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“Many people praise and acknowledge the healing power of plants, but few people actually take action to prevent their extension by planting and conserving them for future generations.”

Thursday, 12 December 2013


Plantes Médicinales et  Communautés Locales  en Afrique :

Cas  de  la République Démocratique du Congo.

par

Jean – Louis MUMPONO MISIAKILA

C.R.P.M/O.N.G.D

Centre de Recherche et de Traitement Phytothérapeutique MUMPONO

Av. LOBO N°9 Bis/MAKALA

C/O CEPROSOC Tél. 71756

B.P. 2031 KINSHASA XXI

REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO

Mai 1999

1.                 INTRODUCTION


Soucieux de la façon dont l’Afrique noire en général et la République Démocratique du Congo en particulier peinent sous divers maux ; politique, économique, sanitaire, avec des épidémies d’Ebola et autres, malnutrition, insuffisance des médicaments sur le marché, etc. ; nous apportons notre contribution à cette conférence dont le résultat profitera à la population de la République Démocratique du Congo comme de l’Afrique tout entière sur le plan sanitaire.

Considérant l’usage des plantes médicinales comme un signe d’aliénation, le kinois préfère importer des médicaments. Les quelques chercheurs, phytothérapeutes et tradipraticiens qui s‘évertuent dans ce domaine se voient incapables d’en couvrir toute la dimension. Pourquoi ne pas exploiter à bon escient cette richesse de la biodiversité et des essences médicinales des savanes et forêts africaines pour les besoins sanitaires et/ou alimentaires par exemple ? Conscients de cette crise, quelle panacée pour la combattre ? C’est là le sujet de notre conférence en nous basant sur notre expérience sur terrain en phytothérapie.

Dans notre exposé, nous présentons la problématique, l’état de la question en soulevant les enjeux, les perspectives des plantes médicinales et de la phytothérapie en République Démocratique du Congo, particulièrement à Kinshasa. Notre article sur l’asthme, nos deux projets, la liste des plantes médicinales et celle des acteurs dans notre pays sont annexés.

2.               PROBLEMATIQUE : APERCU ET CONTEXTE DE LA SITUATION SANITAIRE EN REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO


La crise multiforme que connaît notre pays en général et la ville de Kinshasa en particulier l’a conduit à un délabrement profond de la couverture socio-économico-politico-sanitaire. En effet, nous ne pouvons citer que le manque d’infrastructures sociales et économiques, l’absence d’une politique d’urbanisme, le taux élevé d’analphabétisme, le coût exagéré des soins médicaux, etc.

La population de la République Démocratique du Congo qui est d’environ 60 millions d’habitants souffre et meurt en grand nombre, malgré 306 zones de santé, dont 22 zones à Kinshasa pour près de 6 millions d’habitants.

Les couches démunies, compte tenu de la distance les séparant des centres de santé modernes et du coût élevé des soins médicaux, préfèrent soit se soigner à base des plantes, soit rester dans leurs cases sans recevoir aucun soin. C’est ainsi que certaines ONGD et ASBL volent au secours de ces populations. Elles réduisent la distance entre population et centres de santé en implantant de petites antennes de santé.

La plupart de ces centres de santé pratiquent le traitement à base de plantes médicinales pour faciliter à toutes les bourses l’accès aux soins médicaux. D’où 697 tradipraticiens, guérisseurs et herboristes en République Démocratique du Congo dont 154 à Kinshasa. Certains hommes de sciences s’orientent dans la mise au point de phytomédicaments naturels. C’est aussi l’objectif principal du Centre de Recherche et de Traitement Phytothérapeutiques MUMPONO, CRPM en sigle, que nous présentons en détail.

La référence aux connaissances traditionnelles en combinaison avec les atouts scientifiques aide à la préparation de bons phytomédicament, à leur administration aux patients et à l’évaluation mensuelle des résultats.

La réalisation de cet exposé nous a exigé d’entrer en contact avec certains ministères et institutions, et de recenser les acteurs de la médecine traditionnelle et de la phytothérapie en République Démocratique du Congo en général et à Kinshasa en particulier par des enquêtes participatives.

3.               ETAT DE LA QUESTION


Réflexion sur les éléments, enjeux et perspectives des plantes médicinales et de la phytothérapie en République Démocratique du Congo, particulièrement à Kinshasa.

3.1           Les Plantes Médicinales

Il est indubitable que la République Démocratique du Congo en général et Kinshasa en particulier, surtout en ses périphéries, renferme une importante biodiversité et une richesse floristique incontestable en matière d’essences médicinales (voir liste en annexe). Ces richesses ne sont pas exploitées à bon escient et sont, par contre, détruites abusivement par des incendies, des feux de brousse, le déboisement, etc.

La pratique de soins à base des plantes n’est pas inconnue en République Démocratique du Congo, mais elle est confrontée à plusieurs difficultés. Malgré cela, certaines personnes s’efforcent d’améliorer la santé de la population par des soins phytothérapeutiques.

3.2         LES ACTEURS DE LA PHYTOTHERAPIE EN REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO ET A KINSHASA

Ces acteurs sont à classer en deux groupes dont la liste est en annexe.

3.2.1    Les Hommes de la Médecine Traditionnelle Proprement Dite :

Il s’agit :

w  Des vendeurs des essences médicinales sur les marchés, aux coins des rues et dans les quartiers ;

w  Des guérisseurs : ceux de nos sociétés traditionnelles qui utilisent soit des plantes médicinales, soit des produits pharmaceutiques pour traiter certaines pathologies humaines ;

w  Des spiritualistes : ils utilisent des prières avec diverses incantations et des plantes médicinales pour soigner leurs patients ;

w  Des marabouts : ceux-ci utilisent des plantes médicinales, s’habillent en rouge, portent des plumes d’oiseaux, des peaux d’animaux, des vêtements en raphia, se masquent le visage lors de l’exercice de leur métier. Il y a à ce niveau beaucoup de charlatans. Ce son des femmes qui sont les mieux indiquées en cette matière.

w  Des tradipraticiens : ceux qui réalisent la pratique de soins à base de plantes en ne se référant qu’à leur tradition, à leur ethnobotanique et à leur culture ;

w  Des herboristes : cette catégorie utilise des connaissances traditionnelles associées aux connaissances scientifiques pour l’exercice de leur métier de soins à base de plantes, pour le diagnostic par exemple.

Ces gens travaillent souvent individuellement et n’aiment pas se fier au monde extérieur et surtout aux hommes de sciences, car disent-ils, « les hommes de sciences nous dépouillent de nos richesses pour s’enrichir tandis que nous restons pauvres ». S’ils veulent s’associer, c’est seulement avec les membres de leur famille ou clan. C’est leur façon de conserver leur patrimoine culturel, ethnique et ethnobotanique.

3.2.2   Les Hommes de Sciences :

Ils sont de deux catégories :

a -              Ceux qui ne font que des recherches sur les plantes médicinales sans forcément administrer des soins à base des plantes. Généralement, ils publient le résultat de leurs recherches dans les annales. Nous pouvons citer des biologistes, chimistes, agronomes, médecins, anthropologues, pharmaciens, etc.

b -              Ceux qui font des recherches sur les plantes médicinales et sur les maladies et exercent effectivement les soins à base des plantes dont les principes actifs ou les propriétés thérapeutiques sont connus. Ce sont des biologistes, chimistes, pharmaciens spécialisés en phytothérapie, donc des phytothérapeutes, c’est à dire des personnes présentant des connaissances suffisantes dans la compréhension de la flore, du corps humain, de sa pathologie, dans l’analyse qualitative et quantitative des essences végétales et qui appliquent ces connaissances dans les soins à base de plantes.

Les phytothérapeutes définissent la phytothérapie comme une nouvelle science pluridisciplinaire qui consiste en des pratiques très anciennes de soins à base de plantes naturelles, combinant des techniques scientifiques appropriées pour le diagnostic et des connaissances approfondies en analyse des essences végétales surtout médicinales et des pathologies à soigner. La phytothérapie est donc charnière entre la médecine traditionnelle et la médecine moderne.

Un phytothérapeute est en mesure de mettre sur le marché des phytomédicaments naturels ou synthétiques, à condition de les faire expertiser par un pharmacien spécialiste en la matière. Les hommes de sciences s’associent le plus souvent en département ou en faculté selon les besoins de leur recherche.

3.3         Les Phytomédicaments et l’Evaluation de leur Efficacité :

3.3.1    Préparation :

Les essences médicinales soit récoltées en pleine ville de Kinshasa ; des herbacés ordinaires à l’instar du Sida accuta ; soit achetées auprès des vendeurs des plantes médicinales aux marchés ou à certains coins de rues ; des essences arboricoles ou savaricoles comme Newboulia leavis ; sont préparées par ceux qui les exploitent selon différentes techniques.

Les unes sont préparées fraîches par décoction, macération et infusion pour obtenir des médicaments en suspension et en sirop. Les autres sont séchées, pilées, tamisées et les cendres obtenues constituent le médicament. Des suppositoires, des comprimés et des ovules sont aussi réalisés à base de cendres. Parfois, certaines feuilles, tiges, racines sont consommées crues pour guérir certains cas comme les maux de ventre et la faiblesse sexuelle.

Ces phytomédicaments sont vendus sur nos marchés. Les uns d’une façon purement traditionnelle, les autres – ceux des hommes de sciences surtout – sont mis en pharmacotechnie par de spécialistes et sont déposés dans des officines, pharmacies, polycliniques et hôpitaux. Ce sont des médicaments comme le Licaasthme, le Likadia, l’Akatonic, le Manalaria, le Manadiar, le Likaforce, le Likahemorroïde, etc.

3.3.2   Evaluation de l'Efficacité :

Les acteurs de la phytothérapie et de la médecine traditionnelle suivent l’évolution des maladies traitées, partant de la durée de la cure et de la quantité prise. Si le sujet guérissait endéans de 3 à 7 jours par exemple avec une prise de 50 à 70 Cl, nous estimons que ce médicament est efficace contre telle maladie.

Parfois nous confirmons l’efficacité des phytomédicaments naturels en analysant les plantes médicinales au laboratoire. Nous déterminons leurs principes actifs médicinaux. Nous comparons ces principes actifs aux actions et effets des médicaments synthétiques se trouvant déjà sur le marché. Nous classons ainsi les phytomédicaments selon leurs actions thérapeutiques.

Prenons le cas du Bactrim, un antibiotique renfermant du sulfamide. Il est utilisé contre les maladies infectieuses dites à « action-retard ». Nous cherchons des plantes qui renferment du sulfamide soit en laboratoire, soit dans les bibliothèques. Avec ces plantes, nous soignons les MST (maladies sexuellement transmissibles). C’est le cas des plantes comme le Newbouldia leavis, Nauclea latifolia, … Sachant aussi qu’il y a des sulfamides hypoglycémiantes, capables de diminuer le taux de glycémie dans l’organisme et nos plantes étant naturelles, nous supposons qu’elles renferment aussi des dérivées sulfamidées susceptibles de soigner d’autres cas comme le diabète.

Ainsi, pour soigner un patient, nous exigeons un diagnostic valable de laboratoire, d’échographie, de radiographie ou autre. Nos cures sont généralement de 3 à 7 jours dont les prises dépendent des types de médicaments. Pour les suspensions et sirops, nous administrons 2 à 3 c à s x 2/jr pour adulte ; 1 à 2 c à c x 2/jr pour enfant ; ½ à 1 c à c x 2/jr pour le nourrisson. C’est précisément le travail du C.R.P.M. Les Phytothérapeutes de ce centre sont spécialisés en soins des maladies liées au système respiratoire et aux problèmes gynécologiques.

3.3.3   Suivi des Malades

Les patients sont consignés dans les registres et, après chaque mois, nous réalisons les statistiques des cas reçus, des pathologies traitées, des résultats obtenus : succès, transfert aux centres modernes, décès. De la sorte, nous confirmons et infirmons l’efficacité de nos phytomédicaments naturels.

3.4         La Médecine Traditionnelle et la Phytothérapie :

En République Démocratique du Congo, particulièrement à Kinshasa, la médecine traditionnelle et la phytothérapie  résolvent beaucoup de problèmes sanitaires. Mais voyant à quel point elles sont négligées, peu de gens s’y intéressent à plein temps. La population ne comprend pas vraiment son importance, voyant surtout que le phytothérapeute est lui-même négligé dans la société, menant une vie misérable, considéré comme un vaurien, un féticheur ou un sorcier! C’est ainsi qu’il n’y a pas de cadres vraiment formés en phytothérapie. Cependant, certains chimistes et biologistes essayent d’élaborer un programme de formation de cadres scientifiques en phytothérapie.

3.5          La Place de la Médecine Traditionnelle et de la Phytothérapie Face à la Médecine Moderne :

Il convient de rappeler la vraie définition de la médecine selon l’O.M.S. : la médecine est l’ensemble des connaissances scientifiques et des moyens de tous ordres mis en œuvre pour la prévention, la guérison ou le soulagement des maladies, blessures ou infirmités. Tandis que la phytothérapie est cette nouvelle science pluridisciplinaire qui consiste en des pratiques très anciennes de soins à base de plantes naturelles, combinant des techniques scientifiques appropriées pour le diagnostic et des connaissances approfondies en analyse des pathologies humaines et des essences médicinales.

Il ressort clairement que ces deux sciences concourent au même objectif, celui de soulager, guérir ou prévenir des maladies, blessures ou infirmités. En effet, il n’y a qu’une seule médecine avec différents nursings adaptés en chaque coin du globe. Normalement une collaboration étroite devrait s’établir entre les agents de la médecine moderne et ceux de la médecine traditionnelle et de la phytothérapie ; cette collaboration devrait en effet s’installer dans le domaine d’élaboration du diagnostic.

En fait, nous remarquons petit à petit que certains médecins commencent à travailler ensemble avec des tradipraticiens et phytothérapeutes ; comme le fait le Dr MALIKWISHIA/CMSS en envoyant certains patients au CRPM ; mais dans l’ensemble, le courant ne passe pas. Il faut absolument qu’un dialogue s’installe pour bien aider la population. Il serait souhaitable qu’après un diagnostic valable, si médecin décide en toute franchise qu’il ne peut pas trouver des solutions dans tel ou tel cas et s’il connaît un tradipraticien ou un phytothérapeute, qu’il envoie le patient chez ce dernier, au lieu de s’y opposer. Il y a des cas bien connus par tous qui peuvent trouver des solutions par le traitement phytothérapeute,  sans intervention chirurgicale. Citons les cas de masse myomateuse, obstruction tubaire des trompes, fibrome et masse folliculaire des ovaires. Ce sont des maladies qui existaient déjà du temps de nos ancêtres et qui étaient traitées traditionnellement.

Par ailleurs, les phytomédicaments étant riches en principes actifs médicinaux et nutritifs, une fois que le médicament est bien préparé, le patient sous cure augmente en même temps son poids. Par contre, les médicaments synthétiques sont d’abord appauvris en principes actifs puis intoxiqués lors des préparations. Les phytomédicaments présentent donc une meilleure tolérance que les médicaments synthétiques.

3.6         La Législation sur la Phytothérapie :

Les quelques archives rencontrées au Ministère de la Santé de notre pays ne précisent pas clairement une législation en la matière. Ils démontrent seulement ceux qui doivent exploiter les essences médicinales en République Démocratique du Congo. Ceci montre à suffisance à quel point ce domaine a été négligé. Il faut néanmoins que le Gouvernement, compte tenu des réalités sur terrain, arrête un programme de formation en phytothérapie.

3.7          La Stratégie pour Promouvoir la Médecine Traditionnelle et Phytothérapie en République Démocratique du Congo :

Il serait intéressant que l’O.M.S. ou notre Etat puisse :

w  établir une législation concernant la médecine traditionnelle et phytothérapie;

w  fournir des équipements aux instituts s’occupant de l’analyse des plantes médicinales ;

w  établir des conditions favorables de travail pour les agents de la phytothérapie et de la médecine traditionnelle ;

w  faire confiance aux phytomédicaments ;

w  établir l’équilibre entre ceux qui soignent à l’aide des plantes et les médecins modernes;

w  former des cadres en phytothérapie ;

w  instaurer le dialogue entre médecins modernes et acteurs de la phytothérapie et de la médecine traditionnelle ;

w  organiser dans des hôpitaux des services incitant phytothérapeutes, tradipraticiens et médecins modernes à travailler ensemble;

w  créer une ONGD semblable à l’ordre des médecins regroupant tous ceux qui utilisent les plantes pour les soins.

4.               EXPERIENCES


Compte tenu des crises socio-économiques et politiques en République Démocratique du Congo, certaines initiatives locales tant au niveau de la recherche participative qu’individuelle commencent à émerger vers la formation d’ONGDs ; nous pouvons citer:

4.1           L’institut Supérieur Congolais de Développement (ISCED) dans la Commune de Lemba, pour Former des Cadres en Sciences de Santé :

L’ISCED a tenté depuis cinq ans de former des cadres scientifiques en phytothérapie, mais avait fermé cette option par manque de formateurs en la matière. Aujourd’hui, il veut la confier au CRPM, qui dispose de trois phytothérapeutes spécialisés en maladies liées au système respiratoire et  gynécologique. Il s’agit d’une infirmière A1 en sciences hospitalières, d’un médecin généraliste et d’un biologiste–chimiste.

4.2         Présentation du CRPM :

Le Centre de Recherche et de traitement phytothérapeutique MUMPONO, CRPM en sigle, est l’initiative de M. Jean-Louis MUMPONO MISIAKILA, Biologiste–Chimiste de l’Institut Supérieur Pédagogique de Kikwit, Philosophe et Théologien Catholique. Préoccupé de voir les gens souffrir et mourir par manque de moyens financiers pour l’hospitalisation, il a eu l’initiative d’exploiter les plantes médicinales, comme le faisait sa mère de temps en temps. Il a rationalisé le domaine et veut le vulgariser en formant des cadres scientifiques.

4.2.1    Objectifs du CRPM:

w  Promouvoir et valoriser le traitement à base de plantes (la phytothérapie) ;

w  Participer activement à l’amélioration de la santé de la population de son rayon d’action ;

w  Rationaliser et vulgariser la phytothérapie ;

w  Instaurer la formation des cadres scientifiques en phytothérapie ;

w  Produire sur place certains médicaments phytothérapeutiques ;

w  Cultiver et protéger certaines essences médicinales généralement utilisées dans la région.

4.2.2   Le CRPM a Trois Domaines d’Intervention :

w  La santé communautaire : Le CRPM administre des soins phytothérapeutiques à la population de Makala et se spécialise dans les maladies liées au système respiratoire (asthme, bronchite, toux, pneumonie, …) soignées en moins de 5 jours (l’asthme fera l’objet d’un article à part); aux problèmes gynécologiques (kystes des ovaires, masse myomateuse, fibrome, destruction tubaire des trompes) dont le soin dure 7 jours.

w  La recherche scientifique : Le CRPM cherche à connaître les grands groupes de principes actifs des plantes médicinales soit en laboratoire, soit dans les bibliothèques. Avec ces principes, il réalise des phytomédicaments à l’instar du LICAASTHME, un excellent antiasthmatique naturel dont le dossier de mise sur le marché est auprès du Ministère de la Santé.

w  L’enseignement : Il ouvre ses portes à quiconque veut comprendre et apprendre les techniques de la phytothérapie, science qui reste jusqu’à nos jours dans les tiroirs de nos traditions. Aussi organise-t-il des sessions, conférences, séminaires sur la phytothérapie afin que le guérisseur, le tradipraticien et la population puissent se prendre en charge du point de vue sanitaire et se faire soigner à peu de frais à base de plantes.

4.2.3   Le Résultat :

Depuis 10 ans, le CRPM a un écho favorable sur ses soins phytothérapeutes. Il reçoit en moyenne 1.200 patients par an. Il accueille aussi beaucoup d’étudiants, principalement de l’Université de Kinshasa, pour leurs recherches sur certaines maladies. A titre d’exemple, pour l’exercice académique 1998 – 1999, une étudiante présente dans notre centre un Mémoire sur les soins phytothérapeutiques contre l’asthme.

4.2.4   Difficultés :

Malgré son utilité évidente, le CRPM n’a jamais bénéficié d’un appui extérieur. Il ne survit que grâce aux cotisations de ses membres et des fruits de ses services. Il loue tout :

        Un laboratoire d’analyse ;

        Un laboratoire de diagnostic ;

        Un bâtiment et une bibliothèque.

Le Centre rencontre beaucoup de difficultés pour le déplacement du centre ville de Kinshasa vers la périphérie (située à plus de 100 km) pour se ravitailler en essences médicinales. Il connaît  aussi des problèmes de communication.

4.2.5   Partenaires :

w  Université de Kinshasa : pour les analyses des plantes ;

w  Centre de Recherche Pharmaceutique de Luozi : pour les conseils et formation des cadres ;

w  Centre de santé pour tous : le CRPM y dépose ses phytomédicaments afin de suivre l’évolution des patients ;

w  Institut National de Recherche en Sciences de la Santé : pour la documentation.

5.                CONCLUSION


Eu égard à tout ce qui vient d’être dit, l’Afrique noire en général et la République Démocratique du Congo, particulièrement les périphéries de la ville de Kinshasa, renferment d’énormes richesses floristiques en essences médicinales. Elle a par conséquent une importante biodiversité.  Cependant la ville de Kinshasa vit une situation déplorable. En matière de santé, malgré 306 zones de santé et 720 praticiens de soins à base de plantes médicinales en République Démocratique du Congo ; le constat est malheureux. Cela est dû à plusieurs paramètres dont le délabrement de la couverture socio-économico-politique ainsi que la négligence de la phytothérapie et de la médecine traditionnelle.

Aujourd’hui avec le courant de l’auto–prise en charge, certaines initiatives locales se font remarquer en évoluant vers les ONGD pour relever cette situation. Le cas le plus éminent est celui de l’ONGD Centre de Recherche et de Traitement Phytothérapeutiques MUMPONO (CRPM), dont l’authenticité se distingue dans les efforts fournis pour étudier certaines essences médicinales, déterminer leurs principes actifs médicinaux, comparer ces principes actifs aux actions thérapeutiques des médicaments synthétiques se trouvant sur le marché, réaliser ensuite des phytomédicaments naturels et assurer les soins phytothérapeutiques aux patients, conformément aux principes pharmaceutiques. A titre d’exemple, il a mis au point un excellent antiasthmatique naturel dont la conservation est de trois ans. C’est un sirop adulte et enfant.

En réalité, bien que ces initiatives soient d’une grande utilité pour notre pays, elles sont abandonnées à elles-mêmes. Il est absolument nécessaire que les organismes nationaux et internationaux comprennent les philosophies des ONGD et ASBL pour alléger la souffrance des populations locales. Il est souhaitable que la biodiversité, la médecine traditionnelle et la phytothérapie prennent une place de choix dans les programmes visant à couvrir les besoins en soins de santé de la population kinoise par des phytomédicaments naturels. Le corps humain étant naturel, il a plus besoin d’éléments nutritifs naturels que synthétiques pour son développement et sa croissance.  Il convient cependant de comprendre la vraie définition de la médecine, celle donnée par l’O.M.S. pour qu’un dialogue s’installe entre les différents agents de la santé : médecin–infirmier–phytothérapeute–tradipraticien. L’antagonisme est une arme de destruction qui étouffe la science quand l’objectif est le même.

Sans discrimination dans le secteur de la santé, établir une législation appropriée en phytothérapie, équiper les laboratoires des centres de recherches (publics comme privés) d’analyse des plantes et de diagnostics, fournir des informations jusqu’à la base de la population, favoriser la communication entre les agents de la santé, exploiter à bon escient la biodiversité et les essences médicinales ; sont des attitudes qui entraîneront l’épanouissement de la médecine, en Afrique en général et en République Démocratique du Congo en particulier.

 

Fait à Kinshasa, le 20 mai 1999

 

Jean – Louis MUMPONO MISIAKILA

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