimés et des ovules sont aussi
réalisés à base de cendres. Parfois, certaines feuilles, tiges, racines sont
consommées crues pour guérir certains cas comme les maux de ventre et la
faiblesse sexuelle.
Ces phytomédicaments sont vendus sur nos marchés. Les uns
d’une façon purement traditionnelle, les autres – ceux des hommes de sciences
surtout – sont mis en pharmacotechnie par de spécialistes et sont déposés dans
des officines, pharmacies, polycliniques et hôpitaux. Ce sont des médicaments
comme le Licaasthme, le Likadia, l’Akatonic, le Manalaria, le Manadiar, le
Likaforce, le Likahemorroïde, etc.
2.3.2
EVALUATION DE L’EFFICACITE :
Les acteurs de la phytothérapie et de la médecine
traditionnelle suivent l’évolution des maladies traitées, partant de la durée
de la cure et de la quantité prise. Si le sujet guérissait endéans de 3 à 7
jours par exemple avec une prise de 50 à 70 Cl, nous estimons que ce médicament
est efficace contre telle maladie.
Parfois nous confirmons l’efficacité des phytomédicaments
naturels en analysant les plantes médicinales au laboratoire. Nous déterminons
leurs principes actifs médicinaux. Nous comparons ces principes actifs aux
actions et effets des médicaments synthétiques se trouvant déjà sur le marché.
Nous classons ainsi les phytomédicaments selon leurs actions thérapeutiques.
Prenons le cas du Bactrim, un antibiotique renfermant de
la sulfamide. Il est utilisé contre les maladies infectieuses dites à
« action-retard ». Nous cherchons des plantes qui renferment de la
sulfamide soit en laboratoire, soit dans les bibliothèques. Avec ces plantes,
nous soignons les MST (maladies sexuellement transmissibles). C’est le cas des
plantes comme le Newbouldia leavis,
Nauclea latifolia, … Sachant aussi qu’il y a des sulfamides
hypoglycémiantes, capables de diminuer le taux de glycémie dans l’organisme et
nos plantes étant naturelles, nous supposons qu’elles renferment aussi des
dérivées sulfamidées susceptibles de soigner d’autres cas comme le diabète.
Ainsi, pour soigner un patient, nous exigeons un diagnostic
valable de laboratoire, d’échographie, de radiographie ou autre. Nos cures sont
généralement de 3 à 7 jours dont les prises dépendent des types de médicaments.
Pour les suspensions et sirops, nous administrons 2 à 3 c à s x 2/jr pour
adulte ; 1 à 2 c à c x 2/jr pour enfant ; ½ à 1 c à c x 2/jr pour le
nourrisson.
C’est précisément le travail C.R.P.M. Les
Phytothérapeutes de ce centre sont spécialisés en soins des maladies liées au
système respiratoire et aux problèmes gynécologiques.
2.3.3. SUIVI DES MALADES
Les patients sont consignés dans les registres et, après
chaque mois, nous réalisons les statistiques des cas reçus, des pathologies
traitées, des résultats obtenus : succès, transfert aux centres modernes,
décès. De la sorte, nous confirmons et infirmons l’efficacité de nos
phytomédicaments naturels.
2.4
LA MEDECINE TRADITIONNELLE ET LA PHYTOTHERAPIE :
En République Démocratique du Congo, particulièrement à
Kinshasa, la médecine traditionnelle et la phytothérapie résolvent
beaucoup de problèmes sanitaires. Mais voyant à quel point elles sont
négligées, peu de gens s’y intéressent à plein temps. La population ne comprend
pas vraiment son importance, voyant surtout que le phytothérapeute est lui-même
négligé dans la société, menant une vie misérable, considéré comme un vaurien,
un féticheur ou un sorcier! C’est ainsi qu’il n’y a pas de cadres vraiment
formés en phytothérapie. Cependant, certains chimistes et biologistes essayent
d’élaborer un programme de formation de cadres scientifiques en phytothérapie.
2.5
LA PLACE DE LA MEDECINE TRADITIONNELLE ET DE LA
PHYTOTHERAPIE FACE A LA MEDECINE MODERNE :
Il convient de rappeler la vraie définition de la
médecine selon l’O.M.S. : la médecine est l’ensemble des connaissances
scientifiques et des moyens de tous ordres mis en œuvre pour la prévention, la
guérison ou le soulagement des maladies, blessures ou infirmités. Tandis que la
phytothérapie est cette nouvelle science pluridisciplinaire qui consiste en des
pratiques très anciennes de soins à base de plantes naturelles, combinant des
techniques scientifiques appropriées pour le diagnostic et des connaissances
approfondies en analyse des pathologies humaines et des essences médicinales.
Il ressort clairement que ces deux sciences concourent au
même objectif, celui de soulager, guérir ou prévenir des maladies, blessures ou
infirmités. En effet, il n’y a qu’une seule médecine avec différents nursing
adaptés en chaque coin du globe. Normalement une collaboration étroite devrait
s’établir entre les agents de la médecine moderne et ceux de la médecine
traditionnelle et de la phytothérapie ; cette collaboration devrait en
effet s’installer dans le domaine d’élaboration du diagnostic.
En fait, nous remarquons petit à petit que certains
médecins commencent à travailler ensemble avec des tradipraticiens et
phytothérapeutes ; comme le fait le Dr MALIKWISHIA/CMSS en envoyant
certains patients au CRPM ; mais dans l’ensemble, le courant ne passe pas.
Il faut absolument qu’un dialogue s’installe pour bien aider la population. Il
serait souhaitable qu’après un diagnostic valable, si médecin décide en toute
franchise qu’il ne peut pas trouver des solutions dans tel ou tel cas et s’il
connaît un tradipraticien ou un phytothérapeute, qu’il envoie le patient chez
ce dernier, au lieu de s’y opposer. Il y a des cas bien connus par tous qui
peuvent trouver des solutions par le traitement phytothérapeute, sans
intervention chirurgicale. Citons les cas de masse myomateuse, obstruction
tubaire des trompes, fibrome et masse folliculaire des ovaires. Ce sont des
maladies qui existaient déjà du temps de nos ancêtres et qui étaient traitées
traditionnellement.
Par ailleurs, les phytomédicaments étant riches en
principes actifs médicinaux et nutritifs, une fois que le médicament est bien
préparé, le patient sous cure augmente en même temps son poids. Par contre, les
médicaments synthétiques sont d’abord appauvris en principes actifs puis
intoxiqués lors des préparations. Les phytomédicaments présentent donc une
meilleure tolérance que les médicaments synthétiques.
2.6
LA LEGISLATION SUR LA PHYTOTHERAPIE :
Les quelques archives rencontrées au Ministère de la
Santé de notre pays ne précisent pas clairement une législation en la matière.
Ils démontrent seulement ceux qui doivent exploiter les essences médicinales en
République Démocratique du Congo. Ceci montre à suffisance à quel point ce
domaine a été négligé. Il faut néanmoins que le Gouvernement, compte tenu des
réalités sur terrain, arrête un programme de formation en phytothérapie.
2.7
LA STRATEGIE POUR PROMOUVOIR LA MEDECINE TRADITIONNELLE
ET PHYTOTHERAPIE EN REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO :
Il serait intéressant que l’O.M.S. ou notre Etat
puisse :
w
établir une législation concernant la médecine traditionnelle et
phytothérapie;
w
fournir des équipements aux instituts s’occupant de l’analyse des plantes
médicinales ;
w
établir des conditions favorables de travail pour les agents de la
phytothérapie et de la médecine traditionnelle ;
w
faire confiance aux phytomédicaments ;
w
établir l’équilibre entre ceux qui soignent à l’aide des plantes et les
médecins modernes;
w
former des cadres en phytothérapie ;
w
instaurer le dialogue entre médecins modernes et acteurs de la
phytothérapie et de la médecine traditionnelle ;
w
organiser dans des hôpitaux des services incitant phytothérapeutes,
tradipraticiens et médecins modernes à travailler ensemble;
w
créer une ONGD semblable à l’ordre des médecins regroupant tous ceux qui
utilisent les plantes pour les soins.
Compte tenu des crises socio-économiques et politiques en
République Démocratique du Congo, certaines initiatives locales tant au niveau
de la recherche participative qu’individuelle commencent à émerger vers la
formation d’ONGDs ; nous pouvons citer:
3.1
L’INSTITUT SUPERIEUR CONGOLAIS DE DEVELOPPEMENT (ISCED)
DANS LA COMMUNE DE LEMBA, POUR FORMER DES CADRES EN SCIENCES DE SANTE :
L’ISCED a tenté depuis cinq ans de former des cadres
scientifiques en phytothérapie, mais avait fermé cette option par manque de
formateurs en la matière. Aujourd’hui, il veut la confier au CRPM, qui dispose
de trois phytothérapeutes spécialisés en maladies liées aux systèmes
respiratoire et gynécologique. Il s’agit
d’une infirmière A1 en sciences hospitalières, d’un médecin généraliste et d’un
biologiste–chimiste.
3.2
PRESENTATION DU CRPM :
Le Centre de Recherche et de traitement
Phytothérapeutiques MUMPONO, CRPM en sigle, est l’initiative de Mr. Jean-Louis
MUMPONO MISIAKILA, Biologiste–Chimiste de l’Institut Supérieur Pédagogique de
Kikwit, Philosophe et Théologien Catholique. Préoccupé de voir les gens souffrir
et mourir par manque de moyens financiers pour l’hospitalisation, il a eu
l’initiative d’exploiter les plantes médicinales, comme le faisait sa mère de
temps en temps. Il a rationalisé le domaine et veut le vulgariser en format des
cadres scientifiques.
3.2.1
OBJECTIFS DU CRPM:
w Promouvoir et valoriser le traitement à base de plantes
(la phytothérapie) ;
w Participer activement à l’amélioration de la santé de la
population de son rayon d’action ;
w Rationaliser et vulgariser la phytothérapie ;
w Instaurer la formation des cadres scientifiques en
phytothérapie ;
w Produire sur place certains médicaments
phytothérapeutiques ;
w
Cultiver et protéger certaines essences médicinales généralement utilisées
dans la région.
3.2.2
LE CRPM A TROIS DOMAINES D’INTERVENTION :
w
La santé communautaire : Le CRPM administre des soins phytothérapeutiques à la population de
Makala et se spécialise dans les maladies liées au système respiratoire
(asthme, bronchite, toux, pneumonie, …) soignées en moins de 5
jours (l’asthme fera l’objet d’un article à part); aux problèmes
gynécologiques (kystes des ovaires, masse myomateuse, fibrome,
destruction tubaire des trompes) dont le soin dure 7 jours.
w
La recherche scientifique : Le CRPM cherche à connaître les grands groupes de principes actifs
des plantes médicinales soit en laboratoire, soit dans les bibliothèques. Avec
ces principes, il réalise des phytomédicaments à l’instar du LICAASTHME, un
excellent antiasthmatique naturel dont le dossier de mise sur le marché est
auprès du Ministère de la Santé.
w
L’enseignement : Il ouvre ses portes à quiconque veut
comprendre et apprendre les techniques de la phytothérapie, science qui reste
jusqu’à nos jours dans les tiroirs de nos traditions. Aussi organise-t-il des
sessions, conférences, séminaires sur la phytothérapie afin que le guérisseur,
le tradipraticien et la population puissent se prendre en charge du point de
vue sanitaire et se faire soigner à peu de frais à base de plantes.
3.2.3
LE RESULTAT :
Depuis 10 ans, le CRPM a un écho favorable sur ses soins
phytothérapeutes. Il reçoit en moyenne 1.200 patients par an. Il accueille
aussi beaucoup d’étudiants, principalement de l’Université de Kinshasa, pour
leurs recherches sur certaines maladies. A titre d’exemple, pour l’exercice
académique 1998 – 1999, une étudiante présente dans notre centre un Mémoire sur
les soins phytothérapeutiques contre l’asthme.
3.2.4
DIFFICULTES :
Malgré son utilité évident, le CRPM n’a jamais bénéficié
d’un appui extérieur. Il ne survit que de cotisations de ses membres et des
fruits de ses services. Il loue tout :
-
Un laboratoire d’analyse ;
-
Un laboratoire de diagnostic ;
-
Un bâtiment et une bibliothèque.
Le Centre rencontre beaucoup de difficultés pour le
déplacement du centre ville de Kinshasa vers la périphérie (située à plus de
100 km) pour se ravitailler en essences médicinales. Il connaît aussi des problèmes de communication.
3.2.5
PARTENAIRES :
1.
Université de Kinshasa : pour les analyses des plantes ;
2.
Centre de Recherche Pharmaceutique de Luozi : pour les conseils et
formation des cadres ;
3.
Centre de santé pour tous : le CRPM y dépose ses phytomédicaments afin
de suivre l’évolution des patients ;
4.
Institut National de Recherche en Sciences de la Santé : pour la
documentation.
Eu égard à tout ce qui vient d’être dit, l’Afrique noire
en général et la République Démocratique du Congo, particulièrement les
périphéries de la ville de Kinshasa, renferment d’énormes richesses
floristiques en essences médicinales. Elle a par conséquent une importante
biodiversité.
Cependant la ville de Kinshasa vit une situation
déplorable. En matière de santé, malgré 306 zones de santé et 720 praticiens de
soins à base de plantes médicinales en République Démocratique du Congo ;
le constat est malheureux. Cela est dû à plusieurs paramètres dont le
délabrement de la couverture socio-économico-politique ainsi que la négligence
de la phytothérapie et de la médecine traditionnelle.
Aujourd’hui avec le courant de l’auto–prise en charge,
certaines initiatives locales se font remarquer en évoluant vers les ONGD pour
relever cette situation. Le cas le plus éminent est celui de l’ONGD Centre de
Recherche et de Traitement Phytothérapeutiques MUMPONO (CRPM), dont
l’authenticité se distingue dans les efforts fournis pour étudier certaines
essences médicinales, déterminer leurs principes actifs médicinaux, comparer
ces principes actifs aux actions thérapeutiques des médicaments synthétiques se
trouvant sur le marché, réaliser ensuite des phytomédicaments naturels et
assurer les soins phytothérapeutiques aux patients, conformément aux principes
pharmaceutiques. A titre d’exemple, il a mis au point un excellent
antiasthmatique naturel dont la conservation est de trois ans. C’est un sirop
adulte et enfant.
En réalité, bien que ces initiatives soient d’une grande
utilité pour notre pays, elles sont abandonnées à elles-mêmes. Il est
absolument nécessaire que les organismes nationaux et internationaux
comprennent les philosophies des ONGD et ASBL pour alléger la souffrance des
populations locales. Il est souhaitable que la biodiversité, la médecine
traditionnelle et la phytothérapie prennent une place de choix dans les
programmes visant à couvrir les besoins en soins de santé de la population
kinoise par des phytomédicaments naturels. Le corps humain étant naturel, il a
plus besoin d’éléments nutritifs naturels que synthétiques pour son
développement et sa croissance.
Il convient cependant de comprendre la vraie définition
de la médecine, celle donnée par l’O.M.S. pour qu’un dialogue s’installe entre
les différents agents de la santé : médecin–infirmier–phytothérapeute–tradipraticien.
L’antagonisme est une arme de destruction qui étouffe la science quand
l’objectif est le même.
Sans discrimination dans le secteur de la santé, établir
une législation appropriée en phytothérapie, équiper les laboratoires des
centres de recherches (publics comme privés) d’analyse des plantes et de
diagnostics, fournir des informations jusqu’à la base de la population,
favoriser la communication entre les agents de la santé, exploiter à bon
escient la biodiversité et les essences médicinales ; sont des attitudes
qui entraîneront l’épanouissement de la médecine, en Afrique en général et en
République Démocratique du Congo en particulier.
Fait à Kinshasa, le 20 mai 1999
Jean – Louis
MUMPONO MISIAKILA
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