Titre: Disparition
des espèces ligneuses médicinales et médecine
traditionnelle au Niger: Causes et enjeux.
Mahamane
Larwanou
Chercheur
Institut
National de Recherches Agronomiques du Niger
INRAN/CERRA/Tahoua
BP
204, Tahoua, Niger
Résumé:
Au Niger, il a été
identifié 270 espèces végétales à importance médicinale. Toutes ces espèces
sont utilisées dans la pharmacopée traditionnelle. Plus de 90% de la population
nigérienne utilise la médecine traditionnelle pour se soigner car l’accès aux
soins modernes n’est pas à la portée des populations qui se battent chaque jour
à trouver de quoi manger.
Des informations
informelles faisaient état de la disparition de certaines espèces en majorité
des ligneux. D’autre part, il est remarquable à première vue une érosion
génétique des espèces. Pour confirmer ou infirmer ces faits, une étude a été
diligentée depuis 1995 pour identifier les espèces des plantes médicinales
disparues ou menacées de disparition.
Cette étude a révélé qu’un nombre important d’espèces ligneuses (10 à
31) suivant les régions ont disparu et 7 à 30 différentes espèces sont menacées
de disparition. Cet état de fait doit interpeller la conscience d’un grand
nombre d’individus.
Au cours de l’étude,
les causes de disparition de ces espèces ont été identifiées ainsi que les avis
des populations bénéficiaires quant aux solutions à envisager pour y en
remédier. Les utilisations de ces espèces tant en médecine et la pharmacopée
traditionnelles ainsi que pour d’autres fins ont été inventoriées.
Des exemples de cas de
certaines espèces mystérieuses qui actuellement n’existent pas seront présentés
et partagés avec la communauté internationale.
Des textes législatifs
régissant la médecine et la pharmacopée internationales ont été évoqués ainsi
que les différentes associations des tradipraticiens.
La médecine et la
pharmacopée traditionnelle au Niger présentent un avenir radieux n’eut été la
surexploitation des espèces qui occasionnerait leur disparition.
Les enjeux posés sont
énormes et variés tant pour la population, les scientifiques, le gouvernement
et la communauté internationale.
I. Introduction
Au Niger, le
capital-ressouces naturelles subit des pressions de plus en plus fortes du fait
de la situation géographique, économique et écologique mais aussi par une
population en croissance rapide et dont les besoins ne cessent d’augmenter.
Cette population essentiellement pauvre est obligée de recourir aux ressources
naturelles pour satisfaire ses besoins fondamentaux d’alimentation, d’habitats
et de santé. L’insuffisance des connaissances sur les pratiques d’exploitation
des ressources biologiques est souvent défavorable à une gestion rationnelle.
L’essentiel des besoins fondamentaux (90% environ) des populations
rurales du pays sont satisfaits à partir des ressources biologiques. Saadou (1998) rapporte que quatre
cents soixante- huit (468) espèces soit 21,8% des 2143 espèces de la
biodiversité végétale inventoriée au Niger sont exploitées par l’homme, dans
les domaines aussi variés que l’alimentation, la préservation de la santé, la
construction de l’habitat, l’artisanat, la culture, etc..
Dans certaines régions
du pays, notamment les zones lointaines et enclavées, la population a
systématiquement recours aux ressources végétales pour se soigner ou préserver
sa santé. Cette protection sanitaire instigue la promotion de la pharmacopée
traditionnelle. Deux cents soixante-dix (270) espèces appartenant à 70 familles
interviennent en pharmacopée traditionnelle. La médecine traditionnelle basée
sur l’usage des plantes est une pratique qui occupe de nos jours plus de 90% de
la population rurale (Guinko, 1991).
Au Niger, la place des
ligneux dans la pharmacopée traditionnelle est très importante. Il est souvent
affirmé que “ tout arbre traite et
guérit une pathologie ”. Cette affirmation présuppose que chaque arbre a
été créé par Dieu pour soigner une maladie.
Mais, la connaissance de tel arbre pour telle maladie n’est pas léguée à
tous. Quatre-vingt-dix pour cent (90%) de la population nigérienne utilisent la
médecine traditionnelle pour se
soigner car les produits
pharmaceutiques modernes et les frais de
consultation auprès d’un médecin moderne ne sont pas à la portée de tous. Le
traitement traditionnel même s’il n’est
pas gratuit peut être obtenu à moindre frais
et sans dérangement. La pauvreté des populations ne leur permet pas
d’adopter (et se conformer à) des modes de gestion rationnelle des ressources
naturelles. Les gens luttent encore quotidiennement pour satisfaire leurs
besoins les plus élémentaires: manger, boire, se soigner.
Comme dans tous les
pays sahéliens, il est remarquable à première vue une diminution progressive de
notre patrimoine floristique. Cette régression floristique qui se manifeste du
nord vers le sud est caractérisée par une érosion génétique.
Il est indéniable, même si cela n’a pas été jusqu’à présent quantifié
que l’évolution défavorable des conditions
climatiques et les actions anthropiques sont les causes principales de
la perte de la variabilité floristique de nos écosystèmes (Mahamane et al.,
1995). Les conditions drastiques du milieu et la forte pression exercée par
l’homme font que les espèces ligneuses locales sont en constante dégradation.
De ce qui précède, il
apparaît que la situation est
préoccupante du fait des enjeux suivants
: i) la disparition de ces sources de médicaments facilement accessibles par la
majorité de la population ; ii) cette activité (médecine traditionnelle)
pratiquée depuis l’antiquité est en danger et iii) que l’Etat ne peut pas garantir
les soins modernes aux populations.
Il est bien clair que
des dispositions doivent être prises afin de pallier à cette situation. L’étude
diligentée pour recenser les espèces ligneuses médicinales disparues ou
menacées de disparition afin de situer les problèmes et de chercher les
solutions avec tous les acteurs concernés et le lien étroit avec la médecine et
la pharmacopée traditionnelles se justifie.
II. Aperçu sur la situation
socio-économique du Niger
2.1 Evolution de la
population de 1905 à 1997
La population
nigérienne était de 1.074.000 habitants en 1905 à 9.205.000 habitants en
1997. Comme on peut le constater, cette
population augmente très rapidement avec un taux d’accroissement de 3.32%.
Cette forte augmentation est imputable aux effets combinés d’une natalité
élevée et stabilisée à 52/00 depuis 1960 et une mortalité en baisse continue
(27/00 dans les années 1960, 19/00 en 1988. A titre comparatif, en 1988,
l’Afrique et le monde enregistrent respectivement des taux moyens de mortalité
de 15/00 et 10/00.
2.2 Situation économique
Il faut souligner que
l’économie nigérienne a été et est toujours largement dominée par les activités
du secteur primaire (agriculture, élevage et forêt avec respectivement pour les
années 1961 et 1991 comme apport en pourcentage (% ) du PIB, 35,3; 20,7; 5,2 et
18,6; 12,8; 4,4) (source: mission d’identification, FIDA, 1994). Selon une
étude réalisée en 1994 par la Direction de la Statistique et des Comptes
Nationaux, 63% des nigériens vivent en dessous du seuil de pauvreté et parmi
ceux-ci, 34% vivent en dessous du seuil extrême de pauvreté. Or 86% des pauvres
vivent en milieu rural où ils ne peuvent qu’exercer une pression croissante sur
les ressources naturelles afin d’assurer leur survie.
2.3 Couverture sanitaire
Le constat ci-dessus
montre un lien qui existe entre la montée démographique et la situation
économique de la population et démontre que dans les années à venir, si cette
tendance se maintient, les ressources naturelles seront très surexploitées si
les mesures nécessaires ne sont pas prises. Cette pauvreté des populations est
reflétée par un taux très faible de scolarisation estimé à 27% en 1996 et par
un très faible taux de couverture sanitaire surtout en milieu rural. En 1995,
il n’y avait qu’un médecin pour 65.000 habitants et une sage-femme pour 27.000
femmes en âge de procréer.
III. Situation de la
médecine traditionnelle au Niger
3.1 Textes législatifs
régissant la pharmacopée et la médecine traditionnelles au Niger
La pharmacopée et la
médecine traditionnelles jouent un rôle important dans la préservation de la
santé des populations nigériennes. Pour preuve, le décret N°97-301PRN/MSP du 6
Août 1997 fixant les modalités d’application de l’Ordonnance N°97-002 du 10 Janvier
1997 portant législation pharmaceutique à son titre IV traite de la médecine et
de la pharmacopée traditionnelles. En son article 78, les phytothérapeutes
(ceux qui soignent principalement par les plantes) et les herboristes (les
vendeurs des plantes médicinales) font partie des catégories des
tradipraticiens. Au Chapitre II de cette ordonnance, il a été question des
conditions d’exercice de la médecine et de la pharmacopée traditionnelles.
Cette loi traite aussi d’un domaine aussi important qu’est la propriété
intellectuelle; l’article 86 stipule que “ le tradipraticien peut
prétendre à un certificat de connaissance protégé par le texte relatif à la
propriété industrielle s’il accepte de livrer une recette ou formule pour des
besoins de recherche scientifique ”. Un arrêté du Ministre chargé de la
Santé Publique pour aider au rayonnement de la médecine et de la pharmacopée
traditionnelles désignera les correspondants nationaux et étrangers (article
87).
Ce décret abroge toutes les dispositions antérieures contraires
notamment le décret n°55-1122 du 16 Août 1955 fixant les modalités
d’applications de la loi n°54-418 du 15 Avril 1954 étendant aux territoires
d’outre-mer, au Togo et au Cameroun certaines dispositions du Code de la Santé
Publique relatives à l’exercice de la pharmacie.
Il apparaît clairement qu’avant cette loi de 1997, les textes en
vigueur étaient des textes d’avant l’indépendance qui ne répondent pas à la
réalité du moment.
Ces dispositions législatives montrent bien l’intérêt que le
gouvernement du Niger attache à la médecine et à la pharmacopée
traditionnelles.
3.2 Organisation des
tradipraticiens
Les tradipraticiens du
Niger se sont organisés en association pour non seulement contrôler leurs
activités afin de savoir qui fait quoi, où et comment mais aussi et surtout
pour défendre leurs intérêts. C’est ainsi que la première association dénommée
“ Association des Tradipraticiens du Niger ” a vu le jour il y a de
cela très longtemps. Cette association regroupait seulement les praticiens de
la médecine et pharmacopée traditionnelles. Tout récemment, une autre
association dénommée “ Association Pharmaco-Santé Niger” a vu le jour
en 1999. Cette nouvelle association qui se veut rénovatrice a pour objectif
principal de contribuer à l’amélioration de la santé des nigériens sur la base
de leur culture et de leur environnement. Elle s’est fixé des objectifs
spécifiques parmi lesquels il faut retenir:
1. la réhabilitation et la diffusion de la pharmacopée traditionnelle
en faveur des populations nigériennes et, en particulier, des plus démunies en
matière de soins de santé primaires;
2. l’inventaire des plantes médicinales disponibles au Niger: la mise
en évidence de leur activité, leur toxicité, l’étude clinique au niveau des
centres sanitaires des plantes retenues;
3. la mise à disposition des médecins et pharmaciens des médicaments
ayant ainsi prouvé leur efficacité;
4. la coordination de l’action des tradipraticiens au niveau national;
l’appui à l’expression et à la mise en pratique de leur savoir;
5. la sauvegarde de la végétation en tant que ressources de la
pharmacopée traditionnelle et la promotion de la culture des plantes
médicinales.
Avec ces associations,
il est clair que la médecine et la pharmacopée traditionnelles présentent un
avenir radieux au Niger et méritent d’être soutenues par tous les acteurs.
Un recensement des tradipraticiens est en cours pour le moment ce qui
fait que le nombre exact n’est pas encore connu. Tout ce qui est sûre c’est que
ce nombre est important.
IV. Place des ligneux dans
la médecine et la pharmacopée traditionnelles
4.1 Les principales espèces
utilisées.
Dans les villages,
presque toutes les plantes ligneuses sont utilisées en pharmacopée (Guinko,
1991). Il rapporte qu’au Niger comme au Burkina Faso, les gousses des Acacias
sont surtout utilisées dans le traitement des maladies des voies respiratoires
et de la bouche. Les écorces sont très utilisées contre les diarrhées et
dysenteries infantiles, et c’est pour cela que dans les villages, les troncs
des divers acacias portent de nombreuses blessures résultant des écorçages à
des fins médicinales.
Comme annoncé dans
l’introduction, tout arbre est porteur de substances qui guérissent ou traitent
une pathologie. Il convient simplement de connaître la partie à utiliser,
comment l’utiliser et quand l’utiliser. Ces faits ne sont pas connus de tous.
Il existe néanmoins des espèces ligneuses couramment utiliser pour le
traitement des maladies fréquentes comme la dysenterie, la diarrhée, les
courbatures, les maux de ventre, de tête, les fatigues, les faiblesses
sexuelles, les hémorragies, les morsures des serpents, etc. Ces espèces sont(
Mahamane, 1998): Prosopis africana,
Cassia sieberiana, Gardenia sp, Daniella oliveri, Detarium microcarpum, Guiera
senegalensis, Khaya senegalensis, Lannea microcarpa, Lannea acida, Parkia
biglobosa, Securidaca longepedunculata, Securinega virosa, Terminalia
avicennoides, les Acacias, Boswellia dalzielli, stereospermum kunthianum, etc.
Des maladies qui jusqu’à présent n’ont pas trouvé de remèdes dans la
médecine moderne sont traitées par la médecine traditionnelle. C’est le cas de
l’asthme, le diabète, la tension, l’ulcère, etc.. Les plantes ligneuses comme Securidaca longepedunculata, Strychnos sp, Ximenia americana, Ziziphus
mucronata, amblygonocarpus
andongensis sont utilisées pour les traiter.
4.2 Les différentes formes
d’exploitation et utilisation
4.2.1 Les formes
d’exploitation
En général,
l’exploitation des ligneux pour la pharmacopée traditionnelle se fait par
l’enlèvement des différentes parties de l’arbre ou arbuste. Les parties
enlevées sont les feuilles, les écorces, les racines, les fleurs, les fruits,
les graines et de fois c’est le coeur de la plante qui est exploitée.
Ces différentes formes d’exploitation sont défavorables à la
régénération de la plante. Elles tuent carrément la plante si l’exploitation
est répétée ou faite en quantité importante.
Un travail de sensibilisation et de formation doit être entrepris pour
assurer la pérennité de l’oeuvre.
4.2.2 Les formes
d’utilisation
Les différentes formes
d’utilisations sont fonction des parties exploitées. Un entretien informel avec
des tradipraticiens révèle que les formes d’utilisation sont aussi liées au
type de maladies à traiter. Pour utiliser certaines parties, la macération
simple suffit alors que pour d’autres, le produit doit être sec et pilé. Un
aspect non moins important est l’utilisation de la puissance de verbe appelée
incantation. Il nous a été révélé que l’efficacité de certaines plantes que ça
soit au cours de l’exploitation ou de l’utilisation requiert des incantations.
V. Enquête sur la
disparition des espèces ligneuses médicinales au Niger
5.1 Introduction
Cette étude qui trouve
toute sa justification dans l’introduction de ce présent document a concerné
cinq régions du Niger: Diffa, Dosso, Maradi, Tahoua et Zinder.
Les objectifs assignés
à cette étude étaient de: 1) recenser les espèces ligneuses disparues ou
menacées de disparition; 2) identifier les causes de disparition de ces
espèces; 3) déterminer la situation des peuplements de ces espèces dans le
temps et leurs stations écologiques respectives; 4) avoir les avis des
populations et des tradipraticiens sur les solutions possibles; 5) avoir des
informations sur les utilisations de ces espèces et 6) faire la collecte et la conservation
des semences des espèces restantes.
Pour recueillir toutes
ces informations, deux composantes étaient utilisées; il s’agissait de
l’enquête au niveau des villages avec un questionnaire élaboré pour la
circonstance et des transects ont été déterminés et suivis pour confirmer ou
infirmer les informations fournies par les populations et les tradipraticiens.
5.2 Résultats
Les informations qui
seront présentées pour cette présentation sont les espèces disparues et
menacées de disparition, les causes de disparition et les avis des populations
sur les solutions possibles. Ces informations seront présentées sous forme de
tableaux pour faire ressortir les réalités spécifiques des régions concernées.
5.2.1 Espèces disparues
Tableau 1. Espèces disparues par régions
|
Régions
|
||||
Espèces disparues
|
Diffa
|
Dosso
|
Maradi
|
Tahoua
|
Zinder
|
Grewia
vilosa
Grewia
tenax
Grewia
flavescens
Parinari
curatellifolia
Detarium
microcarpum
Ximenia
americana
Xeromphis
nilotica
Pterocarpus
erinaceus
Securidaca
longepedunculata
Acacia
polyacantha
Loncocarpus
cyanescens
Cissus
quadrangularis
Securinega
vinosa
Ziziphus
mucronata
Parinari
macrophylla
Strychnos
spinosa
Strychnos
sp.
Ficus
capensis
Vitellaria
paradoxa
Borassus
aethiopum
Caparus
tomentosa
Boswellia
odorata
Burkea
africana
Olea
hochstetteri
Hyperthelia
dissoluta
Vitex
simplicifolia
Amblygonocarpus
andongensis
Trichilia
roka
Nauclea
latifolia
Pterocarpus
lucens
Coculus
pendulus
Lannea
humulis
Strophanthus
hispidus
Lannea
fructicosa
|
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+
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Total
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13
|
10
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13
|
21
|
23
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5.2.2 Espèces menacées de
disparition
Tableau 2: Espèces menacées de disparition
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Régions
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Espèces menacée de disparition
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Diffa
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Dosso
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Maradi
|
Tahoua
|
Zinder
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Croton
zambesicus
Cadaba
glandulosa
Cadaba
farinosa
Grewia
bicolor
Maerua
crassifolia
Ficus
platyphylla
Lannea
microcarpa
Lannea
acida
Sterculia
setigera
Terminalia
avicennoides
Cienfirengosia
heteroclada
Crateva
religiosa
Maerua
angolensis
Boscia
salicifolia
Stereospermum
kunthianum
Bombax
costatum
Afronosia
laxiflora
Ficus
cycomorus
Anogeissus
leiocarpus
Combretum
aculeatum
Celtis
integrifolia
Boswellia
odorata
Vitex
doniana
Parkia
biglobosa
Diospyros
mespilliformis
Ceiba
pentandra
Prosopis
africana
Combretum
nigricans
Gardenia
rubescens
Gardenia
erinaceus
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Total
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11
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7
|
11
|
30
|
13
|
5.2.3 Les causes de
disparition
Tableau 3: Causes de disparition
|
Régions
|
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||||
Causes de disparition
|
Diffa
|
Dosso
|
Maradi
|
Tahoua
|
Zinder
|
||||
1. Sécheresses et insuffisances de pluies de
ces dernières années
2. Déplacement des isohyètes
3. Coupes abusives pour divers usages
4. Utilisation des espèces pour la
pharmacopée traditionnelle
5. Défrichement pour extension des champs
agricoles
6. Vents violents
7. Vieillissement des sujets
8. Attaques parasitaires
9. Feux de brousse répétés
10. Augmentation de la population
11. Profondeur de la nappe phréatique
12. Surpâturage
13. Manque de régénération naturelle
14. Manque de suivi des services forestiers
15. Pauvreté et manque d’activités
régénératrices de revenus
16. Erosion éolienne et hydrique
17. Inondation
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+
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+
+
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||||
Total
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16
|
14
|
17
|
17
|
15
|
5.4.4 Les solutions
proposées par les populations et les responsables des tradipraticiens
Tableau 4: Solutions proposées
|
Régions
|
|
|
|
|
||||
Solutions
|
Diffa
|
Dosso
|
Maradi
|
Tahoua
|
Zinder
|
||||
1. Réintroduction des espèces par plantation
ou semis direct dans les champs, maisons ou sous forme d’arboretum
2. Abondance des pluies ou disponibilité en
eau
3. Disponibilité des semences
4. Renforcement de la brigade forestière
5. Sensibilisation et formation des
populations
6. Gardiennage et entretien des plants
7. Interdiction d’abattage des arbres
8. Mise en place des pépinières villageoises
9. Mise en défens
10. Utilisation des ouvrages CES/DRS
11. Création des bois villageois
12. Entretien de la régénération naturelle
13. Promotion de la foresterie privée
14. Engagement de la population
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+
+
+
|
||||
Total
|
14
|
14
|
14
|
14
|
14
|
VI. Efforts entrepris pour
une tentative de solutions
6.1 La recherche
Du côté de la
recherche, des efforts ont été entrepris par la mise en place des technologies
dans le domaine de l’environnement pour minimiser les dégâts. Des techniques de
coupe, de défrichement amélioré et d’entretien de la régénération naturelle ont
été développées et vulgarisées dans toutes les régions du pays.
Pour ce qui concerne la disparition des espèces, et dans le souci de
répondre aux préoccupations du monde paysan, une collection vivante des espèces
ligneuses disparues et menacées de disparition sous forme d’arboreta a été
initiée dans certaines régions du pays. Deux arboreta sont installés pour le
moment, un arboretum à Konni (Région de Tahoua) et un autre à Niamey. A Konni,
il existe actuellement 29 différentes espèces au niveau de l’arboretum qui sont
plantées et entretenues pour le besoin de la postérité. Un suivi phénologique
et de comportement de ces espèces est en cours. L’objectif visé à travers cette
collection vivante est une conservation ex-situ d’un bon nombre d’espèces
locales dont l’importance en matière d’utilisation par les populations ne pose
aucun doute.
6.2 Le gouvernement
- sensibilisation: Le
gouvernement, à travers les services techniques et l’aide de certains projets et ONG, a depuis fort longtemps
entrepris des séances de sensibilisation et de formation
des populations; mais comme il a été évoqué ci-haut, la population n’a autre capital-ressources que ces ressources
naturelles pour assurer sa survie.
- rudiments
législatifs: Des textes réglementant l’utilisation des ressources naturelles existent mais leur applicabilité est
toute autre.
- approche
participative: Il est évident que pour assurer une bonne gestion des ressources naturelles, une approche
participative impliquant les populations locales sur tous les échelons est indispensable. Cela a été la règle
d’or pour la réussite de toutes activités.
- association des
tradipraticiens et des exploitants du bois du Niger: Ces deux associations ont reçu l’agrément
d’exercer et jouent un rôle indéniable dans la conservation
et la gestion du patrimoine ligneux au Niger.
- plantation en masse
des espèces ligneuses locales dans les champs, jardins, concessions, sites de récupération,
etc.. Cette tentative a gagné la confiance de la population qui la supporte avec brio.
VII. Quelques exemples des
plantes mystérieuses disparues au Niger
Certaines espèces
qualifiées de mystérieuses parce qu’elles guérissent presque toutes sortes de
maladies ont disparu. C’est le cas de Securidaca
longepidonculata et les strychnos sp.
Strychnos sp (Kwanarya en Hausa)
appartient au genre strychnos dont l’espèce nous a paru difficile à identifier.
Ces deux espèces ont disparu de toutes les zones visitées lors de l’enquête.
Ce sont des espèces d’après les paysans et les tradipraticiens qui
soignent beaucoup de maladies. La disparition de ces espèces est occasionnée
par la surexploitation à des fins médicinales. Toutes les parties de ces
espèces sont utilisées dans la pharmacopée traditionnelle.
Au cours de l’enquête, il nous a été souligné que pour trouver ces deux
espèces, les tradipraticiens sont obligés de franchir les frontières
nationales. Les populations sont prêtes à payer 1.000 FCFA(US$1.7) pour un
plant produit en pépinière de chacune de ces espèces pour les planter soit dans
leurs concessions ou dans leurs champs.
VIII. Enjeux
Les enjeux de la
disparition des espèces et la menace qui pèse sur d’autres est de taille et
peuvent se résumer comme suit:
1. La population ne sera pas en mesure d’assurer son approvisionnement
en médicaments traditionnels pour se soigner ou accomplir ces rites et autres
formes de vénération;
2. Le gouvernement qui a des difficultés à satisfaire les besoins d’un
pourcentage négligeable de la population totale se verra dans l’obligation de
redoubler d’efforts pour chercher à combler le vide créé par la diminution
d’approvisionnement en médicaments traditionnels occasionnée par la disparition
des espèces;
3. Les populations locales et les tradipraticiens seront obligés à
franchir les frontières nationales des pays voisins du sud pour se ravitailler.
Cette situation qui a d’ailleurs commencé avec les pays comme Nigeria, Bénin,
Burkina Faso et même Togo, Ghana, Côte d’Ivoire, Sierra Leone et Liberia
risquerait si l’on ne prend garde de susciter des réactions non seulement des
populations locales de ces pays mais aussi des gouvernements. C’est une forme
d’exploitation illégale qui est interdite par tous ces pays.
C’est donc un problème qui mérite l’attention de la communauté
internationale afin de contrecarrer d’éventuels conflits entre Etats.
IX. Conclusion
La disparition des espèces ligneuses médicinales au
Niger présente des enjeux sérieux sur non seulement la santé de la population
et le gouvernement mais aussi sur l’avenir de la médecine et la pharmacopée
traditionnelles. La situation est telle qu’il faille impliquer tous les acteurs
pour trouver des solutions urgentes. Cet état de fait dépasse la compétence
nationale même si des efforts importants sont entrain d’être faits. La
communauté internationale doit aider le gouvernement nigérien pour surmonter ce
problème.
Références bibliographiques
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CT/DB (1998): Evaluation de la diversité biologique du Niger. 79p.
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