Pages

“Many people praise and acknowledge the healing power of plants, but few people actually take action to prevent their extension by planting and conserving them for future generations.”

Saturday, 14 December 2013

Généralités sur les plantes médicinales et


Généralités  sur les plantes  médicinales  et 
la  médecine  traditionnelle  au Tchad  
Ali Mbodou Langa
SERADEV
BP 1166 Ndjamena
TCHAD


1 -                            INTRODUCTION

Ces dernières années, les plantes médicinales suscitent dans le monde entier un intérêt nouveau et persistant. Se plaçant dans la foulée des grandes idées écologiques de notre siècle, elles bénéficièrent du prestige de celles-ci et de l’attrait exercé par tout ce qui paraît naturel ou ancien. La pharmacologie a aussi bénéficié de ce retour à la nature. Elle a trouvé et continue encore de trouver dans l’étude des plantes médicinales une inspiration nouvelle, un réservoir inépuisable de matières premières et des modèles de structures moléculaires insoupçonnées jusque-là et pharmacodynamiquement actives.
La médecine traditionnelle à base des plantes médicinales reste encore vivace au Tchad où presque 75 – 80% de la population est rurale. Mais compte tenu d’un certain nombre de difficultés, son développement est très timide et ne suit pas le même élan que son utilisation par les communautés rurales. Avant de faire un tour des difficultés et des possibilités de la relance de ce secteur, il nous semble important de faire une brève présentation du pays (Tchad) et des actions menées jusque-là par l’ONG que nous représentons.

2 -                         BREF APERCU SUR LE TCHAD

Enclavé au cœur du continent africain, le Tchad s’étend sur une superficie de 1.284.000 Km². Il est situé entre le 8° et le 14° de longitude Ouest. Il est limité au Nord par la Libye, à l’Est par le Soudan, au Sud par la République Centrafricaine et à l’Ouest par le Cameroun, le Nigeria et le Niger. Sur le plan administratif, il est subdivisé en 14 préfectures. Du point de vue bioclimatique, le pays est subdivisé de façon simplifiée, en trois zones auxquelles sont inféodées des végétations bien caractéristiques. Ces zones sont :
w  au nord, la zone saharienne avec moins de 200 mm de pluies par an et une végétation de type xérophytique.
w  au centre, la zone sahélienne avec des précipitations annuelles variant entre 200 mm et 900 mm, et une végétation steppique bien adaptée à l’irrégularité inter-annuelle et inter-saisonnière de la région.
w  au sud, la zone soudanienne avec des précipitations atteignant les 1.200 mm/an et une végétation de type tropicale sèche riche en espèces.
Enfin, la population du Tchad est estimée, selon le recensement d’Avril 1996, à  6.762.315 habitants repartis entre 256 groupes ethniques. Le pays est au troisième rang des pays les plus pauvres de la planète avec un PIB par habitant de 151 Dollars.

3 -                         BREF APERCU SUR LE  SECADEV ET SES ACTIONS

Né dans une nécessité d’urgence, le Secours Catholique et Développement (SECADEV) est une ONG créée par le diocèse de N’Djaména pour apporter la participation de l’Eglise Catholique au développement dans la région du Tchad placée sous sa juridiction. Il s’agit en fait d’un territoire couvrant les huit préfectures des régions centrale et septentrionale du pays, de climat sahélien et désertique, regroupant plus de la moitié de la population. Le SECADEV c’est aussi cette ONG dans un pays où la division de ses fils a engendré des luttes sanglantes aggravées par les sécheresses cycliques et chroniques du Sahel. Aussi a-t-il fait de la  promotion de l’homme dans une lutte contre la pauvreté et le sous-développement son seul combat.
Avec sept cellules techniques (agriculture, hydraulique et bâtiment, écoles communautaires, santé, environnement, femme et développement, et élevage), le SECADEV travaille en milieu rural qui constitue le lieu privilégié de ses interventions. Huit projets de développement dans une région du Sahel allant du Lac Tchad à la frontière du Soudan s’adressent au monde des agriculteurs et des éleveurs. Il s’agit des projets de Karal, Bokoro et Bousso dans la préfecture du Chari Baguirmi ; Fitri et Oum-Hadjer dans le Batha ; Mongo dans le Guéra ; Guéréda dans le Biltine et Adré dans le Ouaddaï. Le milieu urbain n’est pas non plus négligé. Un neuvième projet couvre la capitale N’Djaména et sa périphérie.
Enfin en ce qui concerne les actions du SECADEV dans le domaine des plantes médicinales, il faut noter qu’elles se limitent juste à l’utilisation des thèmes relatifs à celles-ci dans l’animation/sensibilisation à la protection de l’environnement et de la biodiversité.

4 -                        LES OBSTACTLES DU DEVELOPPEMENT DES PLANTES MEDICINALES ET DE LA MEDECINE TRADITIONNELLE AU TCHAD

Contrairement à certaines nations qui consacrent aujourd’hui des budgets relativement important à l’exploration scientifique de leurs traditions médicinales, au Tchad, un simple inventaire du patrimoine en plantes médicinales n’a pas encore vu le jour. Cet état des choses est dû à plusieurs sortes de difficultés, dont nous énumérons quelques unes ci-dessous.
w  Difficultés socioculturelles et religieuses
-          l’éthique traditionnelle de transmission de la connaissance, basée sur l’apprentissage, l’initiation et l’oralité, fait de la médecine traditionnelle un domaine de connaissance ésotérique et mystique pour les non-initiés.
-          le scepticisme et l’esprit de supériorité des praticiens de la médecine moderne d’une part et la méfiance du tradipraticien de santé et son refuge dans la clandestinité d’autre part, favorisent le charlatanisme et rendent difficile toute collaboration.
-          Le manque de considération pour les connaissances autres que celles acquises dans une école occidentale constitue également un obstacle.
-          Enfin, il faut noter le comportement de certains religieux qui considèrent la médecine traditionnelle comme une pratique animiste ou de la sorcellerie qu’il faut toujours combattre.

w  Difficultés politico-administratives
Parmi ce type de difficultés, on peut citer :
-          L’inexistence d’une législation nationale en faveur de la médecine traditionnelle ;
-          L’insuffisance d’un engagement politique concret en faveur du développement de la médecine traditionnelle ;
-          L’inexistence d’une organisation de la profession des tradipraticiens de santé et d’un cadre juridique approprié pour son exercice.
w  Difficultés techniques, financières et de ressources humaines
-          Insuffisance d’institutions de recherche sur la médecine traditionnelle disposant de moyens matériels et financiers adéquats ;
-          Absence d’une masse critique de personnel qualifié pour mener les recherches ;
-          Non respect par certains tradipraticiens de santé de la limite de leurs compétences, conduisant au charlatanisme et au discrédit de la médecine traditionnelle.

5 -                         LES POSSIBILITES DE LA PROMOTION DES PLANTES MEDICINALES ET DE LA MEDECINE TRADITIONNELLE AU TCHAD

En marge des difficultés énumérées ci-dessus, il existe toutefois quelques possibilités pour promouvoir les plantes médicinales et la médecine traditionnelle au Tchad. Ces possibilités sont :
-          les dialogues constants qui commencent à s’installer entre hommes d’église, praticiens de la médecine traditionnelle et hommes de sciences, pour discuter des plantes médicinales et de la médecine traditionnelle ;
-          sur le plan politique, l’exercice de la médecine traditionnelle ainsi que toutes les activités visant une meilleure exploitation de ce secteur sont formellement encouragés et ceci à tous les niveaux. Actuellement, la promotion de la médecine traditionnelle fait partie des programmes du ministère de la santé publique tchadien, qui prévoit chaque année un budget de conséquence.
-          Sur le plan organisationnel, il n’existe pas une législation nationale de la médecine traditionnelle. Néanmoins, les autorités administratives tchadiennes n’hésitent pas à encourager tout ce qui concourt dans le sens de la promotion du secteur. Le Centre d’Elaboration des Médicaments Traditionnels Améliorés (CEMTAS) de Mr. Oursingbé Ignaton Jean Claude peut être cité comme exemple. Ces conditions favorables sont également prouvées par les actions tangibles suivantes :
w  le ministère de santé au Tchad reconnaît et encourage l’existence de la médecine traditionnelle ;
w  la création au sein de la faculté des sciences de la santé d’une Cellule d’Etude et de Recherche en Pharmacopée et Médecine Traditionnelle (CERPHAMET) ;
w  l’organisation de plusieurs séminaires et ateliers par la Direction de la Recherche Scientifique et Technique, sur la pharmacopée et la médecine traditionnelle.
 
 

6 -                        LISTE DES QUELQUES PLANTES DE LA PHARMACOPEE TRADITIONNELLE TCHADIENNE

La liste présentée ci-dessous n’est pas exhaustive. Elle énumère quelques plantes d’utilisation courante de la pharmacopée traditionnelle au Tchad, avec leur nom vernaculaire en arabe, français ou ngambaye.
Noms latins
Noms vernaculaires
Noms latins
Noms vernaculaires
Alium sativum
Acacia nilotica
Anogeissus leiocarpus
Adansonia digitata
Balanites aegyptiaca
Carica papaya
Chrysanthelum indicum
Eupphorbia hirta
Gardiena ternifolia
Hybiscus sabdariffa
Sclerocaria birrea
Zea mais
Ail, Toum
Garat
Sahaba
Kalakouka
Hidjilidj
Papaye
Jarmajaïn
Habil
Bodo ign
Maaji-kosso
Iri-ngand-ngan
Himed
Maçar
Acacia polyacantha
Acacia albida
Acacia sieberiana
Azadirachta indica
Butyrospermum parkii
Citrus limonum
Capparis decidua
Dichrostachys cinerea
Grewia villosa
Guiera senegalensis
Manguifera indica
Tamarindus indica
Ziziphus sp.
Amsinéné
Haraz
Kouk
Neem
Karité
Lemoun
Toumtoum
Kadat
Nga-nguina
Kam-ndaa
Mongo
Ardeb
Corno
 

7 -                  CONCLUSION

Le domaine des plantes médicinales et de la médecine traditionnelle au Tchad est jusque-là vierge et inexploré. Un grand travail d’investigation reste à faire. L’état, les ONG, les hommes de sciences et les tradipraticiens sont tous conscients des efforts à entreprendre pour mieux connaître et exploiter cette ressource. Cependant, le programme d’ajustement structurel et les restrictions budgétaires qu’il engendre au niveau de l’état, les difficultés que les ONG et chercheurs rencontrent pour avoir des financements ne permettent pas actuellement d’entreprendre quelque chose dans l’immédiat. Mais nous espérons que cet atelier nous permettra d’avoir les éléments de base nécessaires à la mise en route d’une exploration adéquate de cette ressource.


 

No comments:

Post a Comment

Recent Posts

Traditional healing

Traditional healing

Medicinal trees

Medicinal trees

grain.org - english

Biodiversity Policy & Practice - Daily RSS Feed

Rainforest Portal RSS News Feed

What's New on the Biosafety Protocol

Rainforest Portal RSS News Feed