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“Many people praise and acknowledge the healing power of plants, but few people actually take action to prevent their extension by planting and conserving them for future generations.”

Thursday, 12 December 2013

Niveau Actuel du Développement de la Médecine Traditionnelle en Guinée


Niveau Actuel du Développement de la Médecine Traditionnelle  en Guinée

Ernest  GAMY

MINISTERE DE LA SANTE PUBLIQUE

REPUBLIQUE DE GUINEE

1.                 INTRODUCTION


Comme partout ailleurs en Afrique, parallèlement à l’utilisation des services qu’offrent les Centres de Santé et les établissements hospitaliers, une importante fraction de la population guinéenne (estimée à 80%), recourt quotidiennement aux soins de la médecine traditionnelle, tant dans les zones rurales que dans les centres urbains.

Dans le souci d’assurer des soins de santé efficaces et accessibles à toutes les collectivités, le Gouvernement Guinéen a entrepris depuis plusieurs années, d’intégrer au système national de santé cet important potentiel que constitue la médecine traditionnelle.

L’objectif spécifique visé est de valoriser et d’optimiser l’utilisation des ressources de la médecine traditionnelle (tradipraticiens et médicaments traditionnels), en éliminant les pratiques traditionnelles nuisibles à la santé, dans le cadre général du développement des soins de santé primaires.

Pour y parvenir, la stratégie adoptée s'articule autour de trois axes à savoir :

w  L'intégration

w  La recherche

w  La formation

2.               RESUME DES REALISATIONS


Dans le cadre de l’intégration, les activités suivantes ont été réalisées :

        L’élaboration du document de politique nationale en matière de médecine traditionnelle avec l’aide de l’OMS. Ce document a été adopté par le Conseil des Ministres en sa session du 8 mars 1994 et promulgué par Décret de Monsieur le Président de la République en novembre 1994.

        L’élaboration des textes organiques définissant les tâches dévolues aux responsables de santé à tous les niveaux de la structure sanitaire nationale ; il s’agit :

w  Du texte concernant l’organisation et le fonctionnement du Ministère de la Santé publique ;

w  Du texte relatif à l’organisation et au fonctionnement des structures déconcentrées du Ministère de la Santé Publique.

        L’élaboration de la réglementation relative à l’exercice de la médecine traditionnelle, intégrée au code de santé publique et de l’action sociale.

        La définition des règles d’éthique applicables aux recherches sur la médecine traditionnelle, dans le cadre général du code d’éthique pour la recherche en santé, lui aussi intégré au code de santé publique et de l’action sociale.

        La mise en place des associations des tradipraticiens dans les préfectures de Lola, Guéckédou, N’Zérékoré, Macenta et Siguiri.

        L’élaboration du Plan Directeur de la Médecine Traditionnelle en Guinée pour six ans.

        Dans le domaine de la recherche, les principales activités réalisées sont les suivantes :

        Le recensement des tradipraticiens de la Guinée Maritime et de la Guinée Forestière, sur financement de l’OMS et de l’ACCT, en vue de la constitution du fichier national des tradipraticiens ; dans le même temps, le recensement des vendeurs de médicaments traditionnels sur les marchés de Conakry a été réalisé.

        L’organisation d’enquêtes ethnothérapeutiques auprès des tradipraticiens de Guinée Forestière (sur financement de l’OMS et de l’ACCT), ainsi qu’auprès des vendeurs des médicaments traditionnels sur les marchés de Conakry. L’objectif de ces enquêtes est de recueillir les informations concernant les dénominations vernaculaires des maladies, leur étiologie, leur clinique, leur traitement, ainsi que les données relatives au rituel et aux interdits éventuels liés aux traitements.

        La production de douze documents portant sur les résultats des enquêtes menées en Guinée Maritime, sur financement OMS, et de deux documents sur les enquêtes réalisées auprès des vendeurs de médicaments traditionnels de Conakry ;

        La confection d’un album des principales plantes médicinales de Guinée Maritime et de Guinée Forestière, sur financement OMS ;

        La réalisation conjointe avec l’ORSTOM d’une enquête sur les thérapies traditionnelles des maladies de la fécondité ;

        La production par l’ORSTOM de quatre documents sur les résultats des enquêtes menées sur les thérapies traditionnelles des maladies de la fécondité ;

        La production en collaboration avec l’ORSTOM d’un document portant sur la Médecine Traditionnelle et MST/SIDA ;

        La production d’un document sur la Pharmacopée Traditionnelle Guinéenne ;

        L’élaboration par l’Université après inventaire floristique, de six lexiques des principales plantes médicinales correspondant aux six principales langues nationales parlées dans le pays à savoir le Susu, le Pular, le Maninka, le Kissie, le Lomangoï et le Kpèlè. Le nombre total des plantes recensées dans ce cadre se chiffre à 800 environ ;

        La réalisation de l’étude pharmacognosique par l’Université, de près de 150 plantes de la Pharmacopée Traditionnelle Guinéenne. La démarche adoptée est la suivante :

w  Etude botanique, description macroscopique et microscopique de la plante ;

w  Etude de la répartition géographique, détermination des lieux d’élection, de la densité du peuplement et de la saison appropriée pour la récolte ;

w  Etude des usages populaires, description des usages tels qu’indiqués par les tradipraticiens ;

w  Etude chimique : identification et dosage des principes généraux et des principes doués d’activité physiologique ;

w  Etude pharmacologique : vérification de l’activité thérapeutique présumée de la plante, détermination des limites de toxicité ;

w  Etude galénique : proposition d’une forme pharmaceutique améliorée, stable et diffusible avec indication d’une posologie ;

w  Etude clinique : évaluation de l’efficacité et de l’innocuité thérapeutiques.

Dans le cadre de la formation, plusieurs séminaires ont été organisés dont entre autres :

        Un séminaire de formation des chargés de Médecine Traditionnelle en Guinée Maritime sur financement OMS ;

        Un Séminaire de formation en Médecine Traditionnelle des agents de centres de santé de Kissidougou-Guéckédou avec l’aide de la GTZ ;

        Un Séminaire de formation en Médecine Traditionnelle du Personnel de Centres de Santé et Hôpitaux de N’Zérékoré et Lola avec l’aide de l’EMS ;

        Deux Séminaires de formation sur le SIDA  destiné aux tradipraticiens de Boké et Macenta avec l’appui de PNLS ;

        Séminaires de formation en Médecine Traditionnelle de tous les IRS et DPS à Kankan et Kindia ;

Grâce à la collaboration de l’OMS, une bourse de stage a été accordée à un cadre de la Division, pour une formation en Botanique Systématique au Centre National de Floristique d’Abidjan.

Un module de formation en médecine traditionnelle a été élaboré à l’intention des élèves des Ecoles nationales de la santé. Un atelier a été organisé pour la validation de ce module. Un autre module est présentement dispensé pour les Etudiants du Département de Pharmacie et prochainement pour le Département de Médecine à l’Université de Conakry.

Enfin un bulletin d’information scientifique «Médecine de nos ancêtres » a été mis au point. Trois numéros de ce bulletin ont été déjà diffusés.

Dans la perspective de l’intégration et de l’utilisation des médications traditionnelles dans la gamme des médicaments essentiels des centres de santé, un pharmacien du secteur privé et le LACONA en collaboration avec la Division Médecine Traditionnelle ont mis au point :

w  Un sirop anti-parasitaire à partir de Pavetta owariensis

w  Une teinture utérotonique à partir du Xylopia aethiopica

w  Une pommade dermatologique à partir du Vernonia Colorata

w  Un sirop antitussif à partir du Dissotis Rotundifolia qui connaît un début de commercialisation.

Pour soutenir ces efforts, une table ronde promotionnelle sur la production pharmaceutique locale à base de plantes a été organisée grâce à l’appui de l’OMS.

3.               CONTRAINTES ET DIFFICULTES  


Au nombre des principales contraintes identifiées il faut citer ;

        le manque de ressources financières pour poursuivre le recensement et les enquêtes ethnothérapeutiques en Haute Guinée et en Moyenne Guinée, et pour produire les documents portant sur les résultats des enquêtes menées en Guinée Forestière ;

        le manque de financement pour poursuivre les sessions de formation à l’intention du personnel des Centres de Santé ;

        la faible collaboration entre le personnel de santé et les tradipraticiens, faute de motivation et de formation adéquate ;

        l’absence au niveau intermédiaire, de structures appropriées pour l’évaluation scientifique des thérapies traditionnelles ;

        les faibles capacités de supervision et d’appui technique du niveau central, par manque de moyens logistiques et par manque de formation spécialisée dans certains domaines comme la programmation informatique et l’anthropologie médicale.

        Le manque d’une structure nationale spécialisée de soutien à la recherche et à la formation en médecine traditionnelle ;

        L’absence de mécanisme d’incitation pour la production locale de spécialités pharmaceutiques à base de plantes de la pharmacopée traditionnelle, bien que les études pharmacognosiques aient montré l’efficacité et l’innocuité thérapeutiques d’un grand nombre d’entre elles.

4.               PERSPECTIVES  


Dans les six années à venir, le Département de la Santé Publique se fixe pour objectifs majeurs :

        de renforcer la collaboration avec les tradipraticiens, par la mise en place et la dynamisation des associations des tradipraticiens d’une part, et par la formation – sensibilisation du personnel des centres de santé d’autre part ;

        d’impulser les recherches sur la médecine traditionnelle et les plantes médicinales, par la mise en œuvre d’un programme d’infrastructures, d’équipement et de formation ;

        de promouvoir le développement de la production locale de spécialités pharmaceutiques à base de plantes, en vue de leur introduction progressive dans la gamme des médicaments essentiels des centres de santé ;

5.                CONCLUSION


Comme on le voit, malgré l’existence d’une volonté politique affirmée pour la promotion de l’utilisation des médicaments traditionnels à base de plantes, il faut souligner que nous n’en sommes qu’au stade des préliminaires.

Vous comprendrez dès lors combien est grand notre bonheur de faire cette communication à cet atelier, qui regroupe d’éminents spécialistes du domaine des plantes médicinales, sur le niveau actuel du Développement de la Médecine Traditionnelle et des Plantes Médicinales en Guinée.

Nul doute que les échanges d’expériences qu’il favorisera éclaireront d’une lumière nouvelle la voie devant conduire nos pays à la pleine utilisation de notre riche potentiel de plantes médicinales, dans le cadre de la politique de soins de santé primaires, notamment dans sa composante médicaments essentiels.

A ce niveau, qu’il me soit permis d’exprimer nos chaleureux remerciements au CRDI ainsi qu’au CLEI non seulement pour l’heureuse initiative prise pour organiser le présent Atelier, mais aussi pour l'honneur et le privilège fait à notre pays d'abriter les présents travaux.

Je vous remercie.

 

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