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“Many people praise and acknowledge the healing power of plants, but few people actually take action to prevent their extension by planting and conserving them for future generations.”

Thursday, 12 December 2013

PLANTES MEDICINALES ET MEDECINE TRADITIONNELLE RWANDAISE


PLANTES  MEDICINALES  ET  MEDECINE TRADITIONNELLE  RWANDAISE
Janvier 1998 – Décembre 2003
Association Rwandaise des Ecologistes
ARECO – RWANDA NZIZA A.S.B.L.
B.P. 1.509 – KIGALI
Tél. 8 54 15
7 70 94

1.                 INTRODUCTION

Au Rwanda, la médecine traditionnelle occupe une grande place dans les prestations sanitaires. Elle joue un rôle capital dans les soins de santé primaires et son influence sur l’ensemble de la population est très considérable. En effet, depuis les temps ancestraux, chaque famille Rwandaise connaissait l’une ou l’autre plante ou organe animal utilisé dans la médecine traditionnelle et y recourait régulièrement en cas de maladie. En cas d’incapacité familiale, on faisait appel aux guérisseurs de profession.
Avec l’implantation des cultures importées en coïncidence avec le colonialisme et de la médecine moderne, une hostilité s’est manifestée à l’égard des guérisseurs traditionnels et leurs pratiques furent rejetées en bloc par le pouvoir colonial qui les qualifiait d’actes fétiches et anti-chrétiens. Malgré ce climat peu favorable à la médecine traditionnelle, les tradipraticiens n’ont pas été découragés car ils ont continué leurs pratiques dans la clandestinité et la population n’a pas cessé de recourir à cette thérapeutique dont elle avait en grande estime.
Avec l’avènement de l’Indépendance Rwandaise à partir de 1962, le Rwandais a ressenti le besoin de retrouver son identité socioculturelle : la médecine traditionnelle, partie intégrante de cet héritage devait s’épanouir grâce à ce retour aux sources d’autant plus que la population n’avait jamais cessé de s’y accrocher. Quant au Gouvernement Rwandais, il n’a pas cessé de manifester son intérêt pour la promotion et le développement de la médecine traditionnelle par une assistance aux initiatives des groupes de chercheurs et de guérisseurs.
C’est ainsi qu’en 1974 est né à Butare au sein de l’Université Nationale du Rwanda (UNR), le Centre Universitaire de Recherche sur la Pharmacopée et la Médecine Traditionnelle (CURPHAMETRA), créé par un groupe de chercheurs ; l’objectif principal étant l’étude des plantes médicinales et la promotion de la pharmacopée nationale. A coté de la recherche, ce centre assurait l’encadrement de quelques guérisseurs dont les chercheurs exploitaient scientifiquement le savoir-faire.
En 1976 fut créé à Kibungo le Centre de médecine Traditionnelle de Bare, par un groupe de guérisseurs dirigé par un prêtre-guérisseur. Au même moment, les guérisseurs de tous les coins du pays remettent au grand air la pratique de la médecine traditionnelle. Dans le cadre de la promotion de cette médecine, le Gouvernement Rwandais a mis en place en 1985 une commission chargée d’élaborer un avant-projet de loi portant organisation de la médecine traditionnelle. L’avant-projet fut examiné en 1991 par le comité interministériel de coordination technique mais n’a jamais été finalisé pour sa publication et son application jusqu’aujourd’hui. Par ailleurs en 1989, le Gouvernement Rwandais a lancé un recensement national des tradipraticiens à travers tout le pays. Celui-ci a révélé que leur nombre approcherait dix mille dont 10 groupements et 16 guérisseurs isolés.
Avec les événements de 1994 qui ont sérieusement secoué le Rwanda, tous les acquis ont été bouleversés ; la guerre a non seulement emporté de nombreuses vies des chercheurs et des tradipraticiens, mais aussi détruit les écosystèmes, infrastructures, etc. Au cours de la période de l’après-guerre, le Ministère de la Santé a essayé de relancer les activités de suivi du système médicale traditionnelle mais éprouve beaucoup de difficultés liées au manque de ressources humaines, matérielles et financières.
Actuellement, ce Ministère a pu visiter seulement un groupement de guérisseurs et a déjà échangé des correspondances avec deux autres ainsi qu’avec 14 guérisseurs isolés. Dans ces correspondances, les tradipraticiens sollicitent une reconnaissance officielle et un soutien financier. Ils reçoivent une réponse d’encouragement leur demandant de poursuivre leurs activités dans le milieu où ils sont reconnus et appréciés par la population en attendant l’adoption de la loi portant organisation de la médecine traditionnelle.
La politique sanitaire nationale actuelle est basée sur les soins de santé primaires dispensés avec équité dans le cadre d’un système de santé intégré. Néanmoins, le Gouvernement reconnaît qu’une grande partie de la population recourt aux services de la médecine traditionnelle et encourage celle-ci à s’organiser.
1.                 CONTEXTE DU PROJET
Dans son plan de travail quinquennal 1998-2003, l'Association Rwandaise des Ecologistes, ARECO-RWANDA NZIZA s'est fixé comme objectif le renforcement des capacités des communautés locales à s'organiser en associations/groupements afin de profiter des acquis de la médecine traditionnelle rwandaise ainsi qu'à l'amélioration de la participation de celles-ci à la gestion et à la conservation de la biodiversité.
Comme ci-haut mentionné, le domaine de la médecine traditionnelle appartient aux communautés locales et constitue la principale source des soins de santé primaires pour un bon nombre de Rwandais. La tendance actuelle de la politique gouvernementale à rendre payant les soins de santé traduit l'incapacité de l'Etat Rwandais à assurer une prestation de services de qualité à un prix acceptable à tous et notamment aux personnes les plus vulnérables et les plus pauvres. Hormis les frais de transport et le coût élevé des médicaments, à la campagne tout comme en milieu urbain, il faut parfois voyager pour atteindre le dispensaire, l'hôpital ou la pharmacie les plus proches. Toutes les approches du projet contribueront à pallier la carence des médicaments importés trop coûteux et à optimiser la couverture sanitaire du pays où les moyens sanitaires font défaut. Cependant, faute de loi cadre portant organisation de la médecine traditionnelle, celle-ci reste peu exploitée par la médecine moderne au Rwanda.
Le centre de santé devrait constituer l'interface entre la médecine moderne et la médecine traditionnelle. Dans ce sens, l'utilisation des ressources de la médecine traditionnelle est préconisée pour promouvoir la santé de la population en insistant sur la complémentarité et la collaboration entre les tradipraticiens et les systèmes sanitaires périphériques.
Sur base des réalités du pays, il faut tenir compte que les tradipraticiens utilisent diverses connaissances dans les préparations des recettes médicinales et dans l'administration de celles-ci à des patients concernés. Ainsi, les renseignements fournis par les tradipraticiens révèlent que les communautés locales ont besoin non seulement de bénéfices à long terme, mais aussi des gains à court terme provenant de leurs activités relatives à l'utilisation de la médecine traditionnelle, de la pharmacopée et des plantes médicinales locales.
Il est à rappeler que les événements d'avril-juillet 1994 ont profondément bouleversé tous les acquis antérieurs (destruction des écosystèmes, disparition des tradipraticiens, etc.) de la médecine traditionnelle rwandaise et beaucoup d'efforts devront être fournis pour sa réhabilitation.
Les actions d'ARECO-RWANDA NZIZA devront contribuer à l'organisation des associations locales des tradipraticiens dans l'objectif de tirer profit de leur savoir-faire et de les aider à utiliser et à gérer les ressources naturelles de la biodiversité pour subvenir à leurs besoins en matière de santé et de protection de l'environnement.
 
Situation escomptée à la fin du projet
a.       Les communautés locales, les populations locales et les tradipraticiens seront sensibilisés, formés et informés sur l'utilisation rationnelle et efficiente des plantes médicinales locales, sur l'importance de la conservation et de la protection, la manière de les utiliser et l'intérêt de les protéger pour une utilisation et un développement durables dans le contexte de promouvoir un mécanisme de valoriser la médecine traditionnelle, de la pharmacopée et des plantes médicinales locales pour en tirer profit  et subvenir à leurs besoins ;
b.      Mise en place des pépinières des plantes médicinales sur toute la zone couverte par le projet pilote.
2.               APPROCHE METHODOLOGIQUE DU PROJET.
Compte tenu de l'ampleur du projet sur le plan national, ARECO-RWANDA NZIZA envisage de tester la réussite du projet sur une zone pilote qui correspondrait géographiquement à une préfecture (région sanitaire). Le choix de la zone pilote sera déterminé par la coordination du projet en tenant compte des acquis antérieurs en matière de médecine traditionnelle : par exemple la préfecture de Kibungo où il fut créé un centre de médecine traditionnelle depuis 1976. Ce choix serait motivé par son étendu, le nombre de centres de santé ainsi que la disponibilité probable de quelques anciens tradipraticiens qui pratiquent encore.
3.               BENEFICIAIRES DU PROJET ET UTILISATEURS
Les bénéficiaires cibles du projet seront les membres de chaque communauté locale couverte par le projet. L'utilisation des plantes médicinales locales dans les préparations et l'administration des recettes médicinales dans un programme de santé des soins primaires permettra à toutes les familles rwandaises de se faire soigner à moindre coût.
4.               OBJECTIF GLOBAL DU PROJET :
Promouvoir la conservation des plantes médicinales et la valorisation de l'utilisation de la médecine traditionnelle au niveau national. Compte tenu des caractéristiques du sous-secteur de la médecine traditionnelle au Rwanda, le projet PLANTES MEDICINALES ET MEDECINE TRADITIONNELLE RWANDAISES a pour objectifs immédiats :
(a)    Etablir un bilan diagnostique sur la zone qui sera couverte par le projet (centres de santé, districts et régions sanitaires) de l'état de la médecine traditionnelle ;
(b)   Aider les tradipraticiens de cette zone à s'organiser en associations locales ;
(c)    Développer la culture des plantes médicinales couramment utilisées et celle des espèces médicinales en voie de disparition ;
(d)   Contribuer à l'étude des usages populaires des plantes médicinales tels qu'indiqués par les tradipraticiens (indications thérapeutiques, modes de préparations, schémas thérapeutiques, etc.).
(e)    Identifier et dresser des listes des plantes médicinales communément utilisées pour soigner les maladies ;
(f)    Cultiver les plantes médicinales pour assurer l'approvisionnement ;
(g)   Conserver des populations d'espèces de plantes médicinales dans des jardins botaniques villageois.
Ces objectifs immédiats donnent lieu aux produits et activités qui sont résumés dans le tableau ci-après:


OBJECTIFS IMMEDIATS, PRODUITS ET ACTIVITES
 
Objectifs
Produits
Activités
Etablir un bilan diagnostique de l'état de la médecine traditionnelle dans la zone qui sera couverte par le projet.
P.1.            Rapports sur l'état de la médecine traditionnelle (Centre de Santé, District ou Région Sanitaire)
Activité n°1 : Recensement des tradipraticiens
Activité n°2 : Organisation d'un atelier sur la médecine traditionnelle
Activité n°3 : Organisation d'un atelier/séminaire pour justifier les actions prioritaires.
Aider les tradipraticiens de la zone couverte par le projet à s'organiser en associations locales.
P.2.Existence d'un système opérationnel d'information sur l'état de la médecine traditionnelle dans les communautés locales.
Activité n°4:       
-          Organisation des associations des tradipraticiens par commune (centre de santé) et par préfecture (district ou région sanitaire) ;
-          Organisation d'un système de collecte d'informations en matière de la médecine traditionnelle, de la pharmacopée et des plantes médicinales ;
-          Spécification des activités à mener et des données à collecter ;
-          Définition des mécanismes de fonctionnement et de coordination des associations des tradipraticiens ;
-          Mise en place d'un processus d'analyse continue des données et de rétroinformation.
Activité n°5:      Formation des tradipraticiens qui acceptent de témoigner sur leurs connaissances.
Identifier et dresser des listes des plantes médicinales communément utilisées pour soigner les maladies.
P.3.            Etablissement des bases de données sur la médecine traditionnelle, la pharmacopée et les plantes médicinales locales.
Activité n°6:       Organisation d'une enquête au sein des associations des tradipraticiens pour recueillir les données sur les plantes médicinales ; leurs dénominations vernaculaires, la clinique, l'étiologie, le traitement (composition des recettes, préparation, administration, interdits, rituels).
 
Développer la culture des plantes médicinales couramment utilisées et celles des espèces en voie de disparition.
P.4.            Culture et propagation des plantes médicinales.
Activité n°7:       
-          création de clinique de médecine traditionnelle ;
-          création de jardins botaniques et de pépinières ;
-          herborisation des plantes médicinales.
 
P.5.            Protection et conservation des espèces en voie de disparition.
Activité n°8:      Sensibilisation, formation et information des communautés locales/ tradipraticiens :
-          à la gestion de l'environnement ;
-          à la gestion rationnelle efficiente des ressources naturelles ;
-          à la protection et à la conservation des espèces de plantes médicinales locales en voie de disparition.
Contribuer à l'étude des usages populaires des plantes médicinales tels qu'indiqués par les tradipraticiens (indications thérapeutiques, modes de préparations, schémas thérapeutiques, etc.)
P.6.            Rapport sur les études éthno-thérapeutiques (au sein des associations des tradipraticiens).
Activité n°9:      Passer en revue les méthodes de préparations des recettes médicinales ainsi que leurs pratiques liées à leur administration à des patients : récolte et préparation des recettes médicinales, technique d'administration, pratiques socio-culturelles accompagnant celles-ci, effets positifs et/ou secondaires des recettes médicinales.
Activité n°10:   Définir la paternité des techniques de traitement : la posologie, la propreté de la recette médicinale, l'évaluation de l'impact sanitaire au niveau de la communauté locale et nationale des innovations.
 
 
 
 
Cultiver les plantes médicinales pour assurer l'approvisionnement.
P.7.            Génération des revenus pour les associations locales des tradipraticiens dans le cadre de l'utilisation des plantes médicinales.
Activité n°11:   
-          organisation et animation des associations locales des tradipraticiens en vue de la maîtrise des techniques, nécessaires à la conduite de leurs activités et de l'autonomisation de leur structure de base ;
-          promouvoir des mouvements associatifs au sein des communautés locales en vue de la culture des plantes médicinales ;
-          revaloriser les systèmes traditionnels de communication en vue de développer les circuits d'approvisionnement des produits dérivés des plantes médicinales locales.
 
 
Activité n°12:  Appui à la commercialisation des produits dérivés des plantes médicinales
Conserver des populations d'espèces de plantes médicinales dans des jardins botaniques villageois.
P.8.            Jardins familiaux et communautaires qui apportent une solution viable à la nécessité d'élaborer des remèdes à bon marché et disponibles sur place.
Activité n°13:  .
-          Vulgarisation des résultats des études ethnothérapeutiques au sein des communautés locales.
-          Vulgarisation des communautés locales à cultiver des espèces de plantes médicinales dans des jardins botaniques villageois.
-          Vulgarisation des populations à créer des jardins botaniques et pépinières familiaux.
Activité n°14:  Organisation d'un atelier/ séminaire pour l'évaluation du projet.
 

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