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“Many people praise and acknowledge the healing power of plants, but few people actually take action to prevent their extension by planting and conserving them for future generations.”

Thursday, 12 December 2013

MEDECINE TRADITIONNELLE ET PLANTES MEDICINALES AU TOGO


MEDECINE TRADITIONNELLE ET PLANTES MEDICINALES AU TOGO

 


RESUME

 

Au Togo, l’intégration de la médecine traditionnelle a évolué suivant les différentes époques de l’histoire. La période pré-coloniale était celle de la gloire, les guérisseurs et sorciers, les premiers à posséder ce savoir, étaient craints et respectés. La situation sera différente avec l’arrivée des colons qui n’ont jamais toléré l’exercice de la médecine traditionnelle sur le territoire national. Les guérisseurs étaient contraints d’opérer en clandestinité. Plus tard, vers les années 60, on a assisté à un revirement de la situation grâce à l’intervention des guérisseurs botanistes et docteurs qui ont entouré la médecine traditionnelle de nombreuses étiquettes de recherche et l’ont adaptée aux réalités temporelles et spatiales. Ce noble art ancestral connaît actuellement une réelle couverture et une participation effective des autorités des soins de santé. Cette collaboration a enrayé la grande confusion et le mythe qui entouraient l’herboriste, le guérisseur et le ritualiste. Les autorités togolaises ont de leur part marqué une réelle volonté de promouvoir la médecine et la pharmacopée traditionnelle en favorisant les missions de recensement des guérisseurs et des plantes médicinales et leur habitat à travers le territoire national. Il a été créé auprès de l’Office National des Produits Pharmaceutiques (TOGOPHARMA) des laboratoires spécialisés dans la recherche en médecine traditionnelle, ses pharmacopées et ses thérapeutiques, dont le Centre Togolais de Médicaments Traditionnels (CENTOMETRA). D’autres efforts concernent la création d’une Commission chargée de l’étude approfondie de la situation de la médecine traditionnelle et des approches scientifiques de sa rénovation, au sein du Comité International de Recherche pluridisciplinaire de technologie appliquée (COMINTER) et de l’Association Nationale des Thérapeutes Traditionnelles (ANTT) en 1985 qui est devenue plus tard l’Association Nationale des Ethno-Médecins (ANET) en 1996. Toutes ces initiatives montrent qu’il y a actuellement l’unanimité qu’à la reconnaissance de l’importance de la médecine traditionnelle et ses pharmacopées, en particulier les plantes médicinales, au Togo.

 

 

INTRODUCTION

 

La médecine traditionnelle est définie comme étant l'ensemble de toutes les connaissances et pratiques dont le soignant ou thérapeute se sert pour diagnostiquer, prévenir ou éliminer un déséquilibre physique, mental ou social en s'appuyant sur l'expérience vécue et l'observation transmise de génération en génération par l'oralité et de plus en plus par l'écriture. Elle s'adresse à l'homme total dans toutes ses dimensions et en relation avec le cosmos. Elle était pratiquée en général au niveau de chaque famille par les ascendants entre eux et pour les descendants malades. Souvent les connaissances relatives à la médecine traditionnelle ont des dépositaires plus ou moins notoirement connus au sein de la famille ou du village, des communautés plus importantes où ils jouent à des degrés divers le rôle de soignants simples, d'herboristes, de thérapeutes plus moins formés et initiés.

 

Le guérisseur est, par conséquent, une personne reconnue par la collectivité dans laquelle il vit. Il est compétent pour dispenser des soins de santé et recourt à une ou plusieurs substance(s) d’origine naturelle (appelées drogues naturelles); c’est à dire constitués soit à partir des végétaux (drogues végétales), soit à partir des animaux (drogues animales), soit à partir des minéraux (drogues minérales) ou soit un mélange de tels éléments.

 

A l'époque pré-coloniale, le guérisseur traditionnel était seul à aider la population pour ses problèmes de santé. Aujourd'hui, malgré l’avènement de la médecine moderne, les populations se soignent toujours par les médicaments traditionnels à cause de l’inexistence des hôpitaux et dispensaires dans leurs milieux et de l’augmentation du coût des médicaments modernes couplée à la diminution du pouvoir d'achat.

 

L’intérêt de la médecine traditionnelle est de plus en plus reconnu dans les politiques de développement. Les facteurs militants en sa faveur sont entre autres la richesse et la diversité de la flore et l’existence des connaissances traditionnelles incontestables au sein des communautés locales en matière des plantes médicinales. En Afrique, les remèdes à base des plantes soulagent des millions de personnes, dont une grande partie formée par les communautés locales. C’est pourquoi l’OMS compte beaucoup sur leur apport dans la couverture des soins de santé primaire au cours du troisième millénaire.

 

Malheureusement les progrès accomplis dans le cadre de la réhabilitation de la médecine traditionnelle et des plantes médicinales ne sont pas les mêmes au niveau de tous les Etats. Certains n'ont même pas encore entièrement répondu aux attentes de l'O.M.S  et de leurs populations. Qu'en est-il du Togo? Tel est l'objet de ce travail qui vise à mener une réflexion sur les éléments, enjeux et perspectives des plantes médicinales et de la médecine traditionnelle dans ce pays. Le travail est divisé en trois parties à savoir :

- l’aperçu et le contexte de la situation socio-économique et santé publique du Togo;

- l’évolution et les perspectives de la médecine traditionnelle à base des plantes au Togo;

- les plantes médicinales les plus utilisées au Togo.

Enfin, il est prévu à la fin une conclusion générale.

 

I. APERCU ET CONTEXTE DE LA SITUATION SOCIO-ECONOMIQUE ET SANTE PUBLIQUE.

 

Situé sur le Golfe de Guinée en Afrique de l'Ouest, le Togo s'étend sur une superficie de 56 600 km². Il est limité au Sud par l'Océan Atlantique, au Nord par le Burkina Faso, à l'Est par le Bénin et à l'Ouest par le Ghana. Le pays est peuplé de 4 200 000 habitants, le revenu par tête est de 310 $ E.U. en 1996. L'agriculture représente 35% du PIB et emploie environ 75% de la population active.

 

Le Togo traverse actuellement une crise socio-économique qui a commencé dans les années 80 à la suite de la mise en œuvre des Programmes d'Ajustement Structurel (PAS) qui ont entre autres mesures, conduit à la réduction des dépenses publiques. Cette dernière a négativement affecté le niveau des prestations des services concernés dans les domaines de l'éducation, la formation, la santé, l'emploi, etc. La situation a commencé à se redresser progressivement quand la crise socio-politique du début des années 90 a arrêté cette tendance et mis les secteurs sociaux dans une situation encore plus difficile. Mais l’amélioration constatée avec la reprise économique amorcée en 1994 a connu un nouveau fléchissement en 1998.

 

Cette situation a eu des impacts négatifs sur la santé des populations. En raison des difficultés financières, l'Etat n'a pas réussi à mettre à la disposition des formations sanitaires publiques les moyens nécessaires à leur fonctionnement adéquat. Ainsi, les services fournis par ces formations sanitaires restent encore en deçà de leur niveau d'avant la crise. Le secteur est caractérisé par : une augmentation du taux de mortalité, un manque de médicaments et de consommables médicaux, de matériels et d'équipement en particulier dans les formations sanitaires publiques en zones rurales et périurbaines, une dégradation des infrastructures du secteur (près de 90 %), une insuffisance et une répartition inadéquates du personnel. La couverture sanitaire est loin d’être satisfaisante, surtout en milieu rural.

 

La plupart des indicateurs de conditions de santé placent le Togo en dessous de la moyenne des pays en développement. La prévalence de certaines maladies évitables, telles que le paludisme, les affections respiratoires et la diarrhée, est forte. La morbidité se caractérise par une prédominance des maladies infectieuses et parasitaires (53,5 % en 1992 et 23,30 % en 1993) au premier rang desquelles se trouve le paludisme avec 37% des cas en 1993. Les autres causes de morbidité sont : les plaies et traumatisme (10 %), les maladies diarrhéiques (9 %) et les infections respiratoires aiguës (8 %). Les affections dont souffre la population sont engendrées ou entretenues par des facteurs en rapport avec l'approvisionnement en eau potable et l'assainissement du milieu, des déficiences nutritionnelles, les pratiques d'hygiène individuelle et collective néfastes à la santé, l'ignorance, le faible pouvoir d'achat des populations pour faire face aux soins de santé. La couverture vaccinale est faible, 46%, ce qui est bien en dessous de l’objectif de 80% que le Gouvernement s’est fixé pour la fin de la décennie 1990. La faiblesse de la couverture vaccinale est sans doute l’une des causes de la forte mortalité infantile et infanto-juvénile dont les taux en 1995 sont respectivement de 90 et 191 pour mille.

 

Depuis la dévaluation du franc CFA, l’utilisation de plantes médicinales s’est accrue sans contrôle avec un développement sans précédent de l’ethno-médecine sans encadrement. Cette anarchie suscite des interrogations dont il convient de répondre en examinant l'historique et les actions déjà menées en faveur de l'intégration officielle de la médecine traditionnelle au Togo.

 

II.  EVOLUTION ET PERSPECTIVES DE L’ART DE GUERIR PAR LES PLANTES AU TOGO.

 

La médecine traditionnelle a évolué suivant différentes époques de l’histoire à savoir : l’ère coloniale et la période d’après l' indépendance.

 

2.1. La période pré-coloniale

 

A cette époque, caractérisée par l’absence des services modernes de santé, les populations échappaient aux maladies grâce à la médecine traditionnelle : ce fut l’ère de gloire de la guérison ancestrale par les racines, les écorces, les tiges, les feuilles, les fruits et essences et des moyens spirituels. La médecine traditionnelle remonte donc de l’antiquité au temps où l’homme pour survivre dans un environnement hostile, était astreint à observer et étudier la nature afin de se faire livrer les secrets des plantes médicinales. Les premiers à posséder ce savoir ( guérisseurs et sorciers) étaient craints et respectés.

 

Dans cette connaissance des plantes médicinales, les animaux sauvages ou domestiques et les oiseaux ont joué un rôle très important. Ils furent les informateurs des hommes dans ce domaine. Les vieux sages ont donné la même version mais ils mentionnent aussi l’importance du rôle joué par les grands chasseurs qui rapportaient les nouvelles de leurs parties de chasse et leur surprise devant le fait qu’une bête ait pu manger telle plante jusque-là jamais vu, que tels oiseaux pu manger le fruit de tel arbre ainsi de suite et que cela a eu tel effet sur la santé de l’animal.

 

La transmission de ces secrets se faisait de génération en génération essentiellement par tradition orale (Père - Fils, Oncle - Neveu) au sein d’une famille; par les contes, les légendes, les chansons populaires, les proverbes, les griots, etc. Ainsi pour guérir telle ou telle maladie, l’africain se préoccupe beaucoup des causes provocatrices de celle-ci. Pour se faire, les troubles de comportement étaient attribués à la sorcellerie par exemple, pour traiter la diarrhée ils utilisaient les feuilles de psidium Guajava, le fagara zanthoxyloides pour le cure dent et le traitement de la drépanocytose, les racines de fagara zanthoxyloides du quinquina pour traiter la malaria.

 

2.2.. La période coloniale

 

A cette époque, les administrateurs blancs méprisaient les médicaments traditionnels. Les autochtones se cachaient pour continuer leurs pratiques ancestrales. Mais malgré cette lutte acharnée que menaient les européens contre la médecine et la pharmacopée traditionnelles pendant cette période, ils ont collecté des recettes qui ont été par la suite valorisées en Europe puis commercialisées sous forme galénique moderne dans le monde entier. Certains chercheurs, par contre, ont tissé des amitiés avec ces thérapeutes traditionnels ou ont profité de leur confiance pour exploiter et exporter leur savoir. Malgré la gratuité des soins modernes introduits par les colons et malgré leurs efforts de leur imposer ceux-ci, la médecine traditionnelle contribue énormément au succès des soins de santé. L’école coloniale n’a donc que peu enseigné les recettes de cette médecine, ses secrets étant jalousement gardés par les thérapeutes africains.

 

2. 3. La période post-coloniale

 

A l’étape néo-coloniale, l’histoire montre les stigmates de la colonisation sur la médecine et la pharmacopée traditionnelle. Nous citons entre autres : le changement de mentalité de l’homme noir. En effet la plupart des cadres formés à l’école coloniale étaient retissant envers tout ce qui était médecine et pharmacopée traditionnelles, considérant le savoir du Blanc comme meilleur au sien qu’ils considéraient comme malsaine, et l’apanage de la sorcellerie; les textes tolèrent timidement aussi l’exercice de cette médecine et pharmacopée traditionnelles. Les années 60 sont donc considérées comme période de redémarrage de la médecine traditionnelle au Togo. Les guérisseurs botanistes et docteurs commencent par amorcer une nouvelle approche du noble art ancestral. Ils l’ont entouré de nombreuses étiquettes de recherche et l’ont adapté aux réalités temporo-spatiales. On peut citer par exemple : Ahyi Amakoué, Ocloo Wotodjo, Sessou Messanvi, Amévor Komlan, Lakassa Essossiminam, Aménouvé Koffi Téko, Hodouto Koffi-Kuma, Kéoula Yao, Siamévi Komlan, d’une part et Gbéassor Messanvi, Taffamé Kouma, Dr Kekeh Koffi, Dr Drufrenot Max, Dr Amedome Afantchao Antoine d’autre part. Ces personnages ont permis la rencontre entre anciens et modernes.

 

C’est ainsi qu’en 1974 se tint la première rencontre entre les Thérapeutes Traditionnels venus de toutes les Préfectures du Togo; et les médecins pharmaciens, vétérinaires, infirmiers, dentistes, sages-femmes, agents techniques à Lomé sous l’égide du Ministre de la Santé Alidou DJAFALO. Petit à petit, on note vers les années 1978 une volonté de promouvoir la Médecine et la Pharmacopée Traditionnelles (texte de création de l’ATRS) INRS. En 1979 les autorités gouvernementales ont appuyé cette action en favorisant les missions de recensement des Guérisseurs et des Plantes Médicinales et leur Habitat à travers le territoire national. Il a été créé auprès de l’Office National des produits pharmaceutiques (Togopharma), un laboratoire spécialisé dans la recherche en médecine traditionnelle dirigée par le Docteur HODOUTO. Par ailleurs, et toujours sous l’égide de Togopharma, un autre laboratoire de recherche, le Centre Togolais de Médicaments Traditionnels (CENTOMETRA) a été créé et placé sous la tutelle du Ministère de la Santé Publique et des Affaires Sociales.

 

Dans cette ambiance de progrès, une série d’activités a été engagée à l’Université du Bénin (UB) Lomé-Togo. Nous citerons les travaux du Professeur de physiologie végétale JOHSON Kouavi qui présente une thèse sur le Byrsocarpus coccineus, le Professeur ADJANGBA l’un des premiers chercheurs chimistes à se pencher sur l’étude de quelques plantes médicinales.

 

Les efforts déployés par le gouvernement togolais dans le but d’apporter une contribution substantielle au développement de la médecine traditionnelle, ses pharmacopées et thérapies sont concrétisés par la mise en place d’un Comité International de Recherche Pluridisciplinaire de Technologie Appliquée (COMINTER) au sein duquel existe une Commission santé-pharmacopée, chargée de l’étude approfondie de la situation de la médecine traditionnelle et des approches scientifiques de sa rénovation.

 

La médecine traditionnelle et ses pharmacopées connaissent au Togo une réelle couverture et une participation effective des autorités des soins de santé par le biais d’un service de coordination entre elles et la médecine moderne. Ce qui est un point essentiel dans le processus de la structuration et de la collaboration des deux entités médicales. Il n’est pas rare de rencontrer aujourd’hui un médecin dit moderne travailler en collaboration avec un thérapeute traditionnel. Cette collaboration porteuse de promesses fructueuses et sécurisantes a, d’une manière ou d’une autre, enrayé la grande confusion et le mythe qui entouraient l’herboriste ou un simple colporteur de plantes médicinales, le thérapeute et ritualiste.

 

2.4.  Récentes Promotions de la Médecine Traditionnelle au Togo.

 

Sous la pression des thérapeutes traditionnels et de la demande des utilisateurs, le gouvernement et l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) se concertent pour la mise sur pied des structures de revalorisation.

 

a) De l’organisation d’un séminaire pour promouvoir la médecine traditionnelle.

 

Le gouvernement togolais a réuni à Lomé sous la supervision de l’OMS un séminaire dont l’objectif était : « la définition de la politique nationale de médecine traditionnelle » et la restructuration des acteurs de la médecine traditionnelle. De cette rencontre a jailli l’idée de la création d’une Association Nationale des Thérapeutes Traditionnels (ANTT) qui a vu le jour en 1985. Sous l’insistance d’un certain nombre de membres de l’ANTT, un Congrès de cette Association s’est tenu à Lomé du 29 au 30 Avril 1996. A l’issue de ce Congrès, l’ANTT change de dénomination et devient l’ANET (Association Nationale des Ethno-médecins du Togo).

 

La volonté du gouvernement togolais en vue d’une revalorisation effective de la médecine traditionnelle et les efforts des tenants de la médecine traditionnelle ont abouti à l’organisation du séminaire atelier sur le partenariat entre le Ministère de la Santé et les Thérapeutes Traditionnels, tenu du 15 au 18 septembre 1998 à l’INFA de Tové à Kpalimé, sous le haut patronage du Ministre de la Santé et sous la présidence du Professeur AMEDEGNATO Degno, Chef du Service National de la Médecine Traditionnelle. Ce séminaire marque le couronnement du travail abattu sur le terrain par un certain nombre de centres de recherche de référence à la fois modernes et traditionnels qui oeuvrent pour la valorisation de la médecine traditionnelle togolaise.

 

Au cours de ces assises qui ont duré une semaine, les différents partenaires de la Médecine Traditionnelle et de la Médecine Moderne ont ensemble débattu sur les points suivants :

- Problématique du partenariat entre le ministre de la santé et le secteur de la médecine traditionnelle;

- Proposition et analyse du contenu de l’avant projet de la politique nationale de la médecine traditionnelle;

- Analyse du contenu des projets de textes devant servir de cadre juridique de la médecine traditionnelle;

- La mise en place d’un mécanisme de suivi des décisions.

 

A l’issu du séminaire, un constat s’est dégagé à savoir que : la médecine traditionnelle au Togo était une réalité sur le plan social, culturel et sanitaire et qu’elle connaissait son plein développement sur le plan scientifique et technique. C’était l’occasion d’apprécier le travail effectué par quelques centres de référence qui depuis des années déjà effectuaient un travail remarquable de recherche expérimentale et appliquée dans le domaine de la médecine traditionnelle. Parmi ces centres, on peut citer les plus importants à savoir :

- Le Laboratoire de Botanique et de Recherche Appliquées sur les Thérapeutiques Naturelles (LABORATHENA);

- Le Centre de Recherche Pharmacologique Appliquée sur les Plantes Thérapeutiques Africaines (CERPHA¨PLATA);

- Le Centre AMELAGAN;

- Le Centre de recherches scientifiques pour la préparation des médicaments à base des plantes (Centre ORIDA).

 

Au-delà de ce point appréciable, on notait l’urgence de formalisation et de réglementation de la médecine traditionnelle afin de palier au manque d’expertise en la matière et de permettre ainsi la pleine intégration de la médecine traditionnelle aux soins de santé primaire au Togo, ceci pour un véritable partenariat. Ainsi, les recommandations du séminaire atelier de Kpalimé ont porté sur les points suivants :

- Invitation des autorités à persévérer dans leurs efforts pour promouvoir le cadre institutionnel en matière de recherche sur la médecine traditionnelle;

- Elaboration d’un programme décennale ou quinquennal en matière de médecine traditionnelle;

- Prise en compte de médecine traditionnelle dans le système éducatif du pays;

- La promotion de la médecine traditionnelle au Togo par des organismes nationaux et internationaux qui doivent fournir une assistance technique et financière;

- Etude et adoption d’une définition consensuelle des termes utilisés en matière de médecine traditionnelle;

- Prise en compte des aspects rituels de la médecine traditionnelle dans le document final de politique;

- Institution d’une décennie nationale de la médecine traditionnelle;

- Mise en place d’une pharmacopée traditionnelle nationale;

- Autorisation des essais cliniques des médicaments traditionnels au Togo;

-. Mise en place d’un comité de suivi et de gestion des résolutions et recommandations de l’atelier.

 

b) Mise en oeuvre des recommandations du séminaire :

 

Suite au séminaire atelier sur le partenariat entre le Ministère de la santé et de la médecine traditionnelle, et contrairement à l’esprit de lenteur du processus de mise en oeuvre des résolutions des assises dont souffre les institutions africaines, le développement du processus de réglementation de la médecine traditionnelle s’est accéléré. C’est ainsi que sur le plan gouvernemental, un projet de loi relatif à l’exercice de la médecine traditionnelle au Togo est adopté en conseil des ministres le 4 novembre 1998 et se trouvent pour le moment sur la table de l’assemblée nationale.

 

Sur le plan académique, des mémoires ont été soutenus à l’université du Bénin en Décembre 1999 sur les médicaments génériques et plantes médicinales africaines. Sur le plan des institutions de recherche, un travail a continué à se développer avec cette fois-ci plus de sécurité. On note entre autres : un programme de protection de l’environnement, de conservation et de sauvegarde des plantes médicinales menacées de disparition au Togo initié et réalisé par le CERPHAPLATA et « Les Amis de la Terre-Togo ». D’autres programmes tels que : « L’éducation sur les plantes médicinales en milieux scolaires » sont également en cours de réalisation par d’autres acteurs.

 

III. LES PLANTES MEDICINALES LES PLUS COMMUNEMENT UTILISEES ET LEURS USAGES.

 

Des efforts ont été menés aussi dans le cadre des inventaires des plantes médicinales. Dans ce cadre, outre les travaux de la mission éthno-botanique et floristique effectués au Togo, du 9 juillet au 14 août 1984 grâce au financement de l’ACCT, qui ont permis de recenser 348 plantes médicinales, un autre inventaire éthno-botanique a été réalisé par le CERPHAPLATA afin de quantifier les plantes médicinales les plus utilisées par rapport à leurs zones de peuplement. Il ressort de cet inventaire que les plantes médicinales sont diversement peuplées en fonction des différentes régions du Togo. L’enquête relève non seulement leur importance vitale pour les soins de santé mais aussi et surtout leur perte croissante en raison de la surexploitation et la destruction de leur habitat.

 

Une liste nominative des plantes médicinales et aromatiques les plus menacées de disparition du Togo et par conséquent les plus utilisées est disponible au sein du CERPHAPLATA. Nous nous limiterons dans le cadre de cette étude à présenter quelques plantes médicinales les plus utilisées, leurs noms botaniques, leurs noms vernaculaires, les symptômes traités ainsi que les organes utilisés.


 

Nom botanique de la plante
Noms vernaculaires de la plante (Ewé ou Mina)
Symptômes
Organes utilisés
Adansonia digitata
Adidoti
Anémie
Feuilles jeunes
Euphorbia hirta
Notsigbé
Dysenterie
plante entière
Fagara zanthoxyloïdes
Heti
Maux de dents Odontalgie
Ecorces des racines/fruits
Kegelia africana
-
Blénorragie
Ecorce
Khaya senegalensis
Mahogeni
Anémie
Ecorce du tronc
Luffa cylindrica
Yovokutsa
Affection de la peau
Feuilles
Momordica charantia
Kakla
Otalgie (otite compris)
Feuilles
Newbouldia laevis
Akoukoti
Fièvres
Feuilles
Ocimum
Adegbessu
Brûlures
Feuilles
Parkia biglobosa
-
Toux, rougeole
Ecorce  du tronc, feuilles
Phyllantus amarus
Hlivi
Plaies intestinales (ulcère)
Plante entière
Rauwolfia vomitoria
Doadrekemakpowoe
Insomnie
Feuilles
Securinega virosa
-
Blénorragie
Racines

 

 

IV. CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS

 

La médecine traditionnelle devient de plus en plus une réalité vivante dans la communauté. Il est réconfortant de constater la volonté du gouvernement qui accorde plus d’attention à ce secteur d’activité. Des dispositions se prennent pour concrétiser davantage les efforts de réorganisation et d’élaboration d’un véritable processus de rénovation de la médecine traditionnelle.

 

Il est à féliciter la mise en place, au Togo comme dans plusieurs pays africains, d’un cadre juridique et réglementaire permettant l’exercice et l’intégration de la médecine traditionnelle aux soins de santé. Il est également à apprécier l’organisation interne des différents acteurs de la médecine traditionnelle au sein des associations et des institutions de recherche, ce qui, par conséquent, entraîne une résurgence de confiance au sein des populations qui trouvent, par le biais de la médecine traditionnelle, un moyen de recours plus adapté à leur milieu de vie et à leurs moyens matériel et financier.

 

De cette prise de conscience collective, on note un véritable danger quant à l’utilisation rationnelle de la matière première dont utilise les opérateurs delà médecine traditionnelle, à savoir les plantes médicinales. Ces dernières, qui en fonction des différentes sollicitations dont elles font l’objet, sont menacées de disparition. C’est ici le lieu d’apprécier d’une façon particulière des initiatives de certains centres de recherche et de personnalités indépendantes dans le cadre de la création et de l’entretien de jardins botaniques (exemple de jardin du CERPHAPLATA d’une superficie de 67 ha alimenté par une retenue d’eau de 1800 mètres cubes) ainsi que des campagnes de reboisement ( exemple des reboisements effectués chaque année par « Les Amis de la Terre-Togo » dans le cadre de son programme des camps chantiers de volontaires internationaux).

 

Malgré les différentes avancées de la Médecine traditionnelle au Togo, il est opportun de mettre un accent sur un certain nombre de points sous forme de recommandation adressées à tous les acteurs de la société.

 

=> aux autorités gouvernementales et administratives :

·      - Accélérer les modalités d’adoption de la loi portant exercice de la médecine traditionnelle au Togo par l’Assemblée Nationale;

·      - créer au sein de l’Université du Bénin une filière de phytothérapie dans la faculté mixte de médecine et de pharmacie en vue de former les jeunes étudiants;

·      - créer et encourager des projets de culture des plantes médicinales qui sont peu abondantes et rares;

·      - Utiliser les moyens nécessaires pour veiller au développement et à la protection de ces plantes médicinales;

·      - Informer et former la population à identifier les plantes médicinales;

·      - Appuyer matériellement et financièrement les initiatives privées en matière de médecine traditionnelle.

 

=> aux personnels de santé :

·      - Travailler en collaboration avec les thérapeutes traditionnels;

·      - Etudier au laboratoire les phyto-médicaments pour les indiquer aux patients nécessiteux à la place des médicaments génériques sans crainte ou inquiétude de toxicité;

·      - Améliorer le mode de préparation des médicaments chez les thérapeutes traditionnels.

 

=> à la population :

·      - Respecter et protéger les plantes médicinales;

·      - Utiliser les plantes médicinales en commun accord avec les thérapeutes traditionnels afin d’éviter les dangers d’intoxication;

·      - N’utiliser jamais les médicaments pharmaceutiques au même moment que les phyto-médicaments.

 

=> aux thérapeutes traditionnels :

·      - Améliorer les conditions de traitement en demandant les analyses médicales aux patients;

·      - Suivre les formations médicales pour mieux spécifier les diagnostics;

·      - Prévoir un contrôle médical après chaque traitement possible;

·      - Créer et améliorer les laboratoires de conservation et de fabrication des phyto-médicaments.

 

=> à tous :

 

·      - La Protection et la sauvegarde des plantes médicinales. afin d’assurer que les générations futures en disposent en quantité adéquates et durables.

 

En effet, l’appui et le choix de la valorisation de la médecine traditionnelle est un atout non négligeable pour le développement socio-économique du Togo. Toutes contributions allant dans ce sens doivent aboutir aux avantages économiques certains permettant une réelle libération de nos populations vis à vis des facteurs aliénants exogènes car les pratiques médicales traditionnelles concourent au développement économique, social et culturel réellement auto-centré, endogène et indépendant. Ces choix ne feront que renforcer le principe de compter d’abord sur nos propres forces pour s’auto-développer en tirant au maximum partie de nos ressources intellectuelles, culturelles, naturelles et financières. Aux uns et aux autres de jouer pour en tirer la meilleure partie  de notre patrimoine socio-culturel qu’est la médecine traditionnelle.


V. BIBLIOGRAPHIE

 

1. ADJANOHOUN E.J, AHYI A M.R. et Cie : Médecine traditionnelle et pharmacopée : Contributions aux études éthnobotaniques et floristiques au Togo (Rapport présenté à l’A.C.C.T), 1984.

 

2. AHYI A.M.R. : L’art de guérir ancestral en Afrique : Problèmatique et perspectives-colloque du CIRCES, Abidjan, 1993.

 

3. AHYI A.M.R : Médecine traditionnelle, Pharmacopée Africaine et Développement Durable : Motivations culturelles, scientifiques, socio-économiques et écologiques.

 

4. AHYI A.M.R. : Processus de développement de la médecine traditionnelle et des soins de santé primaires, le cas du Togo.

 

5. AMEVOR Aziayé K.G.  : Propriété thérapeutique des plantes en médecine naturelle et tropicale (Tomé 1), Lomé,1984.

 

6. AMEVOR Aziaye K.G. : La maladie, la plante et nous, Lomé,1987.

 

7. AMEVOR Aziaye K.G. : Les plantes d’intérêt thérapeutique en médecine traditionnelle du Togo, Lomé, 1988.

 

8. AMEVOR Aziayé K.G.: Recettes phyto-thérapeutiques en médecines naturelle et tropicale du Togo, Lomé, 1989

 

9. AMEVOR Aziaye K.G. : La santé par les plantes, Lomé, 1994.

 

10. DUTE Kodjo Mathieu Marie : Médicaments génériques et plantes médicinales africaines (Exemple de la Région Maritime du Togo) , Université du Bénin, Lomé, 1999.

 

11 HODOUTO K.K, AHYI A.M.R, AMETSIFE A. Mensah, GBEASSOR M. : Etude de la double activité antimicrobienne et antidiarrhéique de quelques plantes utilisées en médecine traditionnelle au Togo, Lomé, 1985.

 

12. ZAMBOU Céline-Chantal : Contribution à l’étude de la médecine tradtionnelle au Togo (mémoire ), Université du Bénin, Lomé,1990.

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